↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Answer


Solas


(28/10/2016 - Andy Bradfield / Avril Mackintosh - Hard'n'Roll - Genre : Rock)
Produit par Napalm Records

1- Solas / 2- Beautiful World / 3- Battle Cry / 4- Untrue Colour / 5- In This Light / 6- Thief Of Light / 7- Being Begotten / 8- Left Me Standing / 9- Demon Driven Man / 10- Real Life Dreamers / 11- Tunnel / 12- In This Land (Acoustic Bonus Track) / 13- Light In Darkness (Demo Bonus Track) / 14- Money (Pink Floyd Cover)
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (11 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Le miracle irlandais"
Nicolas, le 18/11/2016
( mots)

“Miracle : acte de la puissance divine contraire aux lois connues de la nature.” En terme de rock, la loi naturelle est la suivante : si un groupe, après un premier album intéressant, ne parvient pas à se transcender et à passer au pallier supérieur au bout de, allez, deux essais supplémentaires au grand maximum, c’est qu’il ne vaut pas tripette. Le miracle, pour The Answer, se pose là : un disque séminal faisant revivre un honnête hard rock à l’ancienne et permettant aux irlandais de se faire remarquer par AC/DC et de les accompagner en tournée, puis quatre successeurs rebattant les mêmes cartes sans y apporter la moindre plus-value, voire même dénaturant son matériau originel par carence créative, et un déclic survenu contre toute attente au sixième (!) opus. Si donc vous aviez cessé de vous intéresser à Cormac Neeson et à ses lieutenants - et en cela, on ne saurait vous en tenir grief -, il va vous falloir changer votre fusil d’épaule sous peine de manquer l’une des réalisations les plus singulières de l’année.


Le premier atout de Solas (“Lumière” en gaélique) est de délaisser un hard rock par certains côtés nigaud dans sa propre redite pour l’aérer, l’ouvrir à d’autres influences. On voit ainsi le carré de Downpatrick se frotter à la power pop (“Left Me Standing”, très Foo Fighters dans l’esprit) ou à des sonorités folk (“In This Land” et son banjo soutenu à la guitare sèche), aller tutoyer Dire Straits sur ses ballades sombres (“Being Begotten”, même la guitare de Mahon ressemble à celle de Mark Knopfler) ou Jack White sur son propre terrain du blues rock rétro (“Demon Driven Man”). Plus amusant si l’on peut dire, on a la curieuse impression que “Thief Of Light”, malgré ses couleurs acoustiques et incantatoires, aurait pu être composé et interprété presque à l’identique par Billie Joe Armstrong de Green Day. Vu avec un peu de distance, on peut toujours craindre un tel patchwork sonore qui, la plupart du temps, vire au grand n’importe quoi. Mais ici, ces sautes de style passent comme une lettre à la poste, en grande partie parce que les instrumentistes connaissent leur affaire, sans parler d’un Cormack Neeson qui sait se faire insaisissable, tutoyant les aigus hurlés de Ian Gillan (“Beautiful World”) et les graves d’un pub irlandais à l’atmosphère saturée de nicotine et de houblon (“Being Begotten”). Oui, on sait, il n’y a plus le droit de fumer dans les pubs… tout fout le camp, ma bonne dame. N’empêche que Solas, malgré quelques atours par certains côtés très modernes, dénote un petit côté ancien, non pas old school mais plutôt mature, posé, sûr de son fait. Les titres s’enchaînent l’air de rien, sans brusquer l’auditeur ni lui poser question. Exemple avec “Untrue Colours” qui jouit d’un beau riff sombre, d’un binaire cadencé agrémenté de petits soli et d’un refrain captivant, et là-dessus viennent s’ajouter, par intermittence, de petites touches de claviers qui ne dénoteraient pas sur le “Blue Album” de Weezer. Et étonnamment, ça fonctionne, et ça fonctionne même parfaitement bien.


Là-dessus, The Answer n’a pas non plus oublié d’écrire de bonnes chansons. “Solas” tout d’abord, entamant aussi bien le disque que “When The Levee Breaks” concluait le IV de Led Zeppelin, avec un petit côté “Kashmir” dans le riff. La batterie claque au poil, la basse ronronne, la guitare reste en retrait tout en donnant de l’épaisseur au morceau - mention spéciale à la production qui met parfaitement en valeur chaque instrument -, et Neeson sait ménager ses effets, démarrant piano pour finir dans la harangue habitée. Le final de la chanson, avec sa wah-wah méditative et sa supplique à la lumière harmonisée en canon et à plusieurs voix, vaut un vrai détour. De la maturité, on en sent encore davantage avec “Beautiful World” et son intro glauque, rouillée, laissant place à une ode pugnace appuyée par un riff porté par un cheval de guerre, où quand le hard rock s’habille d’une fibre celtique puissante. “Battle Cry” en est l’exemple le plus frappant, transpirant l’Irlande par tous les pores sans pour autant verser dans le violon de western. Ici, de la gratte folk, une batterie tribale, de jolis arpèges et une mélodie qui laisse transparaître un soleil que l’on voit peu sur l’île verte, et c’est une réussite, une de plus. Bien sûr, “In This Land” est un péan adressé au trèfle celtique et à sa terre, comme en témoignent ces quelques vers : “In this land we know we stand / Everlast and close to hand / In this land we know and make no sense / In this land we’re heroes / Criminals and stars / In this land we know that we belong apart.”


Même dans ses derniers retranchements, Solas sait convaincre sans peine, en témoigne un “Real Life Dreamers” qui transforme l’essai du duo masculin - féminin foireux de Revival, avec ici un côté hard-folk FM qui fait mouche, sans parler d’un final tendu soutenu une fois encore par le long solo sensible de Paul Mahon et la frappe imperturbable de James Heatley. Et la conclusion acoustique toute en pudeur, orgue Hammond et chœurs resserrés de “Tunnel” est parfaitement à sa place. Si vous avez la chance d’avoir accès à la version Deluxe, ne loupez pas l’académique mais très convaincante reprise du “Money” de Pink Floyd et la belle démo “Light In Darkness” qui, de folk, vire au hard à mi-parcours. Du grand art pour un album qui nous a pris totalement au dépourvu, de la part d’un groupe dont il est vrai qu’on n’attendait plus rien. L’occasion où jamais de se réintéresser à The Answer qui semble enfin, tout comme les Rival Sons, avoir réussi à trouver la clé d’un succès crédible et durable. Gageons que les excellents retours dont jouissent les irlandais les pousseront à poursuivre sur la même voix, pour notre plus grand bonheur.


À écouter : "Solas", "Beautiful World", "Battle Cry", "Untrue Colours"

Avis de première écoute
Note de 4/5
Longtemps présenté comme le renouveau de la scène hard-rock, les boys de Belfast n'ont jamais confirmé les espoirs placés en eux après un album diaboliquement efficace en 2006. Solas amorce une profonde refonte de la direction musicale du groupe qui va piocher dans la poignante mélancolie et la profondeur des arrangements de ses terres natales. Les guitares taisent leur débauche électrique et laissent la simplicité d'une acoustique naturelle entonner le mélodie d'une rédemption magnifiée par une voix méconnaissable qui n'a pourtant jamais si bien sonné. D'une touchante sincérité, The Answer réussit un tour de force aussi ébouriffant qu'étonnant, aussi émouvant que relevé, aussi élégant que lumineux. Le retour en grâce des héros d'un rock 'n roll de terroir qu'on n'attendait plus.
Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !