Motörhead
Motörizer
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1- Runaround Man / 2- (Teach You How To) Sing The Blues / 3- When the Eagle Screams / 4- Rock Out / 5- One Short Life / 6- Buried Alive / 7- English Rose / 8- Back on the Chain / 9- Heroes / 10- Time Is Right / 11- The Thousand Names of God
De sable au snaggletooth d’argent : c’est ainsi qu’on décrirait le quart en haut à droite du blason officiel de Motörhead inauguré sur Motörizer en 2008, ultime album de la décennie des 2000’s pour le trio dont chacun des membres est représenté sur l’écusson à travers les symboles de leurs terres d’origine.
Avec ces trois compères, nos attentes ont été conditionnées depuis plusieurs années : nous savons qu’il ne faut pas s’attendre à un travail original, mais espérer que la recette habituelle aura été cuisinée pour recevoir un dîner de gala plutôt qu’un simple sandwich pour accompagner un déplacement professionnel. Heureusement pour nous, si Motörizer demeure en effet très classique et sans grande surprise, il s’inscrit dans le haut du panier en ce qui concerne les années 2000.
Motörhead semble avoir décidé de s’enraciner à nouveau en remaniant ses premières amours. Ainsi, le hard-rock’n’roll rentre-dedans et dansant ouvre les hostilités sur "Runaround Man" (le solo ne trompe pas) et redouble même d’inspiration sur le très réussi "English Rose". Cela les entraîne même dans le sillon du blues stoner quand arrive le plaisant "One Short Life" ou le plus chaloupé "Back on the Chain" au refrain accrocheur. Cette crise d’identité se déploie sur dans des titres speed tout droit issus de la tradition d’ "Ace of Spades", que sont "Rock Out" dont le refrain est taillé pour la scène, "Time Is Right" et le plus anecdotique "Buried Alive".
Les morceaux les plus inscrits dans le hard-rock musclé ou le heavy sont finalement les moins mémorables ("Teach You How to Sing the Blues", "When the Eagles Scream"), mis à part "Heroes" qui est très bien construit (la variation sur le solo est très plaisante) et brille d’un refrain quasi épique. Se situant à la frontière entre cette face Heavy et les aspects plus retro (le côté bluesy de la guitare slide), l’hymne athée "The Thousand Names of God" est aussi recommandable, avec encore une fois un très bon refrain – il semble que ce soit la plus grande qualité de l’opus sur lequel les refrains sont minutieusement écrits pour capter l’attention.
Il y a donc des blasons qu’on peut exhiber avec fierté et Motörizer est un quartier noblesse que le groupe peut tout à fait faire valoir. Les espoirs suscités par Kiss of Death, qui avait laissé espérer un regain d’inspiration et de savoir-faire de la part du combo, sont finalement réalisés : Motörhead est capable de faire un sans-faute jusqu’à la fin de sa carrière – et c’est ce que le groupe fera.
À écouter : "Runaround Man", "English Rose", "One Short Life", "Heroes"