Poltergeist
Nachtmusik
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Est-ce ma passion soudaine pour le rock/Metal gothique qui me donne l’impression d’une explosion de groupes s’adonnant au genre ou assiste-t-on à un réel renouveau du style depuis le début des années 2020 ? L’histoire le dira sûrement, les commentaires aussi éventuellement, mais il est certain que de nombreux albums d’une très grande qualité ont surgi dans les bacs dernièrement, et notamment en cette année 2024 avec entre autres Never, Never Land d’Unto Others et Sub Rosa in Aeternum de Tribulation. En dehors de ces formations plus ou moins installées, de petits nouveaux émergent également des brumes mélancoliques du goth rock, à l’image des Canadiens de Poltergeist.
Le trio n’est pas complètement neuf puisque sa création remonte à 2019 et que sa consolidation a été permise par la pandémie. En ce qui nous concerne, nous l’avons découvert grâce à un split réalisé avec leur compatriotes de Spell en début d’année (A Waxing Moon Over Bablyon / Fall to Ruin). En dehors de leur nationalité commune, les deux combos partagent une même tendance gothique, si bien que certains titres de Poltergeist dévoilent une esthétique commune à celle de Spell (en plus d’un look assez proche) – le très bon "Burning Sword" ou "Will We Ever Live Again". Et comme Spell également, le groupe est le produit d’un passage du revival du Heavy traditionnel vers la scène gothique, puisque Kalen Baker provient du groupe Whyte Diamond, de Calgary, une ville qui dispose d’un vivier metallique assez riche (Traveler, Riot City).
La longueur du processus créatif permet d’aboutir à un album assez bien construit, avec une introduction cinématographique et angoissante au piano désaccordé ("Einfurung"), qui installe une ambiance cauchemardesque poursuivie par l’interlude sombre et angoissant aux claviers synthétiques et à la guitare virtuose ("Nachtmusik"), et conduit enfin à une conclusion aux effets tout aussi dissonants ("Dammerung (Outro)").
C’est ainsi qu’est encadré l’académisme 80’s de Poltergeist, aux forts relents New-Wave ("Cold In September", le léger "Swallowed by the Ocean", leur plus ancien single, "Walking Alone"), avec son lot d’effets sur les arpèges si bien maitrisés qu’il aboutit à l’excellent "Children of the Dark", à l’intersection entre The Clash et Depeche Mode. C’est sûrement pourquoi Kalen Baker peut faire de Poltergesit un groupe post-punk, même si leurs tubes gothiques, à la basse ronde mais agressive, aux arpèges clair-obscur et chantés à la voix grave, les rapprochent indéniablement d’Unto Others, une référence assumée du combo. Ils font parfois preuve d’autant de talent, comme en témoignent "Ethereal Nightmare", judicieusement choisi comme single, ou "Yesterday Fades".
Il est d’autant plus heureux de célébrer cette fin d’année sous le signe du rock gothique que de nouvelles formations voient le jour pour façonner le genre et assurer sa pérennité. Poltergeist peut ainsi faire figure de révélation parmi les jeunes pousses que l’on souhaite nombreuses.
À écouter : "Burning Sword", "Ethereal Nightmare", "Children of the Dark"