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Chronique Livre

Les Années New Wave 1978-1983 - JD Beauvallet


"La New Wave et en son sein, son saint son"
Mathilde, le 03/11/2022
( mots)

      Tel un historien du rock, Simon Reynolds parlait de la période dite "Post Punk" qu’il étendait de 1978 à 1984 dans l’indispensable ouvrage Rip It Up and Start Again. JD Beauvallet et sa plume plus sensible retire une année (1984) pour nous décrire la période "New Wave" - le Post-Punk étant sans doute une désignation davantage anglo-saxonne - qu’il a vécu de l’intérieur en allant vivre à Manchester alors qu’il avait à peine vingt ans.  On peut imaginer qu’en 2010, alors qu’il rédigeait la préface de Manchester Music City, l’ancien rédac' chef des Inrocks avait déjà l’envie de raconter sa version des faits/ d’effets. Après un édito exquis à lire dans ses jeux de mots allitérés, on s’introduit dans une antre sacrée, pas loin d’être secrète. JD écrit une véritable ode à la Nouvelle Vague.

  Dans les 80ies, Manchester est un paysage de désolation capturé en photos par Kevin Cummins. Elle a aussi un graphisme au tropisme un brin funéraire quand elle est désignée par Peter Saville, mais c’est pourtant une ville bouillonnante qui bat sous les cendres et les squats du quartier de Hulme, repère d'une économie souterraine et d’une vie d’étudiants dézinguée. C'est quand même dans ce même coin que nait le légendaire Factory Records. Le noir comme étendard, l’humour grinçant en interview, Margaret Thatcher comme cible du pouvoir établi: l’attitude est "anti happy" et "anti hippie" pour cette jeunesse tribale et badgée qui faisait de sa scène locale un réseau social vivant. Manchester c’est aussi Liverpool qui la talonne niveau talent et proximité géographique. Et puis Londres, et aussi de loin New York qui a largement participé au mouvement. La Nouvelle Vague est  à l'époque un (r)appel aux jeunes à quitter le droit chemin (le désordre punk en moins) pour faire des paroles des groupes qu'ils écoutent leurs propres opinions, et des pochettes de disques leur propre galerie d’art. "Des disques changent des vie", "Des instruments de musique changent des vies" atteste JD. Des concerts aussi changent la donne, comme celui du 4 juin 1976, qui regroupait les Sex Pistols et les Buzzcocks. 

  Comme nous le dit l'auteur, si on regarde autour de nous, c’est vrai, il n’existe pas de boutique spécialisée New-Wave car ce mouvement se réinvente, ne se fige pas dans des archétypes ou quelconque paramètre. Le costume gothique Halloween est aisé, mais c’est quoi se déguiser en quelqu’un de la Nouvelle Vague ? Eh bien c’est pas vraiment possible. Par son côté polymorphe, sa constante évolution, sa révolution et réinvention, la Nouvelle Vague casse les codes et accueille en son sein (et son saint son) les parias et autres discriminés, sans les juger. Les collèges d’art sont à l’origine en partie de cette ouverture d’esprit un brin érudite dans le fond. Mais vécue, elle est brute, violente et aussi rafraichissante. Sa formidable ouverture d'esprit  ne se donne comme limite que celle de ne pas s’en donner. Manchester et sa New Wave donne à JD son surnom, une identité, et même si elle lui amène des infections (dues à l’insalubrité des lieux à l’époque), la Nouvelle Vague rend l’auteur vivant.Tel un pêle-mêle, le livre de Beauvallet illustre la période de photos, de certains concerts clés, et nous propose des playlists pour découvrir les groupes cachés ou indispensables du mouvement. 

  D’une interview de Mick Jones en passant par un portrait de Daniel Millers ou une entrevue avec John Peel, c’est toutes les émergences musicales et ses acteurs déterminants que nous présente et pré-mâche JD, soit pour découvrir ce monde, soit pour en connaitre un peu plus ses secrets comme le ferait un greater avec sa ville. On y trouve des mini chroniques d’albums et des anecdotes priceless qui nous informent sur le groupe qui a largement inspiré U2 (: The Chameleons), ou sur la formation qui avait tout pour avoir autant de succès que U2 (: Echo and The Bunnymen). C’est pas pour s’acharner contre Bono (pour ça il existe le film Killing Bono) mais ça donne un aperçu du bouillon sous-jacent sur lequel s’appuient encore aujourd’hui les mega groupes. Oui, le livre Les Années New Wave rappelle le prix des pommes. Aller écouter la scène australienne aujourd’hui c’est se rappeler que les Go Betweens est l'un des groupes les plus mésestimés de l’histoire du rock. Les piliers du Clash et de la (Joy) Division ne sont pas oubliés, puisqu’ils étaient autant de rappels fondateurs à la rébellion ou au vide adulescent, qui concernent tout un chacun, au moins une fois dans sa vie. La New Wave est une New Family sur nuances de gris (bien avant le roman douteux).

      Les Années New Wave est un album photos personnel, accompagné d’un carnet de notes et de références. Pas besoin d’outro larmoyante, l’émotion jalonne les lignes documentées. Chacun en fait sa digestion, sa conclusion personnelle. New Wave, quoi. Que reste t-il aujourd’hui de l’Hacienda ? Pas grand chose de sa fonction originelle mais ce livre réveille tout de même l’envie d’y aller faire un tour, du côté de Manchester, y entreprendre un genre de pèlerinage pour aller voir si les ondes fraiches y émettent encore. Il y a quand même des lieux qui vibrent à de plus hautes fréquences que d’autres.

 

Les Années New Wave, de JD Beauvallet, sortie le 10 novembre 2022, aux éditions GM Editions


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Commentaires
W.Schmidt, le 11/11/2022 à 21:36
Erratum... The Chameleons ont revendiqué U2 comme influence et non l'inverse, une question de chronologie, peut-être...