Kasabian
Velociraptor!
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1- Let's Roll Just Like We Used To / 2- Days Are Forgotten (Album Explicit Version) / 3- Goodbye Kiss / 4- La Fee Verte / 5- Velociraptor! / 6- Acid Turkish Bath (Shelter From The Storm) / 7- I Hear Voices / 8- Re-Wired / 9- Man Of Simple Pleasures / 10- Switchblade Smiles / 11- Neon Noon
Oasis hors jeu, Kasabian a réussi à se placer numéro un dans une catégorie pas forcément musicale, celle du groupe qui se la raconte le plus... sans qu'on puisse leur redire grand chose. Et c'est parfois agaçant. On aimerait, à les entendre déblatérer sur leur supériorité musicale, pouvoir répondre aux arrogants british par des critiques cinglantes qui leur apprendraient l'humilité. La chose est facile avec certains (Brandon Flowers, si tu nous lit...), mais le problème avec Kasabian, c'est qu'ils parviennent toujours à nous séduire juste assez pour nous faire ranger nos plus vilaines plumes.
Et ce n'est même pas de mauvaise grâce qu'on reconnaît leur talent. Après tout, leurs concerts suffisent pour se laisser aller à la critique assassine en toute franchise. Mais côté album, c'est une autre histoire. A chaque nouvelle galette, on les attend au tournant, et dès que le disque commence à tourner, on oublie ce qu'on pouvait bien leur reprocher. Pourtant, c'est toujours là. L'arrogance, le snobisme tout british, la profusion de violons, d'effets, de choeurs, mais on doit bien le reconnaître... voilà ce qu'on aime chez Kasabian. Ces violons orientaux mélangés aux cuivres de Sgt Pepper, ces choeurs qui nous emportent depuis Kasabian, cette enviable capacité de s'aventurer dans tous les genres pour en ressortir un morceau qui fonctionne. Ces Anglais sont doués, rien à dire là-dessus, mais à l'écoute de Velociraptor!, on se dit aussi que leur belle assurance les empêche sûrement d'atteindre l'album "parfait".
Ainsi, choisir "Velociraptor!" pour titrer l'album était peut être un choix marketing intelligent (Ooouh, ça fait peur, ça va envoyer du bois, on va se prendre un dinosaure dans la gueule)... sauf que derrière, on découvre un disque dont les meilleurs morceaux sont des ballades pop qu'on croirait sorties d'un autre temps. Poussant un peu plus loin son travail sur des titres plus lents commencé sur West Ryder Pauper Lunatic Asylum, Kasabian livre là des compositions à la fois datées et efficaces, beauté nostalgique au charme moderne. Le morceau d'ouverture "Let's Roll Just Like We Used To" pose immédiatement l'ambiance et se révèle impeccable de bout en bout, offrant une vraie émotion à l'écoute, chose à laquelle Kasabian ne nous avait pas habitué. Le détachement des Anglais semble avoir pris le large et on se prend à espérer un album plus profond, plus personnel, plus éloigné des hymnes de stade de Kasabian.
Arrive alors "Days Are Forgotten", et la magie s'envole. Non pas que le titre soit mauvais, on y retrouve simplement les Kasabian que l'on connaît. Leur choeurs, leur chant assené, articulé, martelé, leur rythmique sautillante, bref, tout ce qui a fait leur succès et qu'on attendait en premier lieu. Et l'album va finalement osciller entre ces deux facettes. D'abord les superbes ballades à tendance psyché ("Goodbye Kiss" et son petit tambourin, "Acid Turkish Bath (Shelter From The Storm)"), où les Beatles semblent s'inviter au détour d'un couplet ou d'un refrain ("Strawberry Fields Forever" hante "La Fée Verte"). Si ces trois morceaux valent à eux seuls l'écoute de Velociraptor!, les Kasabian savent aussi se planter, comme sur "Man of Simple Pleasures", où ils tombent dans la pop sans saveur. A côté de celà, on a donc le Kasabian d'avant. Le passage entre les deux étant parfois rude, notamment quand l'onirisme de "La Fée verte" laisse place à la déferlante " Velociraptor!". Kasabian se découvre en toute fin d'album, avec les morceaux électro, vrais déchaînements de synthés cadrés par la maturité du groupe ("Switchblade Smile" et "Neon Noon"), Empire avec les titres "Velociraptor!" "I Heard Voices" et "Re-Wired". Des morceaux efficaces, percutants, mais sans surprise.
Au final, comme toujours, Kasabian livre un album inégal. Tout ou presque est de qualité, mais l'ensemble manque de cohérence. On aurait aimer une vraie osmose, mais à ne pas vouloir trancher, à traîter chaque composition comme un bijou qu'il ne faudrait surtout pas gâcher, les Anglais payent le prix d'une trop grande assurance. Velociraptor! aurait gagné à davantage de parti pris. Heureusement pour Kasabian, la conccurence était bien mince cette année dans son secteur. Le terrain est donc dégagé, pour l'instant. Alors ne reste plus qu'à produire "LE" grand album. Allez les gars, on sait que vous pouvez le faire.