Blues Pills

Inespéré. Assister à ce concert de Blues Pills fut inespéré. Certain que le concert devait avoir lieu le vendredi et non le samedi soir, je me trouvais contraint d'attendre le dernier moment pour réserver mes places à cause d'un emploi du temps qui empêchait ce genre d'anticipation. Une précaution inutile puisque le Marché Gare accueillait Blues Pills le samedi, une précaution préjudiciable également puisque le concert affichait complet depuis un moment. Nous avons alors tout essayé : contacter les organisateurs, tenter notre chance sur le quota des accréditations presse (en proposant de payer nos places, ça va de soi) - sans succès, s'inscrire dans la file d'attente du site de revente. Et miracle ! Le matin du concert, alors que nous racontions cette mésaventure à un ami, deux places se libèrent et nous parvenons à être les plus rapides à les acheter. 

C'est ainsi qu'à 19h45, nous nous retrouvons dans la file d'attente pour pénétrer au sein du Marché Gare, petite salle lyonnaise tout à fait recommandable où nous avions vu Riverside en 2024. Il fait froid et nos vestes sont épaisses, trop pour profiter pleinement du show : nous décidons de les déposer dans les casiers des vestiaires même si nous n'avons pas de pièce de 2e pour le refermer (imaginez un vestiaire de piscine) - deuxième coup de chance, nous choisissons justement le casier dans lequel une pièce de 2e oubliée nous permet de bénéficier de cette sécurité. 

Bien que le concert soit sold out, nous parvenons sans peine à nous installer tout devant et à y demeurer pendant l'intégralité de la soirée qui commence avec Daniel Romano's Outfit. Le quatuor canadien déborde d'énergie et profite à fond de sa première partie en mitraillant une quinzaine de titres à l'aide de transitions efficaces qui lui permettent de ne pas perdre une seconde de leur temps précieux. La prestation est tout simplement excellente et ne pouvait que ravir les amateurs de retro rock revival inspiré des années 1960 et 1970, entre la beat britannique, le hard-rock des origines (Steppenwolf), le punk rock et l'action rock des Hellacopters. 

C'est sur "Birthday" des Beatles qu'arrivent sur scène les quatre membres de Blues Pills, clin-d'oeil à leur dernier album et au morceau qui ouvre les hostilités, "Birthday". Tout de vert vêtue, Elin Larsson est immédiatement d'une énergie débordante et pousse le public à participer à cette communion rock en témoignant de son plaisir d'être présent - invitation à chanter, à frapper des mains, bref, vous connaissez le topo. L'ouverture se fait sur quatre titres extraits du dernier opus, qui sera plus que mis à l'honneur avec huit morceaux sur les seize joués ce soir. Leur efficacité sur scène est imparable, comme nous l'avions envisagé dans notre chronique, et les titres qui nous avaient marqué en sortent sublimés - "Back on That Horse Again" prend aux tripes tant il est magistralement interprété par E. Larsson qui atteint des sommets en fin de concert. 

Si Lady In Gold (2016) semble avoir été jeté aux oubliettes, Holy Moly (2020) a le droit à quelques extraits dont un "Proud Woman" militant tout à fait à propos, qui gagne en substance en live. Surtout, le premier opus et les EP initiaux confirment leur statut culte dès que sont annoncés le puissant "High Class Woman", le plus mélancolique "Little Sun" et bien sûr l'incontournable "Devil Man" comme toujours proposé en final. 

Le show fut assez court - comptez 1h avant le rappel et 25 minutes d'encore, mais très intense : en toute honnêteté, c'est un format qui me convient de plus en plus. Le dispositif du groupe est de plus en plus centré sur Elin Larsson qui assure un spectacle grandiose, avant tout par ses qualités vocales saisissantes, mais aussi par sa présence survoltée et par son sens du lien avec le public - elle multiplie les gestes envers les personnes des premiers rangs et descend à deux reprises dans la fosse. En dehors des titres les plus anciens du répertoire sur lesquels on note des soli, le reste du groupe (guitariste inclus) est à son service. 

Ce cinquième concert du groupe depuis que nous le suivons (soit 2015), fut peut-être leur meilleur. Si le combo semble être arrivé à une sorte de plateau question popularité, il demeure une référence en matière de prestation live et plus largement au sein de la scène retro-rock, pour laquelle il a servi de locomotive du revival à direction féminine. Rendez-vous au prochain concert - un deuxième round du Happy Fucking Birthday Tour vient d'être annoncé, dans date en France pour l'instant

Setlist

Birthday (Birthday, 2024)

Don't You Love It (Birthday, 2024)

Bad Choices (Birthday, 2024)

Top of the Sky (Birthday, 2024)

Bliss (Bliss, 2012)

Proud Woman (Holy Moly, 2020)

Low Road (Holy Moly, 2020)

Lika a Drug (Birthday, 2024)

Piggyback Ride (Birthday, 2024)

High Class Woman (Blues Pills, 2014)

Ain't No Change (Blues Pills, 2014)

Black Smoke (Birthday, 2024)

Little Sun (Blues Pills, 2014)

Rappel

Back on That Horse Again (Birthday, 2024)

Bye Bye Birdy (Holy Moly, 2020)

Devil Man (Blues Pills, 2014)