We Have Band

Alors même qu'on pensait découvrir un groupe électro de plus en 2010 sur la scène de la Cave aux Poètes, aux titres éphémères ("Honeytrap", "Oh", tirés de leur premier album WHB), We Have Band persiste et signe et nous revient avec Ternion. Un rapide coup d’œil en arrière rappelle que le succès fut rapide pour le trio new wave anglais. Darren Bancroft, Deborah (Dede) et Thomas Wegg-Prosser furent les coqueluches des parisiens avec deux titres sur les compilations Kitsuné ("Hear it the cans" - compilation 6, puis "Time after time" sur la compil' 7) en 2009. Ils enchaineront sur une tournée harassante (150 dates en deux ans) pour surfer sur le succès et profiter du buzz.

Mais ce qui semblait n'être qu'une collaboration entre amis s'avère finalement être un véritable projet à l'écoute de Ternion. Souvent le second album signe l'arrêt de mort d'un groupe. Ici, We have band pourrait rajouter un "A" sans ironie à son nom est se considérer comme tel : "a band". Sorti dans les bacs le 31 janvier 2012, Ternion est produit par Luke Smith (Foals - Total life Forever ). C'est donc sans surprises que les rythmes percutants prennent le dessus avec les dansants "After all","Waterlight","Tired of running". On retrouve avec autant de plaisir le duo des voix de Dede et de Darren sur une écriture plus travaillée et des textes plus personnels. Ternion bénéficie de plusieurs tubes : "Where are you people ?", "Rivers of blood" ou encore "What's mine, what's yours".

L'album est un subtil mix des eigties et des années 90, comme si New Order ("Visionnary") s'associait à Depeche Mode ("Still in the groove"). On pense aussi au duo prometteur John & Jehn exilés à Londres. Bien plus sophistiqué que WHB, Ternion se compose de titres plus créatifs et plus appliqués : le titre d’ouverture "Shift", "Pressure on", sorte d’essai dream pop, ou encore l’excellent "Waterlight" où les interrogations lyriques de Darren interpellent, soutenu par les chœurs tourbillonnants de Dede. Ecrit en tournée, Ternion démontre que We have band a désormais son style bien à lui. L’expérience de la vie partagée entre les longues heures de route, les sets débridés et les courtes nuits dans des hôtels anonymes, produit un résultat varié mélancolique et nostalgique, mais festif car soutenu par une rythmique enlevée. Le groupe a habilement recyclé l’énergie de leurs concerts dans leur nouvel album. L’arrivée d’un batteur qui les accompagne désormais sur scène, donne envie de les revoir rapidement en action.