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Critique d'album

The Pineapple Thief


Dissolution


(31/08/2018 - Kscope - New Prog - Genre : Rock)
Produit par Bruce Soord

1- Not Naming Any Names / 2- Try As I Might / 3- Threatening War / 4- Uncovering Your Tracks / 5- All That You've Got / 6- Far Below / 7- Pillar of Salt / 8- White Mist / 9- Shed a Light
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"La paire Soord - Harrison livre un album inégal qui ne parvient pas à recréer l'exploit de Your Wilderness"
Nicolas, le 02/10/2018
( mots)

On avait laissé Bruce Soord sur un succès retentissant avec Your Wilderness, son plus haut fait d’arme depuis son arrivée chez Kscope, au point même que The Pineapple Thief a (enfin) réussi à glaner une oreille curieuse de la part de la presse musicale mainstream. Une question demeurait en suspens malgré tout : qu’allait devenir Gavin Harrison ? L’ex batteur de Porcupine Tree apportait en effet énormément au rock sensible et morose de Soord, et l’on craignait alors que Your Wilderness demeure un one shot, une simple association éphémère de talents. Quel n’a pas été notre soulagement en apprenant que l’ami Gavin remettait le couvert cette fois-ci, et si on lit entre les lignes, il semblerait qu’il ait désormais signé un contrat à durée indéterminée chez le Voleur d’Ananas. Chouette, certes, mais la même recette allait-elle donner le même résultat ? Dissolution, quoique de bonne tenue, apporte une réponse contrastée à cette légitime interrogation.


On n’aura de cesse de répéter une évidence : The Pineapple Thief constitue un groupe majeur pour qui apprécie le rock progressif moderne. Parce qu’il est d’une totale modernité, déjà, marchant sur les pas de ténors comme Radiohead ou Steven Wilson, avec cette fibre prog solidement chevillée à une verve pop constituant l’ADN du projet. Et parce qu’il est talentueux : sur douze albums studio (en dix-neuf ans d’existence, belle moyenne), les trois quarts au moins méritent que l’on s’y attarde sérieusement. En particulier Your Wilderness qui, pour la première fois depuis les débuts solo de Soord, tirait parti d’un second cador du milieu, un batteur fabuleux tout autant qu’un musicien complet et accompli. Avec Gavin Harrison, TPT s’était trouvé bien plus qu’un cogneur : il s’était créé un contrepoint, élément nécessaire à l’instauration d’un dialogue dans sa musique. Ainsi, si les dix premiers disques des anglais avaient été élaborés quasiment seuls en studio par leur figure tutélaire, l’arrivée de l’ex-Porcupine Tree a changé la donne et réorienté la musique de la formation vers une œuvre plus collective, moins personnelle sans doute mais pas certains côtés plus efficiente. C’est à la fois la force et la faiblesse de ce Dissolution.


Qu’est-ce qui a changé depuis Your Wilderness ? C’est simple : Steven Wilson a percé dans le mainstream, enterrant ainsi quasi définitivement - et cette fois, il va bien falloir se faire une raison - tout espoir de voir Porcupine Tree se reformer un jour. D’où quelque part la “signature” de Gavin Harrison dans l’écurie Soord. D’où aussi l’idée que la place du roi est désormais vacante, et forcément, on s’étonne à peine que The Pineapple Thief, sur cette nouvelle galette, sonne étrangement comme l’ancien arbre à porc-épic. La sensibilité, la fragilité même de son prédécesseur laisse place à un rock plus sûr de lui, en témoigne un “Try As I Might” dont les riffs acoustiques hachés se font phagocyter par une chape de cordes metal qui balaie tout sur son passage, avec le petit solo de guitare lyrique qui va bien en fin de piste. Dès lors, le titre a beau renverser la vapeur sur son refrain (tout en gracilité), rien n’y fait : on pense au premier groupe de Wilson, ce qui n’est pas forcément un mal dans le cas présent. Pour autant, Bruce Soord n’excelle jamais véritablement lorsque qu’il s’impose des oeillères ou qu’il se fixe une feuille de route qui diffère de ses allants naturels. Rien d’indigent ici, mais “Try As I Might” ne convainc pas complètement. C’est déjà mieux avec “Threatening War” qui, sur le même moule, lance son refrain épique grâce à des couplets délicats et artistiquement ciselés puis un développement instrumental prog-metal tirant parti de la prodigieuse variété de frappes d’Harrison. Mais la frontalité trouve son meilleur ambassadeur avec “Far Below” qui, un peu après le milieu du disque, sonne pour le coup comme un authentique morceau du Voleur d’Ananas avec sa mesure asymétrique, ses riffs saucissonnés et larsennisés tendance alt-rock et son superbe pont ascensionnel à l’ambiance psyché. Des larsens, il y en a aussi à foison dans le tonique “All That You’ve Got”, mais ils peinent pour le coup à épicer un mélodie un peu mièvre. Donc le constat des morceaux voulus “forts” de ce disque se montre contrasté, à tout le moins. The Pineapple Thief sera-t-il jamais un groupe efficient ? Probablement pas (cf l'échec cuisant qu'est Magnolia pour l'auteur de ces lignes), et il ne tient qu’à Soord de s’en rendre compte.


Pour autant, ne vous y trompez pas, Dissolution mérite qu’on lui laisse sa chance. Déjà parce que quand Soord renoue avec l’épure, il retrouve une belle formule gagnante. C’est vrai pour les “interludes” piano-voix (“Not Naming Any Names”) et guitare sèche-voix (“Pillar Of Salt”), tous deux brefs mais poignants. C’est vrai aussi pour la seule balade du lot, “Shed A Light”, au bas mot sublime. Mais Dissolution vaut surtout pour une véritable perle, le sublime “White Mist” : avec ses onze minutes au compteur, le titre se pose en contrepoint du déjà fabuleux “The Final Thing On My Mind” de Your Wilderness et, par certains côtés, va même encore au-delà. C’est vraiment lorsque Soord laisse parler sa sensibilité progressive qu’il touche au but, d’autant que le jeu subtil de Gavin Harrison s’exprime davantage dans ce registre. Rien que pour cette fresque, Dissolution mérite la découverte. Pour le reste, sachez que Bruce Soord a déjà commis mieux, et sachez que son œuvre précédente  se montre d’une toute autre envergure. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir : il y a un vrai niveau ici, et une vraie déclaration d’intention. Mais si Soord veut ravir durablement le trône de champion du prock rock moderne, il va devoir cesser de vouloir passer pour celui qu’il n’est pas et simplement accepter de se livrer dans sa simplicité, sa finesse et son talent. Pas essayer de singer celui des autres...

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