Black Box Revelation
My Perception
Produit par
1- Madhouse / 2- My Perception / 3- Rattle My Heart / 4- Bitter / 5- Skin / 6- White Unicorns / 7- Shadowman / 8- New Sun / 9- Sealed With Thorns / 10- 2 Young Boys / 11- Lonely Hearts
Il serait un jour grand temps que l'on arrête de considérer les Black Box Revelation comme les "grands espoirs" du blues rock garage. Cela fait au moins une année que Silver Threats a atterri dans les bacs, or cet album les a définitivement installés comme des acteurs incontournables du créneau, après un premier effort studio déjà très prometteur. D'ailleurs, le tandem Paternoster - Van Dijck n'a pas attendu l'assentiment des médias pour viser un peu plus loin. Avec une production de son troisième opus assurée par le solide Alain Johannes, fidèle parmi les fidèles de la nébuleuse Josh Homme, le duo belge a d'ores et déjà entamé sa conquête de l’Amérique, et il a d'ailleurs joint les actes aux intentions en enchaînant immédiatement sur une tournée de deux mois aux States, tournée qui vient à peine de s'achever.
My Perception poursuit l'évolution logique de Silver Threats, un opus qui laissait encore une large place à la formule Black Rebel Motorcycle Club meet The Black Keys étrennée avec Set Your Head On Fire mais qui exposait déjà des penchants psychédéliques assez affirmés. "Madhouse" effectue ainsi une entame pied au plancher dans la droite lignée du tubesque "High On A Wire" et recycle avec un brio évident la formule gagnante du duo : riffs bluesy corrosifs, son lourd et âpre, batterie délivrant un binaire brutal et jouissif, voix nasillarde à souhait, et mélodie coup de poing. Rien à redire, c'est du tout bon. Le son de cloche est ensuite un peu moins flatteur pour le morceau titre qui s'enfonce dans une certaine banalité malgré la tonicité bienvenue des instrumentistes, et là on craint le pire : les BBR viennent-ils d'atteindre leurs limites ? Heureusement non, car les deux hommes ont l'intelligence d'aller explorer des horizons plus calmes et posés dans la suite. Alors que l'album déçoit un temps par son manque de percussion, il finit à l'inverse par séduire et convaincre pleinement dans les ambiances psychés qu'il parvient à mettre en place. On se laisse ainsi porter par des nappes de guitares qui savent désormais se faire brumeuses et mystiques ("Two Young Boys", sublime, ou encore "Bitter") ou partenaires d'un exil solitaire en ermite ("Lonely Hearts", dépouillé et fumeux) quand le grand ouest américain ne se retrouve pas tout bonnement réinventé à grands coups de slide guitar morveuse ("Rattle My Heart") ou de blues folkeux dignes du Far West ("White Unicorns", si authentique qu'on le jurerait interprété par de vrais amerloques). Indéniablement, le couple sait désormais concilier des atmosphères irréelles saisissantes et une rythmique de flambeurs propre à faire dodeliner de la tête sans ménagement (un petit tour de force appelé "Skin"), mais toujours parle le riff avec un grand R dans ce qu'il a de plus entêtant et de plus teigneux ("Shadowman" et son pont qui laisse parler le fuzz réverberisé à bloc). Mieux encore, les deux hommes parviennent désormais à séduire dans la simplicité et l'émotion ("New Sun"), et transforment l'essai "Here Comes The Kick" du précédent album en un "Sealed With Thorns" hallucinogène dont le seul tort est de s'achever au bout de sept minutes, seulement.
L'équation est simple : trois albums, trois ambiances différentes, trois réussites incontestables, et tout ça en à peine quatre années et de la part de deux jeunots qui ont à peine 22 ans chacun ! Les Black Box Revelation ont désormais tous les atouts pour devenir la seconde formation belge (après dEUS) à réussir une percée significative en Amérique... et ainsi à damer le pion de groupes ricains purs et durs sur leur propre terrain. En attendant une tournée française que l'on espère voir venir bien vite, c'est à dire avant le printemps, et pourquoi pas un nouvel album en 2012 si le groupe continue sur son rythme actuel. A ce niveau là, clairement, on en redemande.