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Critique d'album

Gryphon


ReInvention


(24/08/2018 - Gryphon - Rock progressif, folk médieval - Genre : Rock)
Produit par

1- Pipe Up Downsland Derry Dell Danko / 2- Rhubarb Crumhorn / 3- A Futuristic Auntyquarian / 4- Haddocks' Eyes / 5- Hampton Caught / 6- Hospitality At A Price... Anyone For? / 7- Dumbe Dum Chit / 8- Bathsheba / 9- Sailor V / 10- Ashes / 11- The Euphrates Connection
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un album honorable pour un groupe de rock progressif dont on n'espérait plus une nouvelle production. "
François, le 04/01/2019
( mots)

Si 2018 a vu le - grand - retour de Soft Machine (Hidden Details, sorti en septembre), c’est avec plus d’étonnement encore que le monde du rock progressif accueille le retour d’un drôle d’animal mythologique qui renaît de ses cendres. Et non, ce n’est pas d’un phénix mais d’un Gryphon qu’il s’agit. Un album qu’on n’attendait plus puisqu’annoncé par le groupe depuis 2007. 


La musique progressive, genre phare des années 1970, est appréciable quant à sa variété. Gryphon s’affirma vite dans une veine médiévale-Renaissance, avec un premier album (Gryphon, 1973) renouant avec les mélopées des siècles précédents, tandis que leur opus le plus connu (toute proportion gardée), Red Queen to Gryphon Three (1974), était clairement engagé dans une prog’ symphonique de belle facture. Si le lecteur curieux n’a jamais entendu parler du groupe, qu’il se lance dans cet album aux quatre pistes particulièrement réussies. 


Que vaut alors ce ReInvention ? Eh bien, c’est du côté de Midnight Mushrumps (1974), leur second album, qu’il faut regarder pour voir dans quelle veine est composée l’album même si des sonorités de Red Queen to Gryphon Three peuvent être retrouvées ci et là ("Rhubarb Crumhorn"). On soulignera surtout une instrumentation très majoritairement acoustique, une influence Renaissance substantielle que ce soit dans les thèmes où dans les instruments (tournebout, fifre …), et bien sûr, mais c’est une caractéristique du groupe, une part-congrue laissée au chant (la voix semble de toute façon assez fatiguée). 


Cette instrumentation acoustique est parfaitement maîtrisée et donne une chaleur incomparable à la musique de Gryphon. Quelle tendresse sur les variations de "Rhubarb Crumhorn" ! C’est une explosion de sonorités que l’auditeur prend dans ses oreilles puisque l’arsenal de lutherie possédé par le groupe est gargantuesque. Fait rare dans l’univers du rock. 


C’est sur le mélange entre acoustique et électrique que le groupe brille. Le très Renaissance "Hapton Caught" qui louvoie entre "Greensleeves" et "Belle qui tient ma vie" en introduction pour retomber sur un titre purement gryphonien en est l’illustration. L’arrivée de la guitare électrique et la place importante accordée à l’orgue en font un titre accrocheur. 


Ne soyons pas trop enthousiaste non plus, l’album possède bien des défauts. 


Quelques bizarreries pas toujours du meilleur goût (notamment sur le premier morceau, "PipeUp Downsland DerryDellDanko") persistent et peuvent heurter l’auditeur non-averti, il en va de même pour "A Futuristic Auntyquarian" qui s’amuse dans des passages complexes arythmiques et amélodiques de question-réponse entre instruments (bien qu’ils retombent à un moment dans du Gentle Giant surprenant). Pour les amateurs, sachez que les tentations expérimentales sont beaucoup plus abouties sur "The Euphrates Connection" avec son orgue léché, en clôture d’album. 


Parfois l’influence est douteuse : "Hospitality at a Price Anyone For ?" sonne Monty Python, devenant ainsi plus que dispensable sinon ridicule. Sauf si on est amateur d’humour anglais (il semble que ce soit le but recherché par le groupe, mais l’initiative me parle peu), on passera vite son chemin. En parlant de films, quelqu’un d’autre entend le thème d’Harry Potter sur "The Euphrates Connection" ?


Puisque nous parlons de rock progressif, qu’en est-il des longues pièces que le groupe propose ? Sur la fresque "Haddock’s Eyes" (presqu’onze minutes …), hélas, les parties chantées font chansonnettes et on ne sera sustenté qu’à partir de six minutes avec l’arrivée de la guitare électrique pour une fin de morceau en apothéose de dissonances sur fond heavy. Sur la même mélodie, le chant est relevé plus tard par un accompagnement au violon, beaucoup plus vif, et moins laborieux. L’autre titre à rallonge est "Sailor V" qui s’ouvre, et ce n’est pas pour nous déplaire, sur une introduction à la Mike Oldfield bonne époque. Mélancolique et doux, presque cinématographique, le morceau est un condensé du savoir-faire de Gryphon et il vaut vraiment l’écoute. Plusieurs thèmes, tous très bons, pourvu qu’on aime le folk celtique, se succèdent avec une fluidité remarquable. Et la guitare électrique reprenant le thème en fin d’album, qui ramène ses cordes comme une évidence, avant de nous offrir un passage orchestral, pour retomber sur une dernière minute de calme. Tout le morceau est construit sur une variation du thème principal, permettant à chaque musicien d’apporter sa touche. Non vraiment, écoutez "Sailor V". Preskett se révèle être le compositeur le plus talentueux du groupe, c’est lui qui signe les meilleurs titres de ReInvention


Ce n’est pas que le bilan soit mitigé, il aurait été étonnant que Gryphon propose un album de la puissance d’un Red Queen to Gryphon Three. Mais le contrat est largement rempli malgré les quelques titres plus faibles, voire dispensables, ou les maladresses. ReInvention est solide, et signe un retour plus qu’honorable pour une formation que tous pensaient scellée dans les archives du rock progressif. De plus, l’ensemble transpire l’honnêteté, le plaisir et l’amour de la musique. 


Ah oui, nous allions oublier ! Un mot sur la magnifique pochette qui renvoie au premier album, avec ses couleurs chatoyantes et ce combat qui s’annonce entre une pièce d’échec et la mascotte du groupe. Rien que pour ça, l’album mérite l’acquisition, vous soutiendrez en plus un "petit groupe".  

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