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Critique d'album

Nada Surf


Moon Mirror


(13/09/2024 - New West Records - Power Pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Second Skin / 2- In Front of Me Now / 3- Moon Mirror / 4- Los??ing / 5- Intel and Dreams / 6- The One You Want / 7- New Propeller / 8- Open Seas / 9- X Is You / 10- Give Me the Sun / 11- Floater
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Nada Surf (presque) à son meilleur. Indie power pop forever."
Nicolas, le 25/11/2024
( mots)

Quand on s’intéresse à un groupe qui a désormais dix albums studio à son actif, qui a su s’imposer sur la durée, se montrer qualitatif, constant, besogneux, sérieux tout au long de sa carrière, quand on sait que ledit groupe n’a jamais pondu le moindre mauvais disque, difficile de s’attendre à être surpris, en bien comme en mal. On abordait donc ce nouveau Nada Surf de la même manière que pour, allez, les cinq précédents : confiants, pas vraiment enthousiastes, persuadés de passer un bon voire un très bon moment en compagnie de la power pop mâtinée d’indie des New Yorkais. La surprise, positive qui plus est, à la découverte de ce Moon Mirror, ne s’en est révélée que plus appréciable.

Bien sûr, un petit coup d’œil dans le rétroviseur s’impose. Voilà quarante ans que Matthew Caws et Daniel Lorca sillonnent le circuit, avec des débuts assez tonitruants en période post grunge via le Rick Ocasek qui a lancé Weezer (High/Low avec son l’inénarrable “Popular”) et une survie précoce menacée par les ventes jugées médiocres de The Proximity Effect, avec à la clé une éjection du label Elektra. Qu’à cela ne tienne, les membres ont repris une activité professionnelle normale tout en peaufinant leur magnum opus, en toute liberté et en toute indépendance, Let Go, un disque qui brille encore aujourd’hui comme l’une des clés de voûte de tout l’alt-rock indé américain des années 2000. À partir de là, chaque nouveau disque de Nada Surf a toujours été comparé à ce troisième LP, systématiquement à la baisse mais parfois de peu. On se souvient entre autres de Lucky, produit par Chris Walla et épaulé au chant par Ben Gibbard (tous deux des Death Cab For Cutie), très proche d’égaler la qualité de Let Go et confirmant par ailleurs la tendance des trois (et désormais quatre) américains à délaisser la power pop naïve de ses débuts pour viser une musique plus fine, délicieuse d’atermoiements post-adolescents, servie fort à propos par la voix toujours aussi juvénile de Caws que les années ne parviennent décidément pas à ébrécher. Et les albums de se succéder, The Stars Are Indifferent To Astronomy, You Know Who You Are, Never Not Together, et c’est toujours aussi bon sans pour autant flirter avec le sensationnel. Mais aujourd’hui, on s’en rapproche.

Ne pas s’arrêter aux candides “Second Skin” et “In Front Of Me Now”, deux titres efficaces et légers dans l’intention, plus doux qu’amers, à la tonalité volontiers joyeuse et optimiste, tranquilles et détendus, car on sait les Nada Surf capables de brasser des émotions autrement plus complexes. Ces deux morceaux demeurent bons mais sont loin de nous préparer à ce qui va suivre. La qualité monte déjà d’un bon cran avec “Moon Mirror”, renouant avec la fibre sereinement mélancolique de Let Go, teintes semi-acoustiques consolantes alliées à une savante réverb’ et de tendres étreintes de synthé, tension émotionnelle poignante entre détachement et souffrance, tout fonctionne au poil. Quand “Losing” recycle le riff inaugural de “Second Skin” (Nada Surf est coutumier du fait, mais chez eux, étrangement, ça ne choque pas), la chaleur revient avec une sorte de résignation gaie. Voilà une entame qui ne laisse pas indifférent, mais la vraie plus value du disque se situe plus loin.

“Intel and Dreams” s’énerve avec morgue, ça pulse, ça bastonne, ça fout la niaque, mais toujours avec sérénité et évidence : Weezer concurrencé avec classe sur son propre terrain. Pourtant, là où Nada Surf s’envole, c’est soit quand il s’éloigne de ses archétypes et qu’il prend des risques, soit quand il tutoie sa propre légende. Le premier exemple se concrétise avec le fabuleux “The One You Want”, batterie tonique, guitare piquée, violons soyeux, contraste entre un couplet anxieux et un refrain libérateur, ça vole très très haut. Ou encore avec le superbe “X Is You”, savant alliage de guitares rugissantes et de piano cadencé, avec le songwriting ad-hoc qui plane à cent mille. Le second prend la forme du génialissime “New Propeller”, encore meilleur que les toutes meilleures réalisations de Benjamin Gibbard et son taxi mortel, merveille d’écriture, d’arrangements tout en caresses pudiques. Sans doute le meilleur titre écrit par Nada Surf, carrément. Mais le conclusif “Floater”, nimbé dans ses délicats arpèges dégressifs et ses claviers ouatés, n’est pas en reste et lui tient la dragée haute : c’est beau, c’est poignant, c’est entêtant à souhait. Ailleurs il n’y a plus qu’à convoquer l’esprit des années 2000, ce subtil équilibre entre power pop racée et indie rock intelligent, et ça donne “Open Seas” et “Give Me The Sun”, capables de rouler des mécaniques comme d’ouvrir leur âme, sur le fil entre puissance et émotion.

C’est cette balance entre rock songs charnues et balades sensibles qui épate sur ce numéro 10, mais aussi son écriture plus fine que d’habitude qui fait que Nada Surf parvient ici à se hisser au-dessus de sa propre nasse. Dommage que l’entame ne soit pas aussi forte que le reste du disque car on flirtait là avec une nouvelle œuvre disque d’exception, un nouveau classique. On n’en est pas loin, remarquez, alors pourquoi bouder notre plaisir ? Moon Mirror, meilleur disque de Nada Surf depuis Let Go ? La réponse est oui, et sans le moindre doute possible. Alors foncez sans vous poser de question, les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, dans ce grand bain de nostalgie post-adolescente à l’ancienne.


À écouter : "Moon Mirror", "New Propeller", "The One You Want", "X Is You", "Intel and Dreams", "Floater", and so on

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