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Gryphon
Raindance
Produit par Gryphon
1- Down The Dog / 2- Raindance / 3- Mother Nature's Son / 4- Le Cambrioleur Est Dans Le Mouchoir / 5- Ormolu / 6- Fontinental Version / 7- Wallbanger / 8- Don't Say Go / 9- (Ein Klein) Heldenleben
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En 1974, Red Queen to Gryphon Three avait permis à Gryphon d’accomplir sa mue, passant de groupe de folk-rock inspiré par la Renaissance à formation de rock progressif symphonique à traits médiévaux : ce troisième album troquait le conservatisme pour le progressisme musical avec un talent tel qu’il s’imposa petit à petit comme un chef-d’œuvre du genre.
Années 1970 obligent, le combo se remet vite au travail pour offrir un successeur à ce nouvel opus et dès 1975, Raindance voit le jour (avant Rain Dances de Camel, 1977) avec une une illustration quasi surréaliste signée Tony Wright (Traffic). Et loin de se contenter de capitaliser sur le succès du tournant esthétique opéré sur Red Queen to Gryphon Three, ce quatrième album voit le groupe papillonner à travers les champs de fleurs musicales sans s’imposer de chapelle.
Tout de même, Raindance se referme sur les seize minutes de "(Ein Klein) Heldenleben", une fresque hautement progressive qui reprend les choses là où elles s’étaient arrêtées en 1974. La référence à la musique savante est claire dès le titre, l’orchestration opulente du groupe aidant aussi à entretenir cette dimension, tandis que les claviers analogiques prennent une place conséquente et que la guitare déploie ses interventions techniques, dans une veine proche de Yes et de Gentle Giant. Certaines parties renouent avec l’univers Renaissance originel du combo, tandis que la cause progressive symphonique est parfaitement défendue. Il s’agit sûrement de la plus belle composition du groupe dans ce style.
De même, le bien nommé "Raindance", en référence aux bruits de pluie comme fond sonore, est également très progressif, répétitif mais envoûtant, à la manière d’un Saint-Saëns doté d’une lutherie modernisée. Quant à "Down the Dog", il est à mi-chemin entre le style du groupe sur le premier album et Gentle Giant. Mais tout en gardant son esthétique bien à part, Gryphon opte pour une approche plus directe, ce qui est l’évolution la plus notable sur cet opus : en témoignent le baroque "Wallbanger," la belle ballade "Mother Nature's Son", le langoureux "Fontinental Version" qui regarde en arrière vers les 60s puis se conclut sur une geste instrumentale très entreprenante.
L’album comporte aussi plusieurs morceaux très courts qui semblent avoir une vertu avant tout exploratoire : le picking "Le Cambrioleur Est Dans Le Mouchoir" (en français dans le texte), le chronométrique "Ormolu", le Pop-Caravan-esque "Don't Say Go". Cela donne à l’œuvre un côté un peu décousu, souvent surprenant mais pas toujours très cohérent, mais c’est une interprétation possible de l’expression "rock progressif".
Pour certains, Raindance serait le dernier album de Gryphon digne d’intérêt, davantage que leur acte ultime en 1977 (Treason) – avant reformation - qui, bien que toujours progressif, cède un peu aux trompettes de la renommée. Œuvre hétérogène, l’opus souffre tout de même d'un manque de direction claire pour être totalement convaincant.
À écouter : "(Ein Klein) Heldenleben", "Fontinental Version"