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Roger Waters : Is There Anybody Out There ?


Jules, le 29/11/2023

Pink Floyd VS Roger Waters : entre guerres et paix (Us And Them)

Evoquer Waters c'est aussi parler des rapports entretenus avec son ancien groupe. Depuis son départ en 1985, les relations entre Roger Waters et Pink Floyd ont la réputation d'être compliquées. Convaincu que son départ signifiait la dissolution du groupe, Waters se trouva fort dépourvu lorsqu'il constata que le groupe continuait bel et bien d'exister sans lui. Pire encore, il cartonnera sans lui. Le statut de groupe culte que Pink Floyd finira par obtenir sans lui, notamment lors de la tournée de promotion d'A Momentary Lapse Of Reason, ne cessera d'entretenir la rancœur du bassiste. Les relations seront variables au fil des années, tantôt tendues, tantôt apaisées et aujourd'hui... exécrables. Focus sur près de 40 ans de querelles intestines qui en disent beaucoup, là encore, sur le personnage Waters.

Le temps des adieux


Au commencement, ou plutôt à la fin d'ailleurs, l'ambiance n'est pas DU TOUT à la fête. Comme on l'a vu, Waters claque la porte ; il quitte donc le groupe. Car entendons-nous bien. Pink Floyd n'a pas été dissout en 1985 et reformé en 1987. Roger Waters a tout bonnement quitté le groupe, abandonné son statut de membre et Pink Floyd est resté un groupe existant composé de Wright, Mason et Gilmour jusqu'en 2008 et, aujourd'hui, de Mason et Gilmour. 


La chronologie de cette étape, essentielle et historique pour le groupe, doit être rappelée. Donc, Waters s'en va. Malgré ses efforts et considérant que sa dictature a échoué, il ne voit pas pourquoi son génie et son talent continuerait à exister sous le nom de Pink Floyd. Raison pour laquelle il décide de poursuivre ses marottes en solo. Ce départ sera marqué par une lettre qu'il fera parvenir à la maison de disques Columbia afin de faire valoir la clause de "sortie de membre". A vrai dire, initialement, personne ne donne vraiment d'importance à ce départ. Waters est persuadé que cette sortie signifie la fin du groupe et les autres sont simplement épuisés par les dernières années catastrophiques qu'ils viennent de passer et se concentrent sur d'autres projets. 


Mais l'heure du repos passée, la guerre peut commencer. Lorsque Waters découvre que ses anciens comparses ont pour projet de donner un successeur à The Final Cut sous le nom de Pink Floyd, là, il voit rouge. Comment osent-ils ? Eux qui ne comprenaient pas ce qu'était le vrai sens de Pink Floyd et qui se tournaient les pouces en studio ? C'est à ce moment que Waters va tout faire pour empêcher Mason et Gilmour de tourner sous le nom de Pink Floyd. Un guerre fratricide démarre, entre insultes réciproques par médias interposés et querelle juridique.


En écrivant ce dossier, je me suis souvent demandé si la capture par Waters du nom de Pink Floyd n'avait pas été exagérée avec le temps. Si son côté mégalomane allant jusqu'à nier l'influence des autres sur le travail de groupe était fondé. Il a fallu donc plonger dans les archives de l'époque pour voir que rien, absolument rien, n'était exagéré


Par exemple, dans Best, Waters se déchaîne littéralement au moment de faire sa promo. Il éructe, explose allant jusqu'à insulter les trois autres : "Ces enculés ne font ça que pour le fric !Il se taille alors à ce moment là, et par ses seuls mots, l'image infâme qui ne cessera de lui coller à la peau. A lire ces lignes, on est assez surpris par la violence des propos et la prétention du bonhomme. Roger Waters = Pink Floyd, et c'est tout. Il le dit haut et fort, Pink Floyd n'aurait jamais existé sans lui. Nous avons déjà abordé ce que Waters avait apporté au groupe, là n'est pas la question. La question est de savoir ce qui motive cette haine assumée haut et fort. Et il y a tellement de raisons à citer. Entre l'agacement de constater que les trois membres ne faisaient plus rien, le fait que sa carrière solo ne décolle pas malgré la haute estime qu'il a de son talent et, la conscience qu'il a certainement du succès que continuera à avoir Pink Floyd sans lui, ça fait beaucoup. Ca ne justifie pas l'ignominie, mais ca l'explique. 


En plus de se répandre dans la presse, Waters convoque les tribunaux. Revenons sur cette partie juridique sur laquelle beaucoup de choses fausses circulent, notamment le fait que Waters aurait été débouté par la justice de sa demande d'interdire aux trois membres restants d'utiliser le sacro-saint nom de Pink Floyd. Non. La justice avait initialement donné raison à Waters, interdisant bien aux autres d'utiliser le nom de Pink Floyd. Et la querelle ne s'est pas réglée par une décision de justice mais par un protocole transactionnel conclu entre les 4 membres. Sans rentrer dans des détails juridiques bien ennuyeux, le groupe s'est réuni sur le péniche de David Gilmour en 1987 pour sceller leur accord. Pink Floyd continuera à exister avec tout le répertoire associé et Waters obtiendra en contrepartie la paternité de la totalité de The Wall et The Final Cut


Ainsi, entre 1984 et 1987, la guerre est totale et les rancœurs sont à leur apogée. David Gilmour n'était d'ailleurs pas en reste et n'hésitera pas non plus à donner son avis bien tranché sur ce qu'il pense de son ex collègue et ami. Best titrera ainsi "La Guerre Des Deux Roses." Car oui, en 1987, il s'agit bien de ça. Il y avait une sorte de choix à faire. Le public tranchera. Pink Floyd signera la tournée la plus lucrative de l'année pour un album qualifié de "Faux très bien imité" par Waters et ce dernier interrompra la sienne faute de public. La messe est dite.


Waters semble avoir tout perdu : son image, son public et, au vu de ce qu'il sortira dans les années 80, son inspiration. Le prix à payer pour avoir voulu se hisser trop haut et trop violemment par rapport à ses anciens compagnons ? Peut-être. Il voit bien en tout cas que rien ne sert de s'acharner sur Pink Floyd et de gesticuler pour tenter de faire comprendre l'incompréhensible au public. Pink Floyd va continuer et c'est comme ça. Waters va se résigner, et les années suivantes seront celles de l'ignorance cordiale et mutuelle avant de connaître une forme d'apaisement dans les années 2000.

Le temps du calme...


Aaaaah, elle est belle cette photo. Personne n'aurait parié sur un tel cliché au sortir des années 1980... Et pourtant ! Cette image vient du concert caritatif Live 8 donné en juillet 2005 au Hyde Park de Londres. Un moment historique. La première fois que Pink Floyd se reforme au grand complet depuis les derniers concerts de la tournée The Wall en 1981. 


Pink Floyd en 2005 est en sommeil depuis 11 ans. Après l'album The Division Bell sorti en 1994 dont le dernier titre "High Hopes" semble sonner le glas d'une épopée, le groupe n'a rien sorti. Wright a sorti un autre album solo, Gilmour se concentre lui aussi sur d'autres projets musicaux et Mason... s'amuse avec ses voitures. Waters de son côté vient de terminer un opéra, Ca Ira, basé sur la révolution française. Bref, tous semblent avoir laissé de côté l'aventure floydienne à ce moment-là


Ce contexte coïncide donc avec la préparation du concert Live 8 de 2005. Après s'être déchirés et insultés, les voilà réunis sur une même scène pour une noble cause. Ce concert fait partie de ces moments qui ont marqué l'histoire de la musique, à l'image de Woodstock, du Live Aid de 1985 ou du concert des Sex Pistols de 1976. Et le plus étonnant est que cette réunion est à l'initiative de Roger Waters. Qui l'eut cru ! A soixante ans passés, l'heure de la sagesse est peut-être arrivée ? Celui-ci a en effet contacté Pink Floyd qui a accepté.


De l'avis de ceux qui étaient présents aux répétitions, si les quatre ne se parlaient pas forcément, ils communiquaient toujours de façon unique à travers la musique. Certaines vidéos de ces répétitions existent d'ailleurs et l'on s'en rend compte. Finalement, la colère et les rancunes passées n'ont pas emporté l'essentiel... Pour l'anecdote, ces moments de cohésion retrouvés ont inspiré la chanson "Louder Than Words" présente sur le dernier album de Pink Floyd sorti en 2014, The Endless River


Même si cette réunion ne durera que 25 minutes sur scène, le fait est que le phénix Pink Floyd est revenu avec une émotion certaine, et surtout, pour la dernière fois. Quoi de mieux pour définitivement marquer au fer rouge la légende de la philosophie floydienne que d'évoquer, une toute dernière fois, la blessure qui a uni ces quatre gars un été de 1968 et qui a abouti à la plus belle aventure de l'histoire de la musique ? Waters s'en chargera : "C'est un moment émouvant, debout ici avec ces trois gars, après toutes ces années. Debout avec vous tous. Quoi qu'il en soit, nous le faisons pour ceux qui ne sont pas là, en particulier pour Syd, bien sûr." Frissons.


Pour autant, bien que cette réunion soit saluée, pas question de remettre le couvert. Cela sera confirmé le lendemain : Pink Floyd ne reviendra pas. Pas de tournée de reformation et encore moins un album. Chacun souhaite avancer dans son coin. Peu importe. L'Histoire est déjà bien nourrie. 


Après cette date historique, les relations seront plutôt bonnes entre les membres du groupe. Dans les années 2000, Pink Floyd a définitivement acquis son statut de groupe culte, unique au monde. Waters tourne avec Dark Side Of The Moon, Gilmour et Wright collaborent sur le sublime album On A Island  de Gilmour et livrent un "Echoes" éblouissant sur scène et Mason... s'amuse avec ses voitures. Les coffrets best of avec inédits commencent à sortir, le groupe est introduit au Rock and Roll Hall of Fame en 2006, bref, tout semble plutôt bien se passer, chacun entretenant la légende du mastodonte du rock à sa façon.


Un bémol est à noter. Il est important. Juillet 2006, mort de Syd Barret. 10 mai 2007, concert hommage à Londres. A quoi s'attend-on ? Si vous avez lu les précédents chapitres, vous connaissez l'importance de Syd Barret. On attend donc la présence des quatre, évidemment ! Les quatre seront là. Mais séparés. Mason, Wright et Gilmour joueront "Arnold Layne" et Waters jouera, de son côté, Flickering Flame, une chanson à lui (sic !) de son côté. Bon. Pourquoi ? On l'ignore. C'est ce qu'on appelle une putain d'occasion manquée ! On notera le fait que Waters joue une de ses propres compositions à un concert hommage à Syd Barret... sans commentaire. L'espoir d'une reformation s'éloigne bien...


Mais, un jour de septembre 2008, tout espoir devint néant. Le 15 marque le décès de Richard Wright, clavériste de génie et compositeur influent du groupe de ses débuts jusqu'à sa fin. A compter de ce jour, Pink Floyd est vraiment mort. Ce n'est qu'un avis personnel, mais même si Mason, Wright et Gilmour se réunissaient aujourd'hui, il ne serait pas possible de voir "Pink Floyd" inscrit sur des affiches. Au même titre que le Pink Floyd sans Roger Waters n'était pas Pink Floyd, celui d'aujourd'hui ne le serait pas davantage. David Gilmour le dira d'ailleurs au sujet d'"Echoes" : il n'est plus concevable de jouer ce morceau sur scène sans lui. 


Ce sont probablement l'âge, le temps et ces épreuves qui expliquent l'accalmie de ces années 2000 qui s'achèveront d'ailleurs de la meilleure des manières en 2011 à l'O2 Arena de Londres. Ce soir-là, les spectateurs du show Roger Waters The Wall Live ont eu droit à une surprise de taille. Au moment où l'on attend de voir le guitariste de Roger Waters se dresser en haut du mur pour entonner le refrain de "Comfortably Numb", quelle ne fut pas la stupeur des fans que de voir à la place... David Gilmour himself ! Et lesdits fans chanceux d'être encore plus comblés au moment de voir arriver Nick Mason sur le morceau de fin "Outside The Wall". Les trois survivants sont là, ensemble, unis dans une accolade fraternelle. 


On sent ainsi un apaisement sincère. Roger Waters ira même, en 2013 dans une interview à BBC World, jusqu'à regretter la bataille juridique qui s'est déroulée dans les années 1980 au sujet de la paternité du nom "Pink Floyd" dans une forme de mea culpa : "Je pensais à l'époque qu'ils avaient tort mais en fait, c'est moi qui avait tort." On s'attendait à beaucoup de choses de la part de l'ex-bassiste, mais à des regrets à ce sujet, certainement pas. 


L'histoire aurait pu se terminer sur la belle image de ce concert de 2011 et les regrets de 2013. Malheureusement, la suite de l'histoire ne sera pas si belle et apaisée. Plus les années passent et plus les relations se tendent pour devenir à ce jour absolument exécrables. 

... avant le cyclone destructeur !


Pour la première fois, et en l'espace de seulement trois ans, le monde a pu observer la nature réelle des relations entre Waters et Pink Floyd, ou plutôt, entre Waters et Gilmour. Car oui, et comme cela a toujours été, la véritable guerre intestine est celle qui lie les deux leaders successifs du groupe. Car au sujet de Nick Mason, Waters s'évertue à dire depuis quelques années que le batteur est son véritable ami depuis toujours. Il le répètera notamment à l'occasion d'un concert de Nick Mason en 2019 à New York au cours duquel il fera une apparition pour interpréter "Set The Control For The Heart Of The Sun."


A travers cette amitié surlignée au marqueur (qui nous ferait presque oublier que Mason a un temps été traité d'"enculé" et plutôt méprisé musicalement par Waters), Waters souligne a contrario la relation aux antipodes qu'il entretient avec Gilmour. Pour être plus trivial, c'est un petit peu le jeu du "Regardez, lui c'est mon vrai copain, il est génial. Ce n'est pas comme l'autre méchant." Trivial, j'avais prévenu. Plus on se concentre sur les derniers "drama" qui ont secoué la sphère floydienne, plus on est surpris par la véritable détestation qui sépare ces deux génies. Cela est monté crescendo et s'est illustré au travers de trois moments marquants.


20 mai 2020. L'utilisation des réseaux sociaux "Pink Floyd" par Gilmour au détriment de Waters.


Au cours du confinement, Roger Waters réinterprètera des anciens morceaux avec les musiciens qui l'accompagnent au cours de ses tournées. Ces morceaux feront d'ailleurs l'objet d'un album, The Lockdown Sessions sorti en 2022. Début 2020, il publie sur ses propres réseaux sociaux la réinterprétation de "Mother", saluée par la majorité des fans. Puis, le 25 mai 2020, Roger Waters publie une vidéo sur ses comptes Twitter, Instagram et YouTube dans laquelle il s'insurge, encore. 


L'objet du délit ? Le fait que cette réinterprétation et, plus largement, l'ensemble des projets solo de Waters ne soient pas relayés sur les réseaux sociaux officiels de Pink Floyd, notamment la page Facebook dont la communauté rassemble près de 30 millions de personnes. Mais surtout, ce qui agace au plus haut point notre ex-bassiste est le fait que les projets solo de David Gilmour et Nick Mason sont eux, bien disponibles sur ses réseaux. 


Et Roger Waters de se lancer dans un monologue qui frise le complotisme, ciblant directement David Gilmour : "Pourquoi cette vidéo n’est-elle pas disponible sur le site web de Pink Floyd ? Eh bien, la réponse à cette question est très simple : rien de moi n’est sur le site. Je suis banni du site par David Gilmour." Roger Waters choisit la persécution comme stratégie de défense, comme il aura l'habitude de le faire au cours des années qui suivront. Quitte à prononcer des phrases qui, si l'on se rappelle le passé, ne peuvent empêcher de nous faire sourire comme "David pense que la page web lui appartient. Je suppose qu’il imagine que parce que j’ai quitté le groupe en 1985, il possède Pink Floyd, il est Pink Floyd" ou encore "Les 30 millions d’entre vous qui sont abonnés à la page web, vous l’avez fait grâce à l’ensemble du travail que nous avons créé tous les cinq sur un certain nombre d’années : C’est-à-dire Syd, moi, Rick, Nick et David."


Alors là, excusez-moi, mais entendre ça de la bouche d'un mec qui a passé les trente dernières années de sa vie à hurler que Pink Floyd et lui étaient une seule et même entité et qui n'a cessé de dénigrer le travail de groupe pour mieux glorifier son génie, c'est incroyable ! Utiliser ce genre d'arguments, quand même, il fallait oser. Roger Waters l'a fait. 


Plus encore que de crier au complotisme, Waters se place en victime et positionne Gilmour en bourreau. Il raconte à ce titre qu'en 2019, les trois membres se sont réunis dans un hôtel londonien pour "arriver à la paix et sortir de l'impasse.", ce qui a été un échec. Parmi les demandes du sieur Waters, le fait que les projets solo des trois survivants soient traités de manière égale sur les réseaux sociaux de Pink Floyd. 


Que pensez de cela finalement ? A part que Waters ne fait plus partie de Pink Floyd depuis 1985, de sa seule initiative, et qu'en ce sens il ne parait pas aberrant que son travail ne figure pas sur le site ? Que dire à part que Pink Floyd n'existe plus selon Roger Waters depuis son départ et que, selon cette logique, pourquoi apparaître sur la page d'un groupe inexistant ? Rien de plus à dire, pour ma part. Nous sommes, une fois de plus, face à un individu qui ne supporte pas d'avoir pris la pire décision de sa vie et qui cultive les mêmes rancœurs et les mêmes désirs égocentriques qu'auparavant.


Oui, David Gilmour et Nick Mason ont plus de légitimité à publier leurs projets solo sur les réseaux d'un groupe qu'ils n'ont jamais quitté contrairement à Waters qui, lui, a quitté le navire en souhaitant qu'il coule au plus profond des abysses. 


Le résultat de cette guerre d'ego sera finalement la publication des projets solo de Roger Waters sur les réseaux de Pink Floyd. On parlera de solution diplomatique. 


1er juin 2021. Les notes litigieuses de la réédition d'Animals.


Un peu plus d'un an après la déclamation de Roger Waters, celui-ci récidive, sur un sujet un peu plus inattendu. En effet, depuis plusieurs années, la quasi-totalité de la carrière de Pink Floyd a fait l'objet de rééditions, de best-of, d'éditions limitées. A l'exception d'Animals, qui n'a fait l'objet d'aucune campagne spécifique malgré l'attente des fans depuis des années. 


Pourtant, cet album ainsi que les conditions de son enregistrement méritaient vraiment qu'on s'appesantisse dessus. Comme il a déjà été évoqué dans ce dossier, la construction de cet album a été difficile. Entre les premières tensions de Wright et Waters, la situation financière fragile du groupe et la querelle des crédits entre Waters et Gilmour, il y avait vraiment des choses à dire. Sans parler des qualités musicales de l'album, lequel est souvent considéré comme un des plus aboutis du groupe. 


Depuis quelques temps des rumeurs circulaient sur la sortie par Pink Floyd Records d'une édition remixée de l'album culte. Cette officialisation prit une forme inattendue lorsque Roger Waters, par le biais d'une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, confirma la sortie prochaine d'une édition remixée en 2018 avec un nouvel artwork et un livret photo. Sauf que, sauf que... Waters profita de l'occasion pour faire éclater au grand jour un autre évènement scandaleux à ses yeux. Quel était le problème ? A l'album remixé devaient être ajoutées des notes de Mark Blake, biographe historique du groupe, décrivant la genèse et l'enregistrement d'Animals


C'est là que la bât blesse. Nous avons déjà vu que l'enregistrement de l'album a posé des difficultés et notamment sur la paternité des morceaux présents. S'il est incontestable que le concept de l'album revient à Waters qui voulut s'inspirer du roman La Ferme Des Animaux de Georges Orwell, des questions subsistaient sur l'apport de Gilmour à l'album. Celui-ci a toujours affirmé que l'aspect musical lui était du en majeur partie tandis que les textes étaient issus de Roger Waters. C'est ainsi que "Dogs" fut la seule et unique chanson à laquelle David Gilmour aura droit en terme de crédits. 


Et c'est bien l'objet du délit. Waters introduit sa vidéo par le court texte suivant : "Comme Dave Gilmour m’a interdit de publier sur la page Facebook de Pink Floyd avec ses 30 millions d’abonnés, je publie cette annonce ici [sur Twitter] aujourd’hui et dans son intégralité sur rogerwaters.com." Waters publie l'ensemble des notes de Mark Blake qui ne figureront donc pas dans l'édition remixée d'Animals. Nous assistons, à ce moment-là, au retour du Waters qui estime que Pink Floyd lui doit la majorité de son succès. C'est d'ailleurs ce qui ressort des notes litigieuses, à lire en intégralité ici. A les lire, on ne peut s'empêcher de constater à quel point Roger Waters a été l'initiateur de TOUT l'album, qu'il s'agisse du concept, de la musique jusqu'à l'artwork lui-même ! C'est sous-jacent et insidieux.


Plus encore, Waters continue à s'enfoncer dans la théorie du complot et de la persécution dont il s'estime victime : "Il s’agit d’une petite partie de la campagne en cours menée par [Gilmour et sa femme Polly Samson] pour revendiquer plus de crédit pour Dave sur le travail qu’il a effectué au sein de Pink Floyd, de 1967 à 1985, que ce qui lui est dû. Oui, il était et est toujours un très bon guitariste et chanteur. Mais, au cours des 35 dernières années, il a raconté beaucoup de choses sur qui faisait quoi dans Pink Floyd quand j’étais encore aux commandes. Il y a beaucoup de “nous avons fait ceci” et “nous avons fait cela”, et “j’ai fait ceci” et “j’ai fait cela."


Encore une fois, le bassiste ne manque pas de culot. Ce que Waters reproche à David Gilmour est tout simplement son propre comportement au cours des 40 dernières années ! Lui qui n'a de cesse, les notes de Blake le prouvant une fois de plus, de revendiquer la paternité de l'ensemble de l'œuvre floydienne depuis qu'il a quitté le groupe reproche à Gilmour de faire la même chose. Alors que ce dernier a simplement refusé que ces notes agiographiques soient intégrées à un travail de groupe. En réalité, peu importe où se trouve la vérité. Peut-être que Gilmour a effectivement refusé clairement que ces notes apparaissent dans l'édition remixée par rancœur et amertume et peut-être que Waters est le créateur génial de Pink Floyd comme ses affiches de concert le disent.


Cependant, la vérité universelle se trouve là : à quoi bon, 35 ans après, continuer à vociférer, crier au complot et à la persécution alors qu'il suffirait de faire preuve de hauteur de vue et de sagesse ? Waters a promis lors de ce post qu'en tout cas la vérité éclaterait lors de la publication de ses mémoires. On les attend. 


7 février 2023. Les accusations Gilmouro-Samsoniennes et l'antisémitisme.


Là, fini de rire. A l'heure où Roger Waters fait l'objet de critiques de plus en plus graves, cette fois pour son engagement politique sur lequel nous revenons dans le prochain chapitre, la prochaine balle tirée viendra du camp Gilmour. Une balle ? Devrais-je dire une bombe. Un matin de février 2023 en effet, Polly Samson publie un tweet assassin et accusatoire qui fait suite à une interview donnée par Waters dans un magazine allemand et au cours de laquelle il déplorait le fait que Pink Floyd ait sorti le single "Hey Hey Rise Up" en soutien au peuple ukrainien. Comme nous le verrons, Waters n'adopte pas la position majoritaire de la communauté internationale sur le conflit russo-ukrainien... comme sur les autres conflits d'ailleurs. 


Ces positions lui valent d'être souvent décrié. Cette fois, c'est donc Polly Samson, épouse de David Gilmour que Waters déteste cordialement qui y va de son verbe en s'adressant directement au bassiste : "Malheureusement, @rogerwaters, tu es antisémite jusqu’à la moelle. Tu es aussi un apologiste de Poutine et un menteur, un voleur, un hypocrite, un évadé fiscal, un chanteur de play-back, un misogyne, un envieux, un mégalomane. Ça suffit tes bêtises." Ouah. Le moins que l'on puisse dire est que les mots employés sont d'une violence sans nom et visent Waters sur de multiples points. Rien ne servirait d'affirmer ou d'infirmer chaque adjectif dont Waters est affublé. Il ne fait aucun doute que Polly Samson n'est pas David Gilmour et que cette dernière garde sa propre liberté de pensée. Sauf que David Gilmour, en retweettant son épouse, confirmera ses dires allant jusqu'à ajouter "Chaque mot est manifestement vrai."


Là, on ne se trouve plus au milieu d'une querelle de rockstars portant sur l'implication de l'un ou de l'autre dans le travail ou encore sur le versement de royalties. Non. Ici, comme au milieu des années 1980, nous faisons face à un conflit frontal avec insultes et mépris, accusations gravissimes en plus. Evidemment, parmi tout ce qui est dit dans cette déclaration, les termes les plus choquants sont bel et bien les accusations de misogynie et d'antisémitisme. Les autres accusations sont peu ou prou ce que nous entendons depuis des années. Avec ces mots, Polly Samson est venue ébranler le monde des fans et a contribué à étayer l'ensemble des rumeurs et déclarations tierces concernant l'antisémitisme supposé de Roger Waters. Et David Gilmour, qui a longtemps fréquenté Waters, de définitivement jeter le doute sur les pensées de ce dernier en confirmant les propos de son épouse.


Waters s'empressera de répondre dès le lendemain en indiquant sur Instagram que "ces accusations mensongères ont été portées à la connaissance de ses conseils". Rien de plus depuis. Ce que montre cet énième débordement dans les relations Gilmour/Waters révèle probablement la tâche la plus grande qui salit la carrière de Waters depuis quelques années, à savoir son antisémitisme supposé.


 


Au fil des années donc, les relations entre Pink Floyd et Roger Waters ont été inégales, pour rester diplomates. Entre dispute juridique, insultes par médias interposés et attaques frontales, il y a fort à parier qu'aujourd'hui rien n'est plus à espérer sur une éventuelle amélioration des rapports. Nous noterons tout de même au crédit de Waters que celui-ci a exprimé des regrets par le passé. Cependant, il serait être aveugle que de nier le fait que c'est bien lui, Waters, qui a déclenché les foudres et continue épisodiquement de les entretenir. Et ce dernier épisode en date, en plus de montrer au grand jour que les relations entre les ex-Floyd sont désormais exécrables, offre une juste transition pour aborder la dernière facette de Waters ou quand l'engagé devient polémiste...

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