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Les Contre-Victoires de la Musique 2024


Collectif, le 17/02/2025

La prestation enflammée de Gojira devant des millions de téléspectateurs lors de la cérémonie d’ouverture des JO a clairement ravivé une lueur d’espoir auprès des mélomanes : et si les musiques saturées – et plus largement tous les styles en marge des standards mainstream – trouvaient enfin leur place dans les médias grand public français ? La 40ème édition des Victoires de la Musique, diffusée vendredi soir sur France TV, a rapidement dissipé toute illusion… Car oui, en ce soir de Saint-Valentin, nous avons regardé cet évènement censé récompenser le meilleur de la scène musicale hexagonale. Et autant être honnête : la soirée fut longue, très longue. Des discours de remerciements à rallonge, des interventions gênantes (Gad Elmaleh, de moins en moins drôle avec l’âge, affichant sans filtre son ennui, au grand désarroi des animateurs), et une mise en scène poussive tentant d’apporter un semblant d’identité à cette mascarade.

 

Absolument rien de neuf au niveau du format de l’émission : on reste figé dans un carcan institutionnel où la musique semble reléguée au second plan. La palme revenant aux animateurs, à commencer par Léa Salamé, véritable couteau suisse de France TV, qui passe des plateaux politiques aux grandes messes culturelles avec la même neutralité millimétrée… On parle de musique comme on s'extasierait devant une construction en allumettes.

 

Bref, ces Victoires 2025 n’ont fait que recycler la recette des années précédentes. Zaho de Sagazan, qui avait déjà tout raflé l’an dernier, est sacrée artiste féminine de l’année. Gims – qui a perdu le rang de Maître – ajoute un trophée de plus à sa collection. Et sans surprise, Pierre Garnier, tout droit sorti de la Star Academy, décroche le titre de révélation de l’année. Ajoutez à cela, quelques invités d’honneur que l'on aura au préalable sorti de leur cryogénie - Sylvie Vartan, Alain Chamfort et Eddy Mitchell – et la boucle est bouclée.

 

Finalement, le moment le plus "rock" de la soirée fut certainement le "Foule Sentimentale" d’Alain Souchon en ouverture de soirée, où l’on apercevait – attention, frissons – deux guitares à l’image. C’est dire. Même le rap, qui avait pourtant gagné en visibilité lors des précédentes éditions, s'est retrouvé relégué au second plan.

 

Si notre objectif n’est absolument pas de dénigrer les artistes qui ont défilé durant cette soirée, il nous semble important de rappeler que la scène musicale française est loin de se limiter à de la variété, de la pop calibrée ou du hip-hop boosté à l’autotune.

 

Les musiques saturées, elles, se portent à merveille. Si 2023 avait déjà été un grand cru, 2024 n’a clairement pas à rougir de la comparaison, tant du côté du rock que du metal. Les nouvelles formations talentueuses foisonnent, repoussant sans cesse les limites de notre musique de cœur par leur audace et leur volonté de s’affranchir de toute barrière stylistique. Il devient d’ailleurs de plus en plus difficile de catégoriser nos lauréats tant les genres s’entrelacent : la frontière entre rock et metal s’estompe, des styles naguère confidentiels comme le stoner ou le post-punk connaissent un essor fulgurant, et les musiques extrêmes continuent de surprendre par la richesse émotionnelle qu’elles véhiculent.

 

Ces Contre-Victoires de la Musique - version Albumrock - s’inscrivent donc dans une démarche passionnée, avec un seul objectif : partager et faire découvrir une scène locale qui subsiste malgré les décennies qui passent et qui n’attend qu’un petit coup de projecteur pour briller à nouveau.

 

Lauréats

L'album de l'année


Slift - Ilion :


Le plus prometteur des groupes français de stoner psychédélique était attendu au tournant au moment de sortir son deuxième opus, successeur au très apprécié Ummon (2020). Pari relevé et remporté, tant les Toulousains offrent à nouveau un album remarquable, brillamment défendu sur scène un peu plus tard dans l'année. Si l'album est très long, c'est surtout parce que les pièces s'étendent sur de nombreuses minutes sans tomber dans le piège, risqué pour qui s'adonne à ce genre musical, du ronronnement interminable. Ainsi, les excellents "Ilion" ou "The Words That Have Never Been Heard", offrent des digressions subtiles et progressives, enrichies par les sons analogiques qui agrémentent l'opus. Incontournable. 


 

Le meilleur du Rock


Lysistrata - Veil Malgré sa durée express comparée à ses deux prédécesseurs, cette troisième production studio a su ouvrir avec brio un nouveau chapitre dans la carrière artistique des Lysistrata. On savait déjà nos trois gars de Saintes capables de grand écarts stylistiques (se référer à PARK), Veil incorpore ici à sa solide base noise / post-hardcore toujours présente une dimension bien plus mélodique. C'est tout logiquement entre arpèges aérien et harmonie que la voix posée de Ben Amos Cooper se glisse à la perfection ("Okay", "Livin it Up"), l'intéressé n'hésitant tout de même pas à donner de la voix lorsque l'atmosphère d'y prête ("Acid to the Burn", "Trouble Don’t Last").


Ko Ko Mo - Striped : Après les couleurs criardes de Need Some Mo', le duo nantais Ko Ko Mo revient cette fois en noir et blanc avec toute sa fougue sur un album survolté qui empile une nouvelle fois dès son introduction des riffs nerveux, accrocheurs et dansants ("All The Way" et "Zebra", irrésistibles dans ce registre). Plus diversifié que son prédécesseur, qui brillait déjà avec un morceau monolithique et sabathien en diable ("Non Essential Man"), Striped emmène également l'auditeur du côté de la ballade folk légère ("Bottle For Two"), de l'électro-rock tapageur ("Don't Let Me Go") et hypnotise une nouvelle fois par la lourdeur ténébreuse de "Wheels of Fire", vénéneux et envoûtant. Frais et spontané sans être révolutionnaire, le cocktail est bigrement efficace et ce nouvel album des Français, taillé pour le live, leur permet de passer un palier tout en apportant une preuve supplémentaire de la vitalité du rock dans l'hexagone.


Red Pill – EP Common Sense Le premier EP de Red Pill revisite un classic rock couillu, composé avec un joli savoir-faire et interprété avec puissance, justesse et orthodoxie. Réunissant des musiciens d’horizons divers, le groupe est basé en Alsace, ce qui démontre à quel point la Route 66 du Grand Est peut être inspirante. Red Pill propose quatre titres magnifiques avec, en guise d’excellente conclusion provisoire, "Unwanted Guest", qui évoque, dans une approche surprenante d’intelligence et d’humanité, la maladie et le cortège de désespoirs qu’elle peut inspirer. Il reste à croiser les doigts pour le quintet dépasse le format frustrant de l’extended-play  pour nous proposer un "grand" album digne de ce premier effort remarquable. To Be Continued...


 

Le meilleur du Rock Progressif


Gabriel Keller - Hope Despite Everything : Gabriel Keller livre un second concept-album poignant, témoignant de la barbarie des conflits, de la nécessaire résistance à l’oppression et du long chemin vers la paix et la réconciliation. Ce jeu de contrastes entre affliction et espoir introduit des variations d'atmosphères et d'intensité très bien amenées et portées par un superbe jeu à la six-cordes et de très belles harmonies vocales. Les mélodies chatoyantes et accrocheuses se muent en puissants hymnes fédérateurs, démontrant toute la richesse et la densité de composition, avec un véritable soin apporté à l’écriture. Gabriel Keller nous embarque ainsi une nouvelle fois sans difficultés dans ce très beau voyage sonore aux confins de la haine sans oublier de distiller quelques lueurs d'espérance. 


Bysshe - La Sibylle sur le sable : Le groupe franc-comtois sort un troisième album toujours nourri de ce son anticonformiste qui mêle habilement acid rock à haut degré de décibels et groove psychédélique marqué par les années 1960 et 1970. Le titre éponyme de 14 minutes est de ce point de vue un véritable moment de bravoure introductif maitrisé de bout en bout et doté de transitions limpides entre folk, passages atmosphériques hypnotisants et riffs plus charnus. Cette pépite progressive résume à elle seule tout le talent des Français qui n'hésitent pas à prendre des risques et à bousculer les codes. Une très belle réussite. 


Oddleaf - Where Ideal and Denial Collide : Chaque année, de nouveaux groupes émergent, mais rares sont ceux qui atteignent d’emblée la maturité d’écriture d’Oddleaf. Formé en 2020, le groupe français signe un premier opus d’une richesse saisissante, où un rock progressif raffiné, teinté d’influences 70’s et de sonorités médiévales, se déploie avec une maîtrise remarquable. Porté par une chanteuse au timbre chaleureux, Oddleaf se distingue par des compositions aux structures imprévisibles et une diversité instrumentale constante, confrontant sonorités vintage (Mellotron, orgue Hammond) et textures plus modernes (flûte électronique). Dans la plus pure tradition du genre, le groupe clôt cet album inaugural sur une fresque instrumentale de plus de dix minutes ("Coexistence - Part I"), un véritable tour de force pour une formation hexagonale qui s’impose comme une alternative sérieuse aux figures contemporaines du genre telles que Wobbler ou Big Big Train.


 

Le meilleur de l'Indie Rock


Astral Bakers - The Whole Story : Le nouveau groupe de Sage (ex-Revolver) répond à sa nostalgie d’une époque où tout le monde enregistrait dans une même pièce, en live. En quatuor (deux guitares, basse, batterie, chant), les musiciens s’efforcent de ne jouer que ce qu’ils peuvent reproduire en concert. Ils définissent eux-même leur identité sonore comme du soft grunge : des guitares saturées sur des morceaux plutôt calmes, mélodieux et doux. Si l’intitulé qu’ils se sont choisi marche bien, au final parler d’indie pop (avec un petit côté shoegaze par moments) donne une bonne idée de leur style musical. Le groupe profite de l’enregistrement live pour créer de la dynamique et des petits moments de lâcher prise instrumentaux (notamment avec des solos de guitare noisy), loin de la standardisation et du perfectionnisme artificiel qu’on trouve dans les chansons pop actuelles. L’alchimie entre ces quatre musiciens est excellente et on attend avec impatience le deuxième album ! 


City of Exiles - Sleeper HunterUn an et demi après leur précédent opus, les Français rempilent avec un Sleeper Hunter à l'ambiance très cinématographique et crépusculaire. Ce nouvel opus dégage une impression de tension permanente, comme un orage prêt à éclater et à déchaîner sa violence. Du titre introductif, qui met en contraste légèreté acoustique et douceur des harmonies vocales sur un texte d’Emily Brontë avec une mélodie à la tension sourde et menaçante, jusqu'au conclusif "Night Fields" composé pour les mélomanes noctambules, on a perpétuellement l'impression d'être sur le fil du rasoir. Le groupe s'épanouit pleinement dans les passages de dark-folk avec des morceaux habillés par la présence vocale impressionnante de son chanteur, narrant avec profondeur des contes nocturnes tels que "Innermost Door", reprise de Anjani Thomas avec un texte écrit par Léonard Cohen, mélopée traînante dont la finesse d'arrangement n'a d'égale que l'interprétation mélancolique. Avec une telle qualité de composition et un rythme de croisière aussi impressionnant, nous pouvons encore espérer beaucoup de City of Exile pour la suite.


Caesaria - Tonight Will Only Make Me Love You More : Alors que la Suède peut se vanter de ses Royal Republic pour faire suer les amateurs de club-rock, la France et plus particulièrement Strasbourg peuvent compter sur l'énergie survitaminée du trio Caesaria. Leur second disque enregistré à Londres en compagnie de Brett Shaw (Foals, Florence and The Machine) sent bon la synthpop légère et entrainante, dans laquelle il fait bon de plonger tête la première. Si l'omniprésence de claviers rétro et colorés évoquant Blossoms ("It's Not The End", on pourrait s'y méprendre) procurent cet effet good vibes instantané, les gros refrains fédérateurs et entêtants achèvent le travail sur cet album maîtrisé de bout en bout. Son seul défaut ? Sa durée express de 30 minutes, on en redemande... 


 

Le meilleur de l'indie Folk


The Bowstrings – Find A Way : Find A Way propose, sur un ton folk, une itinérance sur cette "autre" Route 66, celle qui traverse l’Alsace aux confins de deux cultures. Le petit rocker (trop) pressé se contentera d’écouter la seule plage titulaire (un de mes titres préférés de 2024) avant de se plonger dans un album dont l’extrême concision pourrait être le seul défaut. The Bowstrings semble avoir un potentiel créatif infini, ce qui donne un peu le vertige. Mais c’est un vertige très agréable…


Louis Durdek - Unnamed Road : Carnet de route d’un breton d’adoption, chanteur américain dans l’âme, issu d’une lignée où la Pologne aurait croisé l’Espagne, Unnamed Road propose un folk indie généreux et universel qui invite (et initie) au voyage. Pudique, Louis Durdek ne précise jamais si la pérégrination est réelle ou si sa poésie ne dépeint que le souvenir d’une rêverie sédentaire… Peut-être un mélange des deux. Entre quelques lacs d’eau glacée, l’album atteint des hauteurs insoupçonnées lorsque son auteur flirte avec le gospel , en compagnie de la chanteuse Ivy Fof, sur un titre aussi lumineux et possédé que "Holy Waters".


FØR - Tender Seas : Le superbe paysage sur la pochette nous invite à l’exploration de ce premier album livré par le duo parisien FØR composé de Nico à la guitare acoustique et d’Anna-Louise au violoncelle, complété sur plusieurs titres par Philippe à la batterie. Après deux EP, FØR a eu le temps de travailler son folk néo-classique qui puise son influence dans les ambiances organiques, sensibles et aériennes de Damien Rice et qui invite définitivement à l’introspection. Ce premier album évoque plus largement les problématiques environnementales et sociales actuelles et parvient à développer un aspect intimiste tout en évoquant une ode à la liberté des grands espaces. Les titres s’enchainent avec douceur et onirisme et réconfortent l’auditeur de leurs enchevêtrements de voix délicats et de leurs refrains enveloppants, en particulier sur les entêtants "Walk On", "Halcyon" et "Samo". Un album ressourçant ! 


 

L'OMNI de l'année (Objet Musical Non Identifié)


La Poison - Décadanse Générale : La Poison est un trio constitué de Daniel Jamet (guitariste de la Mano Negra sous le pseudo Roger Cageot), Moon au chant et David Menard aux claviers, à la programmation et à la batterie (tous deux issus du groupe Le Maximum Kouette). Sur Décadanse générale, leur deuxième album, plusieurs choix leur permettent d’affirmer une personnalité forte. Les textes sont désormais en français et La Poison est un de ces rares groupes de rock à qui la langue française va beaucoup mieux que l’anglais. Côté musique, les velléités dance-punk sont avantageusement délaissés au profit d’une formule beaucoup plus originale : un mélange de rockabilly, de rock garage et d’électro. A l’image du jeu de mots du titre de l’album, La Poison pratique l’oxymore avec des textes sur des sujets lourds déclamés sur des musiques dansantes, comme un exutoire aux inquiétudes de notre époque. Avec un univers pensé dans les moindres détails, un show et une imagerie visuellement très travaillés, La Poison s’affirme avec Décadanse Générale comme un très grand groupe de rock français.


 

Le meilleur du Punk (punk-rock / post-punk)


Grenade - White Lies : En parlant justement de jeune groupe n'attendant qu'à exploser, Grenade a amorcé avec son premier EP sorti en Novembre dernier son positionnement en tant que sérieux prétendant à la relève post-punk hexagonale. Tirant sans complexe sur la goupille Crank Wave, le duo nous inonde les tympans avec une sonorité typiquement anglaise. Le long de ces (courtes) 17 minutes évoquant à tour de rôle Squid, Folly Group, DEADLETTER ou encore The Murder Capital, on se méprendrait presque à avoir traversé la Manche et rejoint le Windmill, antre bouillonnante à la genèse du rock de demain. Cela tombe bien, un premier album enregistré à Brighton en compagnie de Theo Verney (Egyptian Blue, English Teacher), devrait voir le jour en 2025. Stay tuned!


Johnny Mafia - 2024 : Année du DragonIls sont SENSationnels ces quatre bourguignons ! Non contents d'avoir déjà livré trois albums à l'urgence déboulonnée et gonflée de rock garage punk de qualité, les Johnny (pas Carwash, même s'ils sont cousins) reviennent avec un menu aussi copieux et prometteur qu'un buffet asiatique à volonté. Et promis, pas de complications gastriques par après ! Ils ont l'air détachés mais sont bosseurs, et la production de 2024: Année du Dragon leur fait honneur. Tant de rimes pas voulues, mais que voulez-vous ces mecs sont inspirants et engagés dans le travail bien accompli (et plein de Sens, leur ville). Des titres tels "Keep An Eye On Me" et "Hammer" sont gonflés par des arrangements si confiants qu'ils s'étendent jusqu'à quatre minutes (pour des morceaux d'habitude de deux minutes). "Sting" laisse entr'apercevoir une nouveauté des possibles: un ton plein de morgue punk-art rock lumineuse et inventive. Vivement la suite !


Mad Foxes - Inner Battles : Alors que l'on cherche toujours à comprendre pourquoi les Mad Foxes ne parviennent pas à percer cette mystérieuse bulle du succès, leur troisième production se laisse encore apprécier avec la même fougue qu'à sa sortie. L'alchimie post-punk garage règne toujours entre les trois gars de Nantes, qui semblent désormais avoir pris leurs marques et atteint une certaine maturité artistique. Boosté par une production aux petits oignons, Inner Battles fait la part belle à un tempo capricieux, édifiant un intéressant jeu de contrastes autour de nombreuses ruptures rythmiques. Outre les références évidentes à Metz et Idles, le groupe sait également mettre en place une atmosphère plus sombre, à l'image de l'excellent "Ages", en charge de conclure ce dernier cru et évoquant l'aura si spéciale d'All Them Witches. Vivement la suite et continuons à soutenir nos petits groupes locaux. 


 

Le meilleur du Stoner / Doom / Psyché


Karkara - All is Dust : Nouvelle sensation stoner / psyché tout droit sortie de l’incroyable vivier toulousain - la ville du sud-ouest renforçant au passage son statut de "terre du fuzz" -, Karkara franchit un nouveau palier dans son ascension grâce à un troisième album qui devrait ravir les amateurs de musiques évolutives et de concepts ambitieux. All is Dust se présente en effet comme une véritable épopée post-apocalyptique que l’on imagine aisément quelque part entre la frénésie d’un Mad Max et l’aspect contemplatif de Dune. Pendant plus de 40 minutes, le groupe tisse une trame narrative en 6 chapitres (et tout autant de morceaux), portée par des riffs hypnotiques et une orchestration minutieuse, où chaque transition vient intensifier l’immersion. La production dense et la richesse des textures sonores (dont quelques effets retrofuturistes qui cohabitent avec de savoureuses partitions de cuivres) renforcent l’atmosphère cinématographique de l’ensemble, nous transportant d’un bout à l’autre d’une œuvre faite de poussière et de mirages.


Wizard Must Die - L'Or des Fous : Six ans après un premier album déjà prometteur, le trio lyonnais revient en force avec un nouvel opus encore plus percutant, une petite bombe  lâchée  sur la scène stoner hexagonale. Enrichissant son univers d’une approche plus mélodique mais aussi plus progressive, le groupe joue sur l’imprévisibilité de sa musique, alternant brusques changements de tonalité et salves sonores d’une puissance étourdissante. On appréciera particulièrement le soin apporté à la production (sans oublier cette magnifique pochette), la cohésion de l’ensemble et une durée d’album maîtrisée, rendant l’écoute encore plus appréciable. Un groupe à suivre de très près !


Fatima - Eerie : L’album précédent, l’excellent “Fossil” en avait laissé plus d’un sur le séant, fort d’un mélange doom-grunge du plus bel effet. Les Parisiens, avec ce quatrième disque, enfoncent encore un peu plus le clou. L’effet de surprise n’est plus là, mais le groupe affirme encore davantage sa personnalité, au gré de compositions solides (au hasard le tubesque “Miracle Of The Sun” et ses relents à la “The Tea Party”), aux influences parfois orientales (”Mosul Orb” par exemple), et traversées, entre autres, par des lignes de basses obsédantes. Fatima est définitivement un groupe à part, de par le “son” qu’il propose, de par ses influence,s et un peu aussi compte tenu de ce chant, si particulier, lourd, rocailleux et écorché. Un alliage global précieux qui fait le pont entre des styles pas si souvent juxtaposés.


 

Le meilleur du Metal


Alcest - Les Chants de l'AuroreVoilà maintenant plus de vingt ans que le groupe, porté par le chanteur et multi-instrumentiste Neige, repousse les limites de sa musique, diversifiant son approche rythmique et proposant de nouvelles manières de manier l’émotion. Sous ses allures de bilan d’une discographie pour le moins exemplaire, Les Chants de L’Aurore constitue un superbe témoignage de ce qu’a été et ce qu'est devenu Alcest. Plus apaisé sans pour autant perdre en vivacité, ce septième album semble finalement présenter le groupe français sous sa forme la plus aboutie et équilibrée. Il faut croire que le Blackgaze n’attendait qu’une chose : trouver la lumière pour enfin se montrer en plein jour.


Theraphosa - Inferno : Explorant pour ce troisième album le récit de la divine comédie de Dante, Theraphosa recentre son propos sur des titres plus directs et métalliques, s'appuyant sur des riffs implacables ("Wrath"), une orientation symphonique assumée ("Heresy") et des atmosphères sombres et vénéneuses pour traverser les neufs cercles de l'enfer. Moins progressif dans son approche, Inferno est peut-être l'album le plus accessible du trio parisien avec des refrains accrocheurs et un chant qui ne s'aventure plus que rarement sur le terrain du growl. Le groupe se montre également particulièrement à l'aise en français avec le magistral "Limbo", particulièrement envoûtant. Les trois frères du métal français passent ainsi un nouveau cap avec un très bon album dont l'écoute ne vous laissera pas indifférent.


Klone - The Unseen : Sans égaler la puissance tellurique et mystique du bouillonnant Meanwhile, Klone montre avec ce 7e album que le groupe a de la ressource. Nouveau label (Pelagic Records préféré aux progueux de Kscope) et nouvelle latitude donnée à des compositions volontiers plus éclatées et bigarrées, non sans trahir la fibre toute personnelle des poitevins, adeptes d'un metal atmosphérique aussi puissant qu'entêtant. Les instrumentistes sont toujours au top, Yann Ligner n'a sans doute jamais aussi bien chanté, et au petit jeu des différences, Klone emporte notre adhésion sans réserve sur des formats courts et volontiers moins écrasants (au hasard, "After The Sun" ou Magnetic"). Dommage qu'il y ait quelques longueurs en fin de disque et que l'éclectisme de The Unseen ne lui sied pas aussi bien que la troublante cohérence de son grand frère. A ne pas bouder cependant, car Klone livre ici un disque assez costaud dans son genre.


 

Le meilleur du Metal extrême


No Terror in the Bang - Heal Le dernier album du groupe rouennais plonge l’auditeur dans un univers musical dense et cinématographique, mêlant jazz, djent et metalcore. Porté par des compositions imprévisibles et des rythmiques syncopées, il génère une tension permanente renforcée par la voix saisissante de Sofia Bortoluzzi, oscillant entre chant clair et guttural. Comparable à un film d’horreur, l’album confronte l’auditeur à une expérience immersive et intense, où la musique devient le reflet d’un combat intérieur. Une œuvre exigeante et captivante, à écouter à plein volume pour en saisir toute la puissance.


SilhouetteLes Dires de l'Âme C'est un véritable cauchemar éveillé dans lequel les Montpelliérains de Silhouette nous entraînent. Le magnétisme vocal de la chanteuse Ondine à l'attrait tout à la fois captivant et terrible du chant d'une sirène. Bercé par cette voix aussi cristalline que chamanique, nous voilà plongés à l'intérieur des ténèbres joués au-devant d'un black-metal à la lourdeur mélancolique captivante. Une odyssée onirique dans laquelle on est paralysé par l'apparition d'une créature aux hurlements féroces incarnée par le chanteur Yharnam. L'album Les Dires de l'Âme propose une juxtaposition symétrique matérialisée par deux personnalités vocales affirmées. Ondine et Yharmam prolongent leurs intentions mutuelles dans une quête incessante de l'extinction de la lumière. Silhouette nous offre un pur album de black-metal joué sous un ciel nocturne dessiné dans les contours de morceaux contemplatifs. 


Septaria - A* : Avec ce premier album, Septaria s’impose avec force dans le paysage post-metal, alliant puissance brute et atmosphères déroutantes. Chaque morceau tisse ainsi un équilibre subtil entre rage et contemplation, porté par des compositions audacieuses et une maîtrise instrumentale impressionnante. Le groupe originaire de Pertuis explore avec intensité les méandres de l’âme humaine, offrant une expérience à la fois cathartique et immersive. À seulement une vingtaine d’années, ces musiciens font preuve d’une maturité saisissante et signent un album aussi percutant qu’introspectif. Septaria, un nom à retenir.


 

Les plus belles trouvailles de La Sélection Albumrock (Part. 1)


Selon le même principe que les années précédentes, nous vous proposons une sélection des plus belles découvertes issues de notre concours La Sélection Albumrock.


W!zard - Not Good Enough : Si l’on suit W!zard depuis ses débuts, on se doutait que leur premier album allait avoir ce petit quelque chose de complètement dingue. Trois ans après un premier EP et une longue gestation, le touche à tout NOT GOOD ENOUGH nous explose finalement en plein face, propulsé tant par sa diversité que sa maitrise du sujet. Le trio bordelais exploite ici une véritable facette post punk, balancée entre les States et l’Angleterre. Tandis qu’“ANGER ISSUES” rappel la moiteur sombre de Protomartyr, “THIEF KNOT” évoque les syncopes futuristes de Bodega avant de balancer son final rouleau compresseur bruitiste à la DITZ. Shame est également à portée de main sur le phrasé gouailleur d’“EGO BOX”. Le chant justement, bipolaire et versatile tout du long, ira jusqu’à égaler la puissance vocale de Lucas Bonfils des Mad Foxes (“BEAUTFUL HOUSE”). Mis en boite par Amaury Sauvé, de plus en plus sollicité sur la scène émergente indé franco/belge (It It Anita, Birds In Row), NOT GOOD ENOUGH se démarque avec fracas comme sérieux candidat au titre de l’album post-punk français cette année.


Wildation - Beyond the Ridge : Après un premier EP suivi d'un album paru en 2021, le power trio originaire du Grand Est Wildation propose 4 nouveaux titres dans un second EP intitulé Beyond The Ridge. On y retrouve toute l'esthétique folk-rock alternative du groupe imprégnée d'une vision résolument humaine et optimiste et emmenée par le grain si particulier et à fleur de peau de Vincent Gérard, qui rappelle notamment celui du chanteur islandais du groupe KALEO. Les compositions mêlent les sonorités acoustiques et électriques avec une belle assise mélodique qui contribue à leur conférer beaucoup de relief ainsi qu'un caractère très accrocheur, dans la droite lignée des productions de John Butler. On retiendra en particulier "Endlessly", particulièrement poignante dans son interprétation et "Nothing Lasts" avec son jeu de guitare virevoltant. De quoi nous mettre l'eau à la bouche en attendant la sortie d'un second album prévu en 2025.  


Brasca - Bloodline : Le nouveau groupe de Cyril Delaunay-Artifoni, l'homme derrière les groupes Syd Kult et Outsiders, sort un premier album bouillonnant à l'énergie communicative qui puise dans les sonorités rugissantes du rock alternatif des années 1990 tout en s'offrant des passages plus calmes et mélancoliques. On oscille ainsi entre les refrains abrasifs de l'introductif "Cut Ties", l'ambiance sombre et pesante de "Into the Sun", assurément le meilleur titre de l’album, et la douceur mélodique de "Julie" pour une diversité d'atmosphères qui rend l'écoute de ce Bloodline particulièrement accrocheuse. Un nouveau projet artistique très réussi, plus optimiste et lumineux que les précédents, qui souffle comme le suggère le très bel artwork sur les braises de la scène alternative française. 


 

Les plus belles trouvailles de La Sélection Albumrock (Part. 2)


Tesuji - Mirage : Le duo composé d’Eddy Albert et Julien Delacroix livre un premier album de rock progressif de haute volée, mariant les atmosphères entre passages emprunts de folk rêveuse et riffs plus métalliques, parfois au sein d’un même morceau (l’excellent "The Game" qui combine bien ces approches). Le groupe mène de front approche technique (en particulier avec des soli de guitares très plaisants) et accroche mélodique immédiate avec des refrains fédérateurs (le titre éponyme qui ouvre parfaitement l’album) et climats acoustiques envoûtants ("Little Imp" et ses savoureuses arabesques de guitares). Les deux invités, Göran Edman sur "Night Train" et Marco Basile sur "Into the Sun", apportent une diversité appréciable au niveau du chant, par ailleurs impeccablement tenu par Eddy Albert. En japonais, "tesuji" est une technique astucieuse du jeu de go.. voilà un nom de groupe bien trouvé pour un album qui réussit définitivement son coup.  


Grand March - Back to the Wall : Le troisième long format du quintet Strasbourgeois s’insère dans leur constante ascension sur les terres rock alsaciennes. C’est avec un pied dans le passé mais le regard tourné vers l’avant, que Back to the Wall allie avec finesse sonorités blues rock 70’s (l’orgue Hammond séduit toujours) et composition moderne. Les structures rythmiques et mélodiques enjouées s’unissent avec finesse au timbre chaud d’Hélène Braeuner, qui, sans atteindre le sommet de la portée, captive sans mal son auditoire, tout particulièrement lorsqu’il touche à un registre plus soul (le groovy “Golden Crown”). Les 9 nouveaux titres, au métronome et ambiances éclectiques, s’enchainent sans mal, évoquant tour à tour Deep Purple et les Doors pour le côté roots, Rival Sons et Blues Pills pour des références plus modernes. Être dos au mur, c'est faire un constat, avance le collectif pour présenter son nouveau cru. Grand March évolue à la hauteur de ses ambitions et propose un album frais alliant charme de l’ancien et production contemporaine, voilà le grand constat que nous auditeurs, pouvons tirer sans trop d’hésitations.


Trigger King - The Giant Rooster EP : Formés en 2021 à Mulhouse, les rois de la gâchette ont mis du temps à dégainer et délivrent enfin leur premier E.P après des années passées à écumer les scènes françaises. L'attente valait le coup avec 5 titres qui mélangent habilement les influences canoniques du rock des 70's avec les sonorités alternatives héritées des années 90. Le groupe déploie une énergie bouillonnante dès l'entame et alterne les titres revigorants aux mélodies prenantes et efficaces, à l'instar du très accrocheur "Butterflies", tout en soignant des atmosphères plus douces comme sur la jolie ballade "Reaching for The Moon" qui met parfaitement en valeur le chant charismatique de Georges Baramki. Le tour de force de cet E.P réside assurément dans son morceau conclusif, "Riding High", son introduction éthérée laissant place à un riff tranchant jusqu'à ce solo de wah-wah baveuse qui enjolive un final très expansif. Avec une telle réussite, les Français peuvent même se permettre de coller un poulet géant sur la pochette, c'est dire ! 


 


 


C'est ainsi que s'achève ce dossier consacré aux réalisations de la scène hexagonale. Une année 2024 de grande qualité, qui confirme encore une fois que le rock "made in France" n'a pas dit son dernier mot.


Et si vous n'êtes toujours pas rassasiés - musicalement parlant -, vous pouvez consulter à tout moment nos dossiers antérieurs : 2020, 2021, 2022 et 2023.


 

Commentaires
François, le 17/02/2025 à 11:28
Cérémonie à nous faire regretter nos J-P Mader et Jakie Quartz d'antan...