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Chronique Livre

Clair Obscur


Editions Camion Blanc
430 pages, 34 EUR

"À la découvert d'un artiste connu, reconnu et néanmoins très singulier."
Maxime L, le 23/05/2022
( mots)

Après l’autobiographie de Mark Lanegan, évoquée dans ces colonnes, les éditions Camion Blanc ont sorti un nouvel ouvrage, sur une autre grande figure de Seattle, en la personne de Chris Cornell.

Un choix qui bizarrement, parvient à être aussi logique que surprenant, comme l’explique l’auteur, Manuel Perreux, dont on a également parlé indirectement chez Albumrock*, dès la première page :

"Pourquoi parler de Chris Cornell en 2022 ? En grande partie parce que personne ne semblait avoir pris le temps d'en parler jusque-là. Ce n'est pas une vilaine prétention de ma part, j'ai cherché ces dernières années si des ouvrages étaient sortis sur Cornell depuis son décès en 2017. Et j'ai découvert par hasard qu'un journaliste américain, Corbin Reiff, était en train de finaliser la première biographie de l'artiste. Et, dans l'introduction de l'ouvrage, il se rappelle « être énervé qu'il y ait une myriade de livres sur le grunge, Kurt Cobain, Nirvana, Pearl Jam et Alice in Chains, mais rien sur Chris, et un seul sur Soundgarden, une biographie terriblement datée, une erreur judiciaire musicale». Quelqu'un avait fait le même constat que moi et décidé de plonger dans le monde sombrement poétique d'une icône oubliée du rock. Si vous trouvez cette affirmation quelque peu forcée, les arguments sont pourtant bien présents, à un point qui paraît presque irréaliste, comme si on parlait d'une légende plus que d’une personne".

L’explication est limpide, et c’est moins une biographie qu’une plongée dans l’oeuvre artistique de Cornell, que nous propose ici Manuel Perreux. Déjà parce qu’elle ne respecte pas un ordre chronologique, permettant aux lecteurs de picorer les chapitres au gré des sujets évoqués, que ce soit l’analyse technique du chant de Cornell, ou l’évolution de son rôle au sein de la scène “grunge” de Seattle.

On se balade entre les différentes périodes, Audioslave, Temple Of The Dog, Soundgarden évidemment, mais aussi et surtout, sa discographie solo bien plus fournie que ce l’on peut imaginer. Et l’auteur parvient à mettre en lumière tout ce qu’on ne voit pas, ou qu’on ne capte pas immédiatement à l’écoute de la musique de Cornell (du moins en tant que français non fluently bilingue) : à savoir la dimension que peuvent prendre certains textes, ici expliqués, analysés et illustrés par les nombreux extraits d’interviews donnés par l’artiste tout au long de sa carrière. Une longue place est accordée également à la genèse de certains morceaux cultes, notamment de Soundgarden, via l’histoire de leurs vidéo clips, ou pour les plus musiciens, beaucoup de détails techniques, que ce soit sur les accordages spéciaux des guitares, ou sur des placements rythmiques très particuliers, et maitrîsés par Cornell, du fait de son rôle de batteur-chanteur à l’origine de la formation.

Si le livre s’adresse avant tout aux fans de Soundgarden (et d’Audioslave dans une moindre mesure) ou à celles et ceux qui s’intéressent de près au song-writing (on retrouve énormément de détails sur cette facette de Cornell, finalement pas connue à sa juste échelle), “Clair Obscur” est aussi l’occasion d’en savoir bien plus sur un homme qui “s’est toujours méfié de la lumière, mais qui ne l’a jamais fuie très longtemps”.

Très loin des clichés des grandes rock star des années 90 (et en opposition, entre autres, au récit débridé et poisseux de Lanegan), on fait la connaissance d’un homme très intelligent, à la sensibilité exacerbée, avec des points de vue très intéressants sur notamment, la condition “sociale” aux Etats-Unis, son rapport à la dépression, ou sur la douleur d’assister impuissant au départ de ses proches, de son colocataire Andrew Wood (chanteur de Mother Love Bone) à Jeff Buckley, en passant par Layne Stayley d’Alice In Chains :

"J'étais en colère, je n'arrêtais pas d'entendre les discours comme "deux fois plus brillant”,et les délires type "il était juste trop spécial pour ce monde" que j'avais entendus à tant d'autres enterrements d'autres amis qui étaient jeunes et talentueux. (...) J'étais en colère contre moi-même parce qu'il était mort alors que j'avais eu l'occasion de le relever, le dépoussiérer et lui faire savoir qu'il y avait une personne qui se préoccupait de sa douleur, et je ne l'ai pas fait".

L’ensemble est très bien écrit, ultra documenté, avec une liste des sources utilisées très précises en fin d’ouvrage, offrant même la possibilité d’aller visionner des prestations live remontant à 1989, avant "Black Hole Sun", avant même BadMotorFinger. De quoi vous familiariser davantage avec l’histoire et la vie d’un artiste pas tout à fait comme les autres, ou du moins, plus complexe qu’on ne pouvait imaginer.

 

 

*Manuel Perreux est le “cuisinier en chef” derrière l'excellent podcast “Tartine Ta Culture”, que nous vous conseillions ici.

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