Wet Willie
Wet Willie II
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1- Shout Bamalama / 2- Love Made Me / 3- Red Hot Chicken / 4- It Hurts Me Too / 5- Keep A Knockin' / 6- Airport / 7- Grits Ain't Groceries / 8- Shotgun Man / 9- Shaggi's Song
Depuis l’Alabama (et la Géorgie, le groupe enregistre à Macon, le fief des Allman Brothers), Wet Willie s’affaire à concevoir l’inconcevable : composer une musique très référencée, faite de blues, de RnB, de soul, de rock’n’roll et de jazz, tout à la rendant unique et personnelle. Leur premier album, Wet Willie, avait accompli ce petit exploit, bien qu’il n’eût pas le succès escompté : en 1971, il n’y avait guère de place pour un concurrent aux Allman Brothers dans le petit monde du southern rock, quand bien même Wet Willie se situe à la marge de cette catégorie.
En 1972, peu de choses changent, à l’exception d’une expérience scénique de plus en plus conséquente (aux côtés des Allman Brothers ou de Grand Funk, notamment) et de l’intégration d’un membre supplémentaire à la guitare, Wick Larsen – sans grande conséquence sur le style du combo (qu’il quitte d’ailleurs rapidement). Même écurie sudiste de référence (Capricorn), même base arrière à Macon aux côtés des Allman en pleine ascension… et très peu d’évolutions sur le plan musical, bien au contraire, hélas.
Wet Willie II est selon nous un album enregistré trop rapidement par un groupe en manque d’inspiration. Le combo se contente d’une réappropriation paresseuse des différents gimmicks issus de ses styles de prédilections. Preuve en est d’une liste interminable de reprises (quatre pistes sur neuf !) parmi lesquelles "Shout Bamalama" d’Otis Redding, certes énergique mais désuette (et garnie de choristes féminines trop présentes), "It Hurts Me Too" de Tampa Red, un blues-soul à papa mainte fois revisité, et le boogie rock’n’roll bien trop cuivré "Keep On Knockin'" (célèbre dans sa version de Little Richard). Si cela pouvait faire satisfaire l’auditeur moyen des années 1950, il semble qu’en 1972 le terme ringard soit à propos.
Et si la plupart compositions du groupe est un peu plus intéressante, Wet Willie ne déborde pas d’inventivité, qu’on pense à l’excité (et bien banal) "Shoutgun Man", à la ballade folk stonienne "Shaggi's Song" et même à "Love Made Me", qui suinte davantage le rock sudiste mais demeure trop ancré dans le boogie.
Heureusement, l’album gagne en splendeur grâce à la reprise du funky "Grits Ain't Groceries" de Little Milton (un titre composé par Titus Turner et déjà connue à travers l’interprétation de Little Willie John – sous le nom "All Around the Wolrd") - les deux guitares font ici un beau travail. Le registre cadencé réussit plutôt bien à Wet Willie, comme en témoignent l’instrumental "Red Hot Chicken" au pont latin-rock étonnant ou, de façon un peu plus apaisée, le mid tempo rock et jazzy "Airport".
À sa sortie, Wet Willie II n’avait pas vraiment trouvé son public : des décennies plus tard, l’auteur de ses lignes n’est pas davantage convaincu, bien qu’il soit certain que ces pièces conventionnelles puissent séduire plus d’un auditeur nostalgique.
À écouter : "Grits Ain't Groceries", "Red Hot Chicken", "Airport"