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Critique d'album

Tennis


Pollen


(10/02/2023 - Mutually Detrimental - Indie Pop - Genre : Pop Rock)
Produit par Patrick Riley & Alaina Moore

1- Forbidden Doors / 2- Glorietta / 3- Let's Make a Mistake Tonight / 4- One Night with the Valet / 5- Pollen Song / 6- Hotel Valet / 7- Paper / 8- Gibraltar / 9- Never Been Wrong / 10- Pillow for a Cloud
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un sixième album toujours du bon côté de la frontière entre Pop acidulée et plaisir coupable"
Maxime L, le 16/02/2023
( mots)

Qu’est ce qu’un plaisir coupable ? Comme il s’agit d’une formule toute faite, il n’existe pas réellement de définition à proprement parler. Mes recherches en lignes m’ont donc amené sur cette explication de Mélissa Thériault, professeure de philosophie à l'Université du Québec à Trois-Rivières :


"C'est une expression qui dit le contraire de ce qu'elle est. Quand on a un plaisir coupable, c'est qu'on a un plaisir qui est sincère et qui devrait être vécu sans culpabilité. Un plaisir coupable est un sentiment qu'on ne devrait pas avoir, mais qui est plus fort que soi, comme si l'on ne devait pas apprécier une œuvre que l'on juge indigne de son estime, mais on ne peut faire autrement que de ressentir un plaisir "*.


C’est à la fois très juste, et cela va un peu plus loin que le fait de ne pas avouer l’écoute de tel ou tel artiste. Et lorsque j’évoque Tennis, dont j’ai déjà parlé sur ce site, l’idée du plaisir coupable n’est jamais très loin. D’ailleurs, Alaina Moore, chanteuse du duo, expliquait elle-même récemment qu’elle avait enfin le courage d’admettre que non, son disque favori all-time n’était pas Pet Sounds, mais bel et bien.. attention les yeux et les oreilles... l’album éponyme de Third Eye Blind. De quoi assumer même ses goûts les plus “audacieux”.


Mais sur des pages qui vantent les mérites du dernier Katatonia, parler du duo “d’indie-pop rétro vintage-chill” peut avoir quelque chose d’incongru. Et pourtant, si l’écoute de Tennis peut s’apparenter à une marche glissante sur une poutre surplombant le difficilement avouable, il y a toujours dans leur musique, des éléments sur lesquels se raccrocher (des mélodies !) et j’irais même plus loin, des choses sur lesquelles se reposer, et qui oui, nous permettent de prendre du plaisir, quelque soit son niveau de culpabilité.


Pollen est déjà le sixième disque du couple le plus glamour de disons, toute la scène de Denver dans un premier temps, et fait suite au très bon Swimmer en 2020. Non, ça ne sera sans doute pas le disque de l’année. Ça ne sera peut-être même pas leur meilleur album, mais c’est fichtrement exaltant d’écouter un disque de pop bien fichu, brillant (au sens lumineux du terme), dans un début d’année 2023 un peu faiblard sur le plan musical, et surtout à l’amorce d’un printemps qu’on n’en finit plus d’attendre.


Exit Pat Carney (batteur des Black Keys) qui avait produit leurs premiers disques (Young and Old notamment), les deux tourtereaux voguent désormais en duo aussi à la production, tout en ayant monté leur propre label, Mutually Detrimental depuis 2017.


Il y a quelque chose de réjouissant, presque réconfortant dans le parcours de ce couple, rencontré sur les bancs de l’université, et ayant fêté leur diplôme en partant 8 mois en mer, seuls sur un voilier (sur lequel ils ont composé leur premier opus). 12 ans plus tard, les voici amoureux comme au premier jour, distillant leur pop sucrée scintillante au rythme d’un album tous les deux ans, dans l’indifférence quasi générale, du moins de ce côté de l’Atlantique. Des looks rétro-kitchs complètement assumés, des coiffures coincées dans les années 60 (y compris pour Monsieur), et des visuels gentiment désuets (particulièrement ici) ; la démarche de Patrick Riley et d’Alaina Moore est cohérente depuis leurs débuts (et artistiquement très crédible), et musicalement, Pollen ne diffère absolument pas des sorties précédentes.


On appréciera l’efficacité d’un morceau comme “Glorietta”, aux influences très Cardigans, et où le flow d’Alaina lorgne vers le hip-hop sur le dernier tiers (ce qui est en soi presque une nouveauté). On dansera, si l’on ose, sur un titre, que dis-je un titre, un tube : “Let’s Make a Mistake Tonight”, véritable déclaration d’amour aux années 80 paillettées et colorées, avec une fois encore un refrain parfait et délicieusement régressif. Plus loin, Pollen Song” s’avère plus “classique”, moins flashy et davantage dans la lignée de l’excellent Young and Old, clairement construit quelque part dans les sixties. Et si les références du duo sont à cherche du côté des années 60 (du moins dans leurs déclarations), la voix d’Alaina Moore évoque sans embages celle d’une artiste, de retour dans l’actualité récente : la reine de la Pop. Que ce soit sur “Let’s Make a Mistake Tonight” ou sur les break parlés de “One Night with The Valet”, difficile de ne pas penser à Madonna, au moins pour ce qui est de la tessiture de la voix de Moore.


L’album est court, 35 minutes pour 10 titres, mais c’est une de ses qualités (à plus forte raison à l'ère du streaming et de l'opulence de musique) : peu de temps faibles, et Tennis parvient à dire l’essentiel en nous proposant une nouvelle fois une superbe collection de ritournelles pop sans fioritures et sans prétention, annonciatrices, si ce n’est d’un monde meilleur, d’un printemps accompagné de ses premiers véritables rayons de soleil.


On se plaira donc à écouter ce Pollen très fort, en voiture, fenêtre ouverte. Et on osera peut-être même, qui sait, ne pas baisser le son une fois arrivée au feu rouge.


 


À écouter : "Let's Make A Mistake Tonight", "Glorietta", "Paper"


 


*selon l'article ici

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