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Critique d'album

Interpol


Marauder


(24/08/2018 - Matador - néo cold wave - Genre : Rock)
Produit par Dave Fridmann

1- If You Really Love Nothing / 2- The Rover / 3- Complications / 4- Flight of Fancy / 5- Stay in Touch / 6- Interlude 1 / 7- Mountain Child / 8- Nysmaw / 9- Surveillance / 10- Number 10 / 11- Party's Over / 12- Interlude 2 / 13- It Probably Matters
Note de 4/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Un Interpol mineur qui n'augure rien de bon pour l'avenir des new yorkais"
Nicolas, le 20/09/2018
( mots)

Curieux de constater comme certaines remarques pertinentes ne prennent leur pleine signification qu’a posteriori. Lorsqu’El Pintor est sorti en 2014, moi-même et Kévin avions partagé des points de vue diamétralement opposés sur cette cinquième galette d’Interpol. Mais là où le féru de rock qui ne s’était pas attardé outre mesure sur la discographie des new yorkais avait loué un album tonique et mélodique mis en valeur par une flamboyante guitare, le vrai fan de la Paul Banks Team avait mis le doigt sur la dissolution du collectif faisant suite au départ du bassiste Carlos Dengler qui n’avait profité qu’au seul gratteux Daniel Kessler, avec pour résultante une singulière disparition des morceaux d’ambiance, une carence de variété, une efficacité prenant le pas sur l’émotion, en clair : une désolante perte d’identité. En définitive, nous avions tous les deux raisons à notre façon, car le parti-pris “survie” d’El Pintor, servi par une production claire et acérée, insufflait aux compositions de ce disque un allant, une tenue qui parvenait réellement à faire illusion. Ce renouveau, axé sur une rééquilibration du trio guitare-basse-batterie vers la six-cordes, parvenait à sonner juste et à se montrer attrayant par bien des aspects, et en cela, mes récentes réécoutes d’El Pintor ne me feront pas changer d’avis. Mais le constat s’avère nettement moins reluisant avec Marauder.


Pourtant le parti-pris des deux albums se révèle rigoureusement identique, à deux exceptions près. D’une part la production se révèle ici plus brumeuse, renouant avec la noirceur inaugurale de Turn On The Bright Lights que le groupe a dignement fêté sur scène il y a quelques mois de ça pour son quinzième anniversaire. En résulte des instruments davantage noyés dans la masse, un chant moins percutant et, paradoxalement, une basse qui ressort mieux au mixage, or tout le monde s’accorde sur le fait que la basse n’est plus un point fort d’Interpol. D’autre part Kessler semble avoir justement entendu les critiques l’accusant de tirer toute la couverture à lui après le départ de Carlos D : il renoue donc avec davantage d’épure. Son jeu en arpège demeure omniprésent, mais les overdubs se montrent nettement moins employés que sur El Pintor, avec un résultat plus brut, plus rock pourrait-on dire, mais moins étincelant. Là-dessus, c’est un fait, les new-yorkais semblent définitivement avoir tourné le dos à la nuance. (Next) Exit les down tempos, on l’a dit, et comment pourrait-il en être autrement vu que c’est justement Dengler qui était à l’origine de ce genre d’arrangements ? Ainsi, la seule tempérance du disque, à savoir l’intro toute en feedback hagard de “Number 10”, n’est qu’un trompe l’œil qui cède le pas à un titre rouleau compresseur. Certes il y a quelques tentatives de respiration au sein de deux interludes, plutôt réussis mais trop brefs pour peser dans la balance. Kévin l’a dit, le bassiste à mèche noire manque grandement à Interpol, autant par ses lignes de basses chaloupées et variées - Peter Hook like - que par ses contributions au synthétiseur qui, de facto, ont totalement disparu des radars. Or même s’il demeure impérial au micro avec son grain de baryton acide, Paul Banks joue de la basse comme d’une guitare : avec sérieux, puissance, mais sans aucune personnalité. Ça fonctionne sur les titres enlevés et frontaux (au hasard justement : “Number 10”, très honorable dans le registre), mais ça ne marche plus du tout dès qu’il faut imprimer du swing aux morceaux (“The Rover”, désespérant à la quatre cordes).


Par ailleurs, cela a été maintes fois soulevé, Interpol n’est justement pas dans son élément lorsqu’il essaye de titiller les charts et de sonner mainstream. C’est un groupe qui sait tisser des atmosphères, qui excelle dans l’ambiance, la prégnance, mais qui peine à toucher au cœur de but en blanc. La faute sans doute à des lignes de chants pas suffisamment lisibles tant en termes de mélodie pure que de clarté vocale. Or si El Pintor tempérait cette carence par le jeu sémillant de Kessler, Marauder sonne plutôt, pour chercher une analogie revival cold / new-wave, comme un Killers de la belle époque mais qui n’aurait pas l’acuité et la morgue d’un Brandon Flowers. Même si le carré de Las Vegas n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui, on se souviendra tout de même d’une paire d’albums fort honnêtes, et ce sixième disque des new yorkais leur emboîte le pas (les synthés en moins). Alors ce n’est bien sûr pas désagréable en soi, et c’est même parfois délectable : des titres comme “Stay In Touch”, avec sa gradation de force et sa variété d’effets de guitare, ou encore “Surveillance” et son mode majeur en mode tristesse accompagnée de sa coda futée, font mouche au bout de quelques écoutes. Mais le cap de l’excellence n’est que rarement franchi. Ça vaut pour l’introductif “If You Really Love Nothing” qui se laisse aisément goûter par son refrain en contrepied du couplet (rupture de mode, aggravation) tout comme de nombre de ses successeurs, le gouailleur “Complications”, le robuste “Flight Of Fancy” : rien de mauvais, mais rien de remarquable et encore moins de mémorable. Ça fonctionne, ça ronronne, mais ça fait le service minimum. Comme par ailleurs certains titres se montrent en retrait (“Mountain Child”, “Party’s Over”, plus pauvres en terme de mélodie), l’ensemble ne suscite au final ni emballement, ni adhésion pleine et entière. Symbole de ce niveau se maintenant juste au-dessus de la moyenne, “The Rover” renoue avec l’efficacité de titres comme “The Heimlich Maneuver” ou “Barricade”, mais l’inspiration fait défaut et l’ensemble peine à décoller. Au final, Marauder n’est pas un mauvais disque, on passe même un bon moment en sa compagnie. Mais il ne suscite pas de folles émotions et, compte tenu de la situation personnelle du groupe, on a peine à croire que d’autres Turn On The Bright Lights ou d’autres Antics (encore meilleur que le disque précité, du point de vue de votre serviteur) voient jamais le jour. À Daniel Kessler et Paul Banks de nous faire mentir...

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Commentaires
Kevin, le 21/09/2018 à 15:56
Merci pour la référence ! Cet album, ce ne sera pas une surprise, est pour moi un ratage au moins équivalent à El Pintor. Mais plus que pour son esthétique très incertaine, c'est surtout, et tu l'as bien signalé, pour son inspiration proche du néant du début à la fin. Il y a franchement très peu de bonnes idées dans cet album, et même les mauvaises viennent à manquer. En fait il n'y a pas d'idée tout court. C'est en roue libre sans relief.
fluidradio, le 28/08/2018 à 09:38
on entend bien dès la 1ere écoute que la production a changé..cependant, après la 3eme ou 4eme on a aucune peine a reconnaitre la patte des New Yorkais. Les rythmes de guitares de Banks, les rifs de Kessler et le boucan métronomique de Fogarino sur ses futs nous éclabousse de rock n' roll!! c'est encore une réussite presque aussi aboutie que El Pintor! Vivement le 7eme Album!!!