Horseburner
Voice of Storms
Produit par
1- Summer's Bride / 2- The Gift / 3- Heaven’s Eye / 4- The Fawn / 5- Hidden Bridges / 6- Palisades / 7- Diana / 8- Silver Arrows / 9- Widow (The Hunt & the Prize)
Si comme moi vous n’en tenez plus de voir arriver dans les bacs le prochain Mastodon (a priori les choses avancent) et que vous avez déjà extrait la substantifique moelle de STONE (2023) de Baroness, Voice of Storms de Horseburner pourrait vous aider à attendre un peu. Car avec ce qui est déjà leur quatrième album, le combo de Virginie occidentale s’impose encore un peu plus comme une référence dans cette hybridation entre le Sludge et le Metal progressif, si bien que c’est une peu honteusement que je dois avouer découvrir le groupe avec ce nouvel opus magistralement illustré par Brian Mercer. Ce dernier est d’ailleurs bien connu de la scène Metal pour avoir prêté ses talents à plusieurs formations dont Lamb of God qui vient justement de signer une collaboration avec Mastodon ("Floods of Triton").
Aux titres plus concis et efficaces, Voice of Storms oppose des suites épiques bien plus étendues, le tout articulé à l’aide de finitions minutieuses à l’image du titre introductif (l’ouverture spatiale "Summer’s Bride"), de la transition éthérée "Silver Arrows" et de la petite perle folk "The Fawn", aux accents Opeth-iens bienvenus.
Côté terre, Horseburner offre quelques morceaux de choix, tous autour des cinq minutes. Très Heavy, "The Gift" associe des riffs rapides à la saturation Doom, et évoque immédiatement Mastodon jusque dans sa construction complexe faite de multiples rebondissements et de lignes orientalisantes. Puis sans transition, "Heaven’s Eye" commence sur une traine aérienne et mystérieuse, pour proposer un déroulé plus constant mais variant différentes phases au rythme balancé. "Palisades" enfin, qui mise sur la vélocité, s’avère plutôt alambiqué et violent.
Côté mer, de longues pièces donnent l’occasion à Horseburner de dévoiler l’étendue de son talent. "Diana" raffine le stoner désertique à l’aide des twin-guitars, et joue du contraste entre d’un côté le chant caverneux voire brutal, associé aux ruptures rythmiques sludge et aux riffs doomesques, et de l’autre un déferlement épique de lignes mélodiques évoluant vers un final au violoncelle. Plus pachydermique encore, "Hidden Bridges" est d’abord écrasant, mais il gagne en subtilité grâce à des lignes serpentines, à une alternance entre les différents registres vocaux et aux riffs et arpèges qui se dirigent vers une phase quasi planante au moment du chorus – on est vraiment dans la lignée du dernier Mastodon auquel on aurait ajouté des guitares jumelles à la Kvelertak. L’opus monte encore en puissance avec "Widow (The Hunt & the Prize)", ultime composition de près de dix minutes qui accroît encore leur écriture progressive (le cor apporte une dimension presque symphonique sans en faire trop), et met en avant des soli et des lignes de guitares admirables.
Sans entraîner l’auditeur vers un territoire inconnu, Horseburner propose ici un très bel album dans un genre où peu de formations parviennent à se démarquer. À l’aide d’une meilleure production et de compositions plus excellentes encore, il pourra sans difficulté s’approcher davantage de son prestigieux modèle pour notre plus grand plaisir.
À écouter : "Diana", "Hidden Bridges", "Heaven’s Eye"