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Critique d'album

Kvelertak


Endling


(08/09/2023 - - Black 'N Roll - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Krøterveg Te Helvete / 2- Fedrekult / 3- Likvoke / 4- Motsols / 5- Døgeniktens Kvad / 6- Endling / 7- Skoggangr / 8- Paranoia 297 / 9- Svart September / 10- Morild
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les hiboux se tiennent rangés, Ainsi que des dieux étrangers, Dardant leur oeil rouge"
François, le 03/10/2023
( mots)

Né pendant la guerre d’une mère norvégienne et d’un père soldat allemand, Helmut Von Botnlaus a vu le jour en pleine nature, sans baptême, caché des hommes pour éviter qu’il ne subisse les stigmates de sa conception collaboratrice, élevé loin du monde comme un enfant sauvage, et finalement abandonné par sa génitrice. Avec pour berceau la forêt et les rivières, il se forge un destin d’opposant politique écologiste, protégeant son environnement de toute invasion humaine. Il demeure invisible, mystérieux, si ce ne sont quelques témoignages épars dont les derniers en date évoquent son combat donquichottesque contre les éoliennes.


Helmut Von Botnlaus est la principale source d’inspiration d’Endling, cinquième album de Kverlertak. Il est même le protagoniste de certains titres comme "Skoggangr", qui symbolise sa naissance en plein conflit mondial par une tournure militaire (mélodie et batterie de fanfare) dont la rencontre avec la richesse du dispositif à trois guitares densifie un morceau à l’approche assez directe voire black’n’roll.


L’histoire d’Helmut Von Botnlaus, comme les diverses thématiques de l’album, rappellent le rapport des Norvégiens à la nature. Proche de la wilderness américaine, cette conception intègre la nature à la culture nationale où elle se confond avec l’histoire longue des mythes scandinaves. Les paysage magnifique, les conditions difficiles, méritent d’autant plus le respect qu’ils apportent aux descendants des vikings de quoi survivre (le pays exporte de l’électricité hydraulique grâce à l’énergie tirée des fjords).


Cette célébration de la nature norvégienne croise l’attachement du groupe à la langue vernaculaire à laquelle l’hommage est rendu par un chant criard : mais cette caractéristique issue de Metal extrême comme l’usage du norvégien ne doivent pas être des motifs pour passer son chemin. Comme Splid en 2020, dont nous avions chanté les louanges et qui reste un album de chevet, Endling se trouve dans le haut du panier de la production musicale actuelle. La richesse de leur musique est telle qu’après un premier effort vite récompensé, elle finit par s’avérer plus accessible qu’il n’y paraît.


Cette aptitude à s’ouvrir au-delà du seul Metal extrême et à convaincre les mélomanes frileux aux titres alambiqués, était déjà la force de Splid ; certains titres auraient d’ailleurs pu figurer sur cet album. Le processus de composition avait commencé dès 2020 et je ne serai pas surpris d’apprendre que "Motsols" ou "Endling", avec ses arpèges lumineux et ses mélodies modernes, figurent parmi les premiers titres composés et ainsi portés par la dynamique de l’album précédent. Parmi les morceaux les plus évidents, on notera aussi "Livkoke", dans un registre proche des derniers Mastodon (rappelons que Sanders avaient prêté sa voix pour un titre de Splid), et "Fedrekult", très accrocheur tout en laissant percevoir la violence du propos (avec un pont black par exemple) et se permettant des hybridations inattendues. Sur "Svard September" enfin, qui est une évocation des attentats de septembre 1972, le contraste entre la ballade folk mélancolique introductive et la suite beaucoup plus Heavy fonctionne très bien.


Revenons un peu sur les thèmes de l’album et la façon dont la musique en enrichit leur portée. "Krøterveg Te Helvete" s’inspire du passé et des mythes de la Norvège au profit d’une critique politique de l’évolution de leur pays (et non d’une célébration patriotique) : Odin, le Rogaland, Eric Bloodaxe, Fenrir, le stev (une forme de chant folklorique en quatrain) et finalement, un "Kvelertak" sec et puissant comme un cri de guerre. Le titre est augmenté d’une longue introduction par rapport au single, ce qui permet d’installer l’ambiance générale de l’album. Le riff principal est beaucoup plus rock’n’roll et les refrains proches de l’action-rock des Hellacopters, ce qui rappelle leur qualification initiale de black’n’roll (de moins en moins pertinente), mais la force des guitares multiples et de leurs ponts arpégés étoffent grandement la composition. D’autres thèmes sont abordés, comme la drogue et les problèmes psys sur "Paranoia 297", titre au riff Heavy oldschool et à la fougue minimaliste presque punk, (on notera un petit pont dominé par la section rythmique parfaitement adapté). L’intitulé comme certaines images (de ce que nous pouvons en comprendre grâce aux traducteurs) s’avèrent proches de celles de Thiéfaine, bien que cette intertextualité soit purement artificielle.


L’introduction Black-metal de "Døgeniktens Kvade" ne laisse pas imaginer l’arrivée d’un banjo qui installe un plan répétitif pendant que la guitare joue du triton et installe la brutalité (réelle) de la première partie. Entre ponts et final épiques, ruptures et variations nombreuses, black-country et réminiscences folk, le titre sublime le combat contre les politiciens et les lobbyistes comme la misanthropie technophobique d’Helmut Von Botnlaus, Diogène des temps modernes. Ici, les aspérités folk font écho au discours écologique. "Morild", un tango aux fioritures guitaristiques sinueuses et serpentines, qui bascule dans midtempo très mélodique, met en musique le dernier combat d’Helmut, que les chœurs clairs en final rendent crépusculaire.


Leur ombre découpée dans l’aube rouge qui se lève, les hiboux, animal-totem du groupe, se dressent mystérieusement et montent la garde face aux rats envahisseurs : ce combat figure parmi les illustrations de l’album. C’est aussi une métaphore de la vie d’ Helmut Von Botnlaus, gardien vigilant de la nature en lutte contre l’invasion des investisseurs cupides. Reste à savoir s’il a vraiment existé et, même si le groupe l’assure, le mystère reste entier. Une autre question nous vient à l’esprit, mais elle frise l’extrapolation. Les rats, Kvelertak qui signifie "étranglement", le rouge et le noir … Y’aurait-il ici un hommage au Stranglers, eux qui avaient d’ailleurs fait référence à la culture scandinave à de nombreuses reprises ? Tout cela reste dérisoire : l’essentiel réside dans ces dix pistes qui forment ce nouveau chef-d’œuvre.


À écouter : "Døgeniktens Kvade", "Morild", "Livkoke"

Commentaires
FrancoisAR, le 12/10/2023 à 13:15
hyper content de lire ton commentaire ! Tu peux écouter celui d'avant, encore meilleur, et celui d'encore avant, épique, puis les deux premiers qui se laissent d'autant plus apprécier, quand on n'est pas issus de la scène extrême, une fois qu'on est passé par leurs dernières prod.
JulienAR, le 12/10/2023 à 10:30
Ayant toujours eu un frein (un peu bête) sur les groupes qui ne chantent pas en Anglais ou Français , cette très belle chronique m’a propulsé dans les bras de ce disque et quelle claque ! Un savamment mélangé détonnant de Heavy/Punk et Black métal. Gros coup de cœur, avec une mention particulière pour les morceaux “ Døgeniktens Kvad” , “Fedrekult” et “Morlid”