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Green Day
Salle : LDLC Arena (Lyon)
Première partie :
Dans le dernier "live-report" rédigé sur Green Day, qui date d'il y a moins de deux ans, je pestais sur le non-renouvellement dans la setlist des américains qui, depuis plus de 10 ans, répètent, certes avec efficacité, leur show mais de manière un peu trop calibrée pour ceux qui, comme moi, ont eu l'occasion d'assister à plusieurs de leurs concerts.
Cette soirée du 5 juin 2024 était la promesse de casser cette redondance. Pourquoi ? Parce que le trio d'Oakland a annoncé vouloir célébrer en grande pompe les, respectivement, trentième et vingtième anniversaires de Dookie et American Idiot en interprétant les deux albums dans leur intégralité.
Rendez-vous donc à Décines, à l'Est de Lyon, dans la flambant neuve LDLC Arena pour l'une des deux dates françaises du "Saviors Tour". Quand on parle de "grande" salle de concert dans la capitale des Gaules, nul doute que personne ne regrettera la Halle Tony Garnier et son acoustique douteuse. La LDLC transpire d'une modernité bienvenue qui s'imposait pour offrir, à la province, une salle spectacle d'envergure calibrée pour que la musique live y trouve, enfin, son compte.
Si le concert affiche complet, il est intéressant de constater la très infime part d'adolescents présents parmi les quelques 16000 personnes qui forment l'assemblée du soir. Les doutes ne sont plus permis : Green Day est bel et bien devenu un groupe qui résonne dans les âmes nostalgiques. Leur participation en tête d'affiche du "When We Were Young Festival", en octobre dernier, étant la matérialisation explicite de ce qu'est Green Day en 2024.
Cela n'empêche pas Mike Dirnt, Tre Cool et Billie Joe Armstrong d'afficher leur enthousiasme au moment d'entrée sur la scène devant une foule chauffée à blanc par un "Bohemain Rhapsody" repris gaiement, par l'assemblée, en introduction du show. Derrière les guitares criardes de "The American Dream Is Killing Me", la scène laisse admirer un mur d'enceintes gigantesque auquel est greffé deux écrans avant qu'un gros nuage gonflable ne relie l'ensemble pour une reconstitution physique de la pochette de Dookie lorsque Armstrong déclenche les hostilités au son de "Burnout".
Green Day se lance, à guitares perdues, dans l'interprétation du disque sorti en 1994. Armstrong est en grande forme et cela s'entend vocalement, ses morsures vocales sont nombreuses et viennent rajouter une dose de tension à des titres qui pourtant n'en manquaient pas. Ainsi on se ramasse, pleine tête, un épique "Welcome To Paradise" avant que la foule ne se lâche complètement pour communier avec le groupe sur l'intemporel "Basket Case". On se régale des pépites jouées pour l'occasion "Sassafras Roots" ; "F.O.D." après un "In The End" dont la foule aura plus été captivée par l'avion gonflable qui les survolait que par la performance musicale magistrale du morceau.
Les titres s'enchainent vite, très vite. Si le spectacle visuel est présent, avec flammes et étincelles, le show est limpide et les interventions d'Armstrong, jouant avec le public à grands coups de "Hey-Oh", sont bien plus rares qu'à l'accoutumé, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
La partie Dookie s'achève sur la piste cachée "All By Myself", proposée dans une version orchestrale, interprétée par un Tre Cool candide emmitouflé dans sa cape et bondissant de part et d'autre de la scène.
Le concert reprend en intensité avec "Know Your Enemy". Si je ne suis absolument pas adepte du single sorti en 2009, il faut reconnaitre l'efficacité de ce dernier et sa propension hallucinante à retourner une assemblée complètement engagée dans l'intensité mise par les américains. L'enthousiasme du public qui ne retombera pas malgré un pan de la setlist dédié au dernier album du groupe : Saviors publié cette année. L'interprétation de "Look Ma No Brains", "Bobby Sox", "One Eyed Bastard" et surtout "Dilemma"confirme la qualité que nous vous partagions sur cette dernière production du trio californiens.
Après un "Brainstew" dantesque, la scène se meut à nouveau et c'est, cette fois-ci, une main tenant une grenade en forme de cœur qui se dresse derrière les six musiciens.
Green Day entame l'album American Idiot et fini de conquérir l'Arena au son des singles "American Idiot", "Holiday" et autre "Boulevard Of Broken Dreams". L'énergie dans la fosse retombe un petit peu le temps de contempler un merveilleux "Give Me Novacaine" jusqu'à imploser de nouveau sur l'électrisant "Letterbomb". Un poignant "Whatsername" parachève l'interprétation de l'album pour ce qui sera, pour moi, le temps fort du concert.
Green Day conclu sa performance sur les classiques "Minority" et le tube acoustique "Good Riddance (Time Of Your Life)" (joué avec une guitare complètement désaccordée) qui, comme il est de coutume, termine la soirée.
2h15 pour retracer 30 ans de la carrière d’un groupe qui aura définitivement marqué son époque. Le temps de deux albums Green Day replonge son public dans deux cycles musicaux distincts qui ravivent le feu nostalgique des spectateurs. Cette tournée permet de mettre l'accent sur des titres égarés. Le trio de Berkeley se reconnecte à la musique sans oublier leur sens inné du spectacle. Un concert au niveau des albums qu'il met en lumière : intense et communicatif.
La Setlist :
- The American Dream Is Killing Me
- Burnout
- Having a Blast
- Chump
- Longview
- Welcome to Paradise
- Pulling Teeth
- Basket Case
- She
- Sassafras Roots
- When I Come Around
- Coming Clean
- Emenius Sleepus
- In the End
- F.O.D.
- All by Myself
- Know Your Enemy
- Look Ma, No Brains!
- One Eyed Bastard
- Dilemma
- Bobby Sox
- Brain Stew
- American Idiot
- Jesus of Suburbia
- Holiday
- Boulevard of Broken Dreams
- Are We the Waiting
- St. Jimmy
- Give Me Novacaine
- She's a Rebel
- Extraordinary Girl
- Letterbomb
- Wake Me Up When September Ends
- Homecoming
- Whatsername
- Minority
- Good Riddance (Time of Your Life)