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Objet musical : le cas Soleil Cogne


Christine, le 17/10/2011

Les illustrations : Amélie, Axel et Xavier

Nous avons pu contacter trois des quatre illustrateurs qui ont œuvré pour Soleil Cogne. Nous voulions savoir ce qui les a déterminé à travailler sur ce projet : Quel est leur cursus ? Quelle est la place de la musique dans leur univers? Qu'ont déclenché chez eux les titres de Soleil Cogne ? (Interviews réalisées par mail)

Amélie Girard


Elle s'appelle Amélie Girard, 34 ans.
Des études en arts appliqués, les Beaux-Arts de Saint-Étienne, les Arts-Décos de Strasbourg, puis l'illustration s'est imposée. Pour Soleil Cogne, c'est la seule artiste à avoir travaillé à partir d'un story-board. Ses dessins à 2 ou 3 couleurs révèlent toute la tension ressentie dans la berceuse galopante et angoissée "I want a Moustache".

Les influences : J'aime les gravures de Dürer, la peinture de Jérome Bosch, les images de Topor, les éditions Bongoût de Berlin, Le dernier Cri à Marseille, le Fremok, La 5ème couche. Les illustrations d'Emmanuelle Houdart , les bandes dessinés de Charles Burns ou Marthes Bathory, les dessins/peintures d'Atack. Et puis beaucoup d'autres, et puis ceux que je croise en chair et en os m'influencent tous les jours.

La technique : J'utilise le plus souvent une plume et de l'encre de chine après être passé par les rotrings (stylos à plume destinés à tracer des traits calibrés), si fragiles. Pour la couleur je mélange ce que j'ai sous la main, des encres , de la gouache, de l'acrylique, des pigments...il suffit que la couleur me plaise ! Quand j'étais à l'école des Arts-Décos, j'ai réalisé plusieurs projets en sérigraphie, stickers, cartes postales, un livre auto-édité Château-Rouge.. les couleurs éclatent, le rendu est chaleureux, ce qui est impossible avec une impression numérique.

L'illustration : L'illustration ne me permet pas de vivre. A Strasbourg, je travaillais au Centre de l'Illustration une dizaine d'heures par semaine. Le reste du temps je le consacrais au dessin, j'ai réalisé la communication de plusieurs festivals, des dessins pour des soirées. En 2010 avec Cécile Van hille, l'auteure, nous avons publié un album pour enfants aux éditions de l'Atelier du Poisson Soluble. J'ai aussi participé à des expos avec des collectifs d'illustrateurs. En 2008, j'ai été sélectionnée au concours Jeunes Talents du festival de Bande dessinée d'Angoulême, avec La petite fille aux doigts de fée, une petite histoire innocente.

La musique : Elle m'accompagne, mais je n'en joue pas, je l'écoute en dessinant, avec mon bébé dans les bras. Quand j'avais un i-pod en marchant, dans le train...Et maintenant que je suis maman, elle est là dans la maison, des journées entières ou pas du tout.
J'essaie d'écouter toutes les musiques, j'ai rempli mon ordi des classiques reggae, rock, rap, de musiques traditionnelles gnawa, chaabi, d'Afrique, bulgares, indiennes..., de cds inconnus mais dont la pochette me parlaient, en général ce sont des bonnes surprises, et puis la chanson française, Ferré, Gainsbourg, Dominique A, Bashung....J'aime adapter le son à mon sentiment du moment. Et je peux aussi danser sur des musiques électroniques, Istari Lasterfarher, par exemple, qui a participé au festival Lavez Maria, que nous organisions avec des amis à Strasbourg.
(voir le site www.toalbaltat.net)

Soleil cogne : J'ai déjà travaillé dans le milieu musical, mais c'est la première fois que je participe à un enlivrement. Pauline et moi nous nous étions rencontrées à l'occasion d'un petit salon du livre en Ardèche. Pauline m'a contactée, car elle avait aimé mes illustrations de Lulu mets pas ton nez dans ta bouche. L'histoire d'un petit garçon rejeté par ses parents et les autres à cause de sa différence. Mes images racontaient la tension, la violence de cette situation. Quand j'ai écouté le morceau que Pauline me confiait ("I Want a Moustache"), que j'ai lu les paroles, j'ai immédiatement su quelle atmosphère, quelle tonalité je donnerai à mes dessins : le morceau que j'ai illustré m'a tout de suite inspiré, la "douceur" de la mélodie, la voix rythme le morceau autant que la musique, elle ressemble à une comptine innocente et pourtant ! La chanson est en patois, c'est un dialogue entre une fille et sa mère, sur le choix du garçon avec qui elle souhaite se marier, bien sûr la mère n'apprécie pas son choix et le ton monte. Pauline m'avait donné un story-board, qui m'a servi de base, c'était aussi la première fois que je travaillais de cette façon. j'ai donc passé plus de temps à chercher les personnages de la mère et de la fille et à traduire les sentiments d'exaspération, d'énervement, d'explosion.
Le temps que j'ai consacré à ce travail a été raccourci, j'ai donné naissance à mon bébé avant d'avoir terminé les dessins. C'était assez bizarre de dessiner "la haine", en même temps que de vivre cette expérience d'amour absolu !
Soleil Cogne est un bel objet, Pauline a réussi à donner une unité à ce projet où se mêlent la musique, le texte, le dessin et des créations, des inspirations très éloignées.

Les projets : En ce moment, plusieurs projets sont en cours : un roman graphique où il est question de relations conflictuelles entre une mère et sa fille... c'est ma destinée !
Et puis un peu de profondeur joyeuse avec un nouveau texte de Cécile Van hille, sur la naissance.
Et encore des bouts d'histoires qui traînent, qui traînent tout autour...

Axel Garrigues


Axel Garrigues vit en lozère.
Au départ elle suit un cursus sciences et techniques, mais à force de dessins dans les marges de cahier pendant les cours, un coup de tête l'amène à entrer aux Beaux Arts à Nîmes. Axel veut peindre, mais ce n'est pas forcément ce qui est encouragé à cette époque.

La technique, les influences : ...donc j'ai fait surtout de la photo. Mais la rencontre successive de différents profs et un changement d'école m'ont aidé à surmonter mon complexe "peinture-peinture". Dessins, peinture à l'huile ; travail de la matière pour le feeling et pas pour les Grands Mots avec des influences "crades", tragiques ou méditatives telles que Tintoret, Chardin, Bonnard, Constable, Goya, Dix, Rebeyrolle, Bacon, Hockney, Miquel Barcelò, Peter Doig, Marlène Dumas...
Je suis revenue en Lozère, amoureuse des paysages et des lumières et des gens aussi probablement, et j'ai fait des paysages à l'huile et des portraits, avec des compositions de plus en plus en plus tordues mélangeant espaces et figures.
Pour l'an 2000 j'ai eu une commande initié par la DRAC Montpellier, 180 petits tableaux de paysages en fragment comme un puzzle, redistribués aux habitant d'une commune. Et sinon, diverses expos, surtout en Lozère, et les département alentours, le plus loin à l'université Américaine de Paris.
Mais bon : très peu de vente, pas de défraiement - au bout d'un moment on songe juste à devenir serveuse de restaurant. Avec un patron anarchiste de préférence.

L'illustration : Depuis un moment on faisait des hapenings peinture dans les concert avec un ami. Nous avons eu l'occasion d'y rencontrer Matt Konture (dessinateur et scénariste français de bande dessinée ). Et ces dernières années j'ai trouvé plus amusant de faire des flyers pour les concerts ou des espèces de déco-installations pour les festivals plutôt que de rester dans un atelier de fortune à faire des tableaux sans public.
Le premier travail d'illustration c'est pour la première publication, en 2009, des Editions Horripeaux, une réédition de La Chute de la Maison Usher de Poe, avec une illustration musicale de Francis Gallon. Ca a dérivé sur un spectacle de lecture-musique-mix vidéo assez effrayant.

La musique : Avec la musique ça a toujours été une relation passionnelle mais pendant longtemps j'ai pensé qu'on ne pouvait faire qu'une chose de sa vie donc je me contentais d'en écouter et de m'en inspirer assez souvent; je veux dire quand on veut écrire ou dessiner il y a des déclics qui font remonter l'émotion issue du vécu, et il y a toujours de la musique à un moment ou un autre dans ce qu'on vit.
Et puis en ayant un compagnon batteur (Sebastien Daudé qui joue dans Pord et Hey!b) il y a eu plein d'instruments à la maison alors je me suis mise au piano, à la guitare, à la batterie, au chant, dans une sorte de boulimie d'apprentissage. J'aime les choses complexes et fines mais là-dedans il y a du violent, du méchant, du mélancolique, de l'épuré donc. Dans notre sonothèque on trouve Bach, Satie, Ferré, Whiatt, King Crimson, Les Beatles, Cure, Bauhaus, Beasties Boys, Fugazi, Jesus Lizzard, Meshuggah, Dazzling Killmen, Oxbow, Buckley, Sigur Ros, Katawumpus, Kourgane... et des Jazz women and men.

Soleil Cogne : Avec Seb, on a organisé pas mal de concerts (asso "Plein de Choses") et c'est à cette période qu'on a rencontré les Katawumpus. A un moment, ça se passait dans une cave, et on avait fait tout un décor sur des bâches, Pauline Magat a trouvé que c'était très organique comme lieu, et plus tard elle m'a demandé à voir d'autres dessins.

Pour Soleil Cogne, les membres de Katawumpus m'ont fait passer les différentes étapes - enregistrement de répétitions, morceaux abandonnés... - donc je baignais dans leur univers depuis un certain temps. Puis Pauline a choisi les morceaux pour chaque illustrateur, j'avais demandé des morceaux "graphiques", noir et blanc, car je m'étais replongée récemment dans la saga des frères Hernandez Love and Rockets et je voulais faire de la BD. Alors elle a sélectionné ce qui lui semblait correspondre et ça m'allait très bien.
Pour "Untitly 489" je suis partie sur des images qui me trottaient en tête , en essayant d'adapter le déroulement de l'histoire aux tension du morceaux. Pour "Powerpoint", c'est la musique qui a fait naître les images, et j'ai retrouvé des vieux dessins magmatiques qui m'ont servi de fond. La grande difficulté pour moi c'est de dessiner net pour la BD ; et de retrouver la même tête aux personnages suivant les postures différentes ; mais les cadrages et le déroulement de l'histoire sont venu assez facilement.
Avec un style de musique différent je pense que j'aurais envie de matériaux différents, pour moi la musique provoque d'abord des sensations au niveau "texture", avant de provoquer des images.

Le résultat est très surprenant, je trouve. Chacun est parti dans sa direction, et cependant des choses communes se retrouvent, course poursuite, violence, suspens, monde en vrac et créatures étranges... ce qui montre qu'au sein d'une même culture, images et sons se font écho.

Les projets : Avec tous ces gens partout qui griffonnent sur des bout de nappes, j'ai eu envie de faire un petit fanzine mensuel avec des textes et des images. Le premier n° est sorti fin août, ça s'appelle Twin Piches, et on le distribue sur les concerts. Le second n'est pas sorti car je me suis faite embarquer sur un montage de film dans l'équipe déco. Les spectacles liés aux éditions Horripeaux continuent, j'y fais de la projection. On a aussi un projet avec Seb, -batterie, electro et mix vidéo, dessins au rétroprojecteur- qu'on doit reprendre. Et puis ...me remettre à la peinture et à la fabrication d'objets car maintenant on a un petit local où j'ai pu installer tout le fourbi.

Le blog d'Axel
Le MySpace d'Axel

Xavier Rochedix


Xavier ROCHEDIX a 28 ans et habite à Lyon. Graphiste 2D et 3D dans une petite agence de 3 personnes, il est le créateur du terrible matou qui vous saute à le figure dans "Vieux Chat Maigre" et le dresseur du tentaculaire" Octopus".

La technique : J'ai un bac+3 en design produit, ce qui m'a formé au dessin manuscrit que je préfère souvent renforcer par de l'infographie.

L'illustration : L'illustration à proprement dit n'est pas mon métier puisque je suis graphiste et non illustrateur, je réalise souvent des affiches de concerts, flyers, logos. C'est la première fois que j'ai l'occasion de réaliser des illustrations et qu'elles soient publiées.

La musique : Je m'occupe depuis 8 ans d'un bar association ou nous programmons régulièrement des concerts (Une fois par mois minimum). J'ai pu programmer quelques groupes à tendance "rock noisy" voir "expérimental". Ce que j'aime aujourd'hui dans un groupe de musique c'est qu'il me surprenne. Il ne suffit pas de mélanger des styles comme font tous les groupes, il faut donner un son, une âme à son groupe, faire ressortir quelque chose. C'est pour cela que j'ai bien accroché avec les Katawumpus et que nous nous entendons bien.

Soleil Cogne : Je n'avais jamais travaillé sur un projet comme celui ci.
Sur la création d'autres visuels j'ai beaucoup travaillé sur les titres associés à un ressenti général du morceau. J'aime aussi beaucoup les effets de typos, c'est un exercice à la fois technique et créatif qui me convient parfaitement. Là, j'ai travaillé comme je travaille pour une affiche en fait.
Pour "Vieux Chat Maigre" par exemple, à la première écoute j'ai tout de suite accroché sur les premiers accords de guitares qui donnent froid dans le dos, du coup, j'ai illustré un chat sorti d'une affiche des Tales From the Crypt ou Contes de la Crypte ou bien des affiches des Cramps. Bien évidement, avec un autre style de musique je ferai quelque chose de différent.

C'était la volonté des Katawumpus de faire travailler des personnes avec des styles différents, nous avons travaillé chacun dans notre coin sans avoir une seule idée de ce que faisait l'autre (y compris les textes). Je trouve le résultat très satisfaisant, les personnes(auteurs) écoutent puis s'expriment sur la musique. Je trouve que le "livre objet" (associant livre illustré, écrits et musique) permet d'être accessible à un plus grand nombre de personnes.


Pas de site internet mais un contact mail: znapping@live.fr
En savoir plus sur Katawumpus,
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