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Top 10 des vacances - Hors Série #18 Femme Libre (2)


Daniel, le 08/01/2025

Relisons les mots gravés sur la tombe de Sister Rosetta Tharpe (qui se trouve au Northwood Cemetary de Philadelphie) : « Elle chantait jusqu’à vous faire pleurer pour, ensuite, chanter jusqu’à vous faire danser de joie. »  

Rosetta aimait de façon égale les églises et les night-clubs. En parfaite épouse soumise de pasteur, elle avait adopté le nom de son mari, à savoir Thorpe. Quand elle a repris son indépendance, elle a changé une seule lettre – Tharpe – pour conserver la consonance de son nom de scène. Subtil…

Dès 1938, elle enregistrait déjà un titre baptisé « Rock Me » en s’accompagnant d’une "resonator". Ce n’était pas vraiment du rock’n’roll mais le cœur y était. Le jeu de guitare électrique de Rosetta va incendier son public et influencer directement Chuck Berry ou Carl Perkins. Elvis Presley la mentionnera volontiers parmi ses références. 

Ce deuxième Top 10 consacré à la femme-artiste libre est dédié à la Marraine du Rock. 

Parce que c’est bien cette femme noire, fille d’une diaconesse et d’un cueilleur de coton, qui a bercé les premières mesures électriques de notre musique favorite. 


10.- "These Boots Are Made For Walking" - Nancy Sinatra (1966) – Composé par Lee Hazelwood et enregistré par le fabuleux Wrecking Crew (avec Carol Kay à la basse), ce titre est une déclaration de haine qui a révolutionné à sa façon l’équilibre entre homme et femme lors d’une rupture sentimentale. "Mes bottes sont faites pour marcher. Et c’est ce qu’elles vont faire. Et un de ces jours, elles te piétineront..." A bon entendeur...

9.- "The Ballad Of Lucy Jordan" - Marianne Faithfull (1979) – Après avoir été l’égérie la plus manipulée des sixties, après avoir été l’ombre d’une camée qui hantait les rues de Soho, Marianne prend son indépendance en interprétant de sa voix détruite un titre fictif qui raconte sa vie perdue. Avec ce mélange étrange de détachement et d’émotion qu’affectent parfois les Anglais. "A 37 ans, elle a soudain compris qu’elle n’irait jamais à Paris dans une voiture de sport. Alors elle a ignoré les sonneries du téléphone et elle s’est assise par terre pour chanter en boucle les quelques comptines puériles qu’elle avait mémorisées sur les genoux de son père."  

8.- "Rock Me" - Sister Rosetta Tharpe (1938) – Il faudra encore seize longues années pour que les graines mystérieuses, amoureusement semées par Rosetta, donnent vie à un style musical aux infinies ramifications qui nous occupe encore passionnément aujourd’hui. Ici, c’est évidemment à Dieu qu’elle demande de la faire tanguer dans le berceau de son amour. Mais on sait que Dieu s’est fait homme, non ?

7.- "Dream A Little Dream Of Me" - Mama Cass Elliot (1968) – Ellen Naomi Cohen était moche et grosse. Et souvent mal fagotée. Mal aimée aussi. Sa voix n’était pas toujours extrêmement juste. Mais son rire solaire a fait vibrer toute la côte Ouest des USA. Son seul plan de carrière consistait à être là et à chanter. A trente-deux ans, son cœur s’est  arrêté de battre dans un appartement londonien. Keith Moon – un autre grand comique – mourra dans la même chambre et au même âge quatre années plus tard. Évitez le quartier de Mayfair si vous zonez à Londres... 

6.- "Diamonds and Rust" - Joan Baez (1975) – "Les souvenirs me reviennent / Oui, je t’ai beaucoup aimé / Mais si tu m’appelles pour m’offrir à nouveau des diamants et de la rouille / Sache que j’ai déjà largement payé mon dû..." La Madonne des Pauvres signe la plus belle chanson de désamour de tous les temps. Même si elle sème des indices par-ci, par-là, elle a la pudeur de ne nommer personne. Coucou Bob !

5.- "You Make Loving Fun" - Fleetwood Mac (1977) – On imagine l’ambiance qui devait régner dans le studio lorsque Christine Perfect a chanté ce nouveau titre devant son bassiste de mari John McVie avec qui elle était en rupture de ban. La dame y évoque explicitement les caresses d’un jeune amant (qui était accessoirement l’éclairagiste du groupe). Histoire de détendre l’atmosphère, Christine a déclaré qu’elle parlait de son chien (qui était aussi le chien de John McVie) ce qui, à la lecture des lyrics, a rendu le contexte encore un peu plus embarrassant…

4.- "O Superman" - Laurie Anderson (1981) – Amie de Warhol, Gabriel, Zappa, Leary, Eno ou Ginsberg, épouse d’un Lou Reed vieillissant, Laurie a tant fait pour l’art conceptuel (musical et visuel) qu’elle mériterait une statue devant l’Académie des Petits Rockers. Cerise sur le gâteau, elle maîtrisait l’ironie comme personne : "Quand l’amour disparaît, il reste toujours la justice / Quand la justice nous abandonne, il reste toujours la force / Et quand mes forces s’amenuisent, il me reste toujours ma maman.../ Bisous, Maman !"

3.- "Nobody Loves You More" - Kim Deal (2024) – Ce n’est pas un hasard si un combo aussi arty que The Dandy Warhols a enregistré "Cool As Kim Deal". Considérant que son art se situe en général entre Hüsker Dü et Peter, Paul & Mary (ce qui impose la maîtrise parfaite du grand écart), la dame de l’Ohio se lance dans une aventure solo sans concession. Ce n’est pas du rock, pas du blues, pas de la pop, pas de l’indie, pas du jazz. C’est du Kim Deal. Entre Hüsker Dü et … OK. Et personne ne vous aime plus qu’elle. Profitez-en avant qu’elle ne change d’avis !

2.- "Nutbush City Limits" - (Ike &) Tina Turner (1973) – Il faudra deux courages à Anna Mae pour s’affranchir de cet imbécile d’Ike Turner. Elle a d’abord affirmé son indépendance artistique en composant et en enregistrant seule ce titre génial qui parle avec ironie de son bled natal du Tennesse. Puis, le premier juillet 1976, sur un coup de tête, elle a plaqué sa vie de femme battue en n’emportant ce soir-là que sa mini-robe du jour, son parfum de tigresse indomptée et 36 cents en monnaie sonnante et trébuchante. Respect.

1.- "Respect" - Aretha Franklin (1967) –  Ce n’est pas rock et ça a été enregistré le jour de la Saint-Valentin. Porte-parole de tout un peuple et de tout un genre, Aretha explose le titre d’Otis Reding en réécrivant ses lyrics un peu machos pour en faire un hymne féministe définitif. Elle ne murmure pas "ce que je désire" ; elle ne muse pas "ce que je souhaite" ; non, elle hurle "ce que je VEUX" ! Tout est, une fois encore, dans la nuance. R.E.S.P.E.C.T.

 
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