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Roger Waters : Is There Anybody Out There ?


Jules, le 29/11/2023

Pink Floyd mort, vive Roger Waters ! (The Show Must Go On)

Pink Floyd laissé de côté dès 1985, Roger Waters n'en a pas terminé avec la musique. Bien au contraire, gonflé d'égo et sûr de lui, il est persuadé que Pink Floyd est mort et que sans lui, impossible qu'une suite n'existe. Facile pour le meurtrier de parier sur la résurrection de sa victime. Toujours est-il que désormais seul, Roger Waters va entamer une carrière qui sera à son image, dans tout ce qu'elle comporte de génial et d'agaçant. Les années passeront et les thèmes de prédilection de Waters (pour ne pas dire obsessions) vont grossir, évoluer. Si les débuts seront difficiles, la suite sera, malgré tout, émaillée de génie.  

Après le départ, la construction difficile d'une carrière solo


Bien avant de quitter Pink Floyd en 1985, Roger Waters avait des idées pour ses futurs projets en solo. Dès 1978, au moment de donner une suite à Animals, il avait proposé aux trois autres membres deux projets, deux concepts. Le premier, The Pros And Cons Of Hitch Hiking, évoque les névroses et les tortures psychologiques d'un quadragénaire qui, en pleine nuit, rêve d'une autre vie, d'une autre femme, d'un autre chez lui, avant de revenir à la réalité. Le second, ce sera The Wall. On sait quel projet sera retenu par Pink Floyd.


Ces deux projets sont assez voisins et font référence à l'une des deux marottes favorites de Roger Waters que sont d'une part, l'aliénation mentale, la descente aux enfers de l'individu en tant qu'Homme et, d'autre part, la critique de la société de consommation, des conflits armés, la sauvegarde de la paix et la sauvegarde de l'Humanité. D'un côté, donc, les problèmes individuels et de l'autres, les questions universelles. Les deux étant, chez Roger Waters, intimement liés. Et ce n'est pas pour rien, à mon sens. 


Ce dossier serait incomplet s'il n'évoquait pas le tout premier traumatisme de Roger Waters. Il s'agît de la mort au combat à Anzio, le 18 juillet 1944, de son père Eric Fletcher Waters. Le petit Roger, né moins d'un an avant ne connaîtra donc jamais son père, fauché au cours d'une guerre qui en emporta bien d'autres. Au fur et à mesure de sa vie, ce traumatisme va être de plus en plus évoqué par Waters qui va le transformer en un engagement féroce contre la guerre. The Final Cut, pamphlet pacifiste et anti violences sera d'ailleurs dédié à Eric Fletcher Waters. C'est, selon moi, ce traumatisme qui fera naître et grossir ensuite, le combat universaliste de Roger Waters, continuellement en quête de la paix à travers le monde. 


L'aliénation mentale quant à elle, cette marotte individuelle, peut aussi bien s'expliquer par le départ et la déliquessence de Syd Barrett (évoqués dans le précédent chapitre) que par la montée de la célébrité que Roger Waters a eu du mal à traiter et à a gérer. Il ne se cachera jamais de l'une ou de l'autre de ces sources. 


La carrière solo de Roger Waters ne fera qu'évoluer autour de ces deux thèmes récurrents, bien que l'engagement politique et les questions universelles évoquées plus haut se développeront plus franchement dans un second temps. Après tout, Roger Waters a déjà traité, de façon sublime, des problèmes individuels et mentaux de l'aliénation. The Dark Side Of The Moon, Wish You Were Here et, bien sûr, The Wall, en sont des modèles du genre.


The Pros And Cons Of Hitch Hiking en sera le dernier véritable exemple. Cet album sort en 1984 avant que Roger Waters ne quitte Pink Floyd un an plus tard. Le groupe n'est pas séparé, il ne travaille plus. Il est en sommeil. Roger Waters croit donc que la promotion de cet album et la tournée qui suivra seront soutenus par EMI de la même façon que les albums et les concerts de Pink Floyd. Logique : Pink Floyd, c'est lui, donc aucune différence, non ? Et bien, si. La tournée au coût faramineux sera personnellement financée par Waters, EMI ne lui apportant pas le soutien attendu. Quand il est question de vendre des billets, Roger Waters, ce n'est pas Pink Floyd.


Et ça, ça ne passe pas. C'est clairement après la sortie de cet album que Roger Waters, déjà bien mégalomane, va littéralement EX-PLO-SER à ce sujet. En effet, la promotion de cet album avait déjà donné lieu à des interviews des membres de l'ancien Pink Floyd sur ce qu'il se passait à l'intérieur du groupe. La nature de Waters était donc révélée au grand jour. Et il va lui-même largement l'alimenter.


Pour son album solo The Pros And Cons, il recrutera Eric Clapton qui était déjà en 1984 considéré comme un guitariste de légende. La journaliste du Best d'août 1984 ayant assisté au show promotionnel de l'album écrira, visiblement choquée : "Et ensuite, il y a ce band insensé, Eric Clapton, vous vous rendez compte ? Et que fait-il ? Il joue tranquille les partoches que le maître lui a mises sous le nez. De temps en temps, deux trois notes, un glissendo viennent rappeler à la foule que le guitariste est aussi un héros. Mais c'est tout."


Le schéma se répète donc avec d'autres personnes que les membres de Pink Floyd : le concept, toujours le concept. Seul compte désormais Roger Waters, lui et son imagination tandis que les musiciens, si talentueux soient-ils, ne sont là que pour exécuter ses volontés. En sortira un bon album, très bien produit (comme toujours chez Waters techniquement parlant), mais en rien comparable avec ce que nous avions connu auparavant de sa part. La presse de l'époque ne sera donc pas très enthousiaste, tout comme les fans qui, au cours des concerts, n'attendront qu'une chose, les morceaux floydiens. 


Après avoir quitté Pink Floyd et essayant de montrer au monde son propre talent en hurlant à qui le veut que sans lui, il n'y aurait jamais eu le Floyd, il poursuivra sa carrière solo avec Radio KAOS en 1987. Encore un album au concept singulier sorti tout droit de l'esprit de Waters destiné à prouver une fois de plus son talent d'écriture. L'album, dédié à tous ceux qui ressentent les effets violents et l'agonie du monétarisme, raconte l'histoire d'un jeune homme handicapé doté d'un pouvoir : celui d'entendre les ondes radios sans récepteur. L'album fait la critique du consumérisme, la compétitivité et les médias de masse. Une tournée suivra aussi.


Sauf que... Manque de bol. La tournée nord-américaine de Roger Waters coïncidera avec celle de Pink Floyd pour la promotion d'A Momentary Lapse Of Reason. Imaginez un instant : Waters qui voit son ancien groupe remplir des stades de près de 80 000 personnes lorsque lui, à deux pas, peine parfois à remplir des stades de 3 à 6 000 spectateurs. Il se déchaînera dans la presse, ne cessant de critiquer le groupe qui a consacré sa célébrité et avec lequel il est devenu l'artiste de génie qu'il est. On lui devra notamment la formule suivante au sujet du nouvel album de Pink Floyd, "C'est un faux très bien imité."


Avec Radio KAOS, Roger Waters a définitivement choisi de privilégier pour la suite de sa carrière la critique de la société, de la guerre, des génocides, etc., laissant finalement de côté les névroses personnelles qui étaient nées avec The Wall. Ces névroses psychologiques ne réapparaîtront pas sur un disque... mais plus tard, dans le comportement de l'ex leader de Pink Floyd.


Les années 1980 n'ont donc pas épargné Roger Waters. Entre les échecs commerciaux (et critique) de ses sorties studios et l'obsession de voir Pink Floyd comme étant sa propre oeuvre, Waters a définitivement assemblé les briques d'une personnalité mégalomane, égocentrique, névrosée et amère. Cette image, façonnée à cette époque, lui collera à la peau.

La suite, entre live démago et album majestueux


Dur dur les années 1980, donc. Après avoir réglé une querelle juridique avec Pink Floyd, essuyé de lourds échecs et être devenu l'archétype de la rock star imbuvable qu'il décrivait dans The Wall, les années 1990 semblent être celles du changement. Et quel changement. Changement du monde, déjà. Cette période sonne le glas des régimes socialistes et communistes existant sur la planète, précipitant la fin de la guerre froide que se livraient le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest depuis près de 50 ans. 


Cette actualité politique est sans doute un coup du destin pour Roger Waters, que l'on peut définitivement classer dans la catégorie des artistes engagés (ou enragés ?). L'occasion qu'il va saisir est la chute du mur de Berlin le 09 novembre 1989 qui ébranla le monde. Ce mur qui était devenu le symbole physique du rideau de fer entre Est et Ouest était enfin tombé, donnant un espoir inédit aux populations civiles. Roger Waters, qui publiait un pamphlet pacifiste avec Pink Floyd en 1983 dans lequel il s'attaquait notamment à Brejnev, ex-leader soviétique, voit ici une opportunité inespérée pour montrer au monde entier le génie qu'il est.


Ainsi, Roger Waters souhaite évidemment ressusciter l'oeuvre de sa vie qui est, en somme, son premier album solo : The WallLa presse ne s'était pas privée pour dire que les concerts de Waters pour la promotion de ses deux albums solos n'étaient pas au niveau de ce qui avait été fait à l'époque de The Wall. En effet, les shows de la tournée du mur, au nombre restreint de dates (une quarantaine), dépassaient alors tout ce qui avait été fait à l'époque. Il s'agissait véritablement d'une pièce de théâtre musicale, d'un opéra rock plus vrai que nature. Le groupe jouait l'album dans sa totalité pendant qu'un mur se construisait au fur et à mesure du concert, séparant les artistes de leur public, pour s'effondrer à la toute fin du show. Des marionnettes géantes des différents personnages de l'album étaient de la partie, des effets de lumières inédits, des effets pyrotechniques impressionnants. 


Face à ces exemples passés, les concerts de Waters en solo faisaient pâle figure, surtout de la part de celui qui se réclamait d'incarner Pink Floyd à lui seul. Et la tournée de promotion de Pink Floyd en 1987, gigantesque sur tous les plans, d'achever Roger Waters dans la presse et auprès du public. Pourquoi donc se priver de profiter de la chute du mur de Berlin pour rebâtir un show dantesque ? C'est ce qu'il fera. Le 21 juillet 1990 se tiendra donc un concert unique en commémoration de la chute du mur de Berlin, où l'album The Wall sera joué entièrement avec une mise en scène hors norme et un casting 5 étoiles. Waters sera accompagné de ses propres musiciens mais également des stars de l'époque tels que Van Morrison, Sinéad O'Connor, Bryan Adams, Scorpions, Cyndi Lauper, Marianne Faithfull... tous là, aux ordres, pour satisfaire le nouvel ego-trip de Roger Waters.


Le résultat ? Plus de 350 000 spectateurs réunis sur la Potsdamer Platz, là où se tenait le mur de la honte et où se dresse ce soir-là celui de l'opportunisme de Roger Waters. Cet évènement restera, pendant un temps, le concert ayant réuni le plus de personnes en Europe. Si la mise en scène est unanimement acclamée par le plus grand nombre du fait des moyens déployés, le bilan artistique est plus nuancé. L'armada de stars et la variété de styles de ces derniers a eu pour effet de faire oublier les qualités de l'album d'origine et de faire passer le concept initial au second plan. Tout cela au profit d'un opportunisme commercial à peine dissimulé. La diffusion de spots publicitaires des sponsors au cours du concert agacera d'ailleurs les spectateurs, huant à la vue de la projection des logos de British Airways sur le mur de la démagogie.


Je rappellerai les mots de Nathalie Chantoiseau, dans Best, qui concluront finalement très bien le sujet : "Il y avait la bonne cause, sans la générosité, ce qui ne laisse de ce concert que l'impression d'une autre brique dans le mur... du show-business."


De plus, si ce concert fut un succès, Roger Waters n'en a pas pour autant tiré une célébrité accrue. La tournée de Pink Floyd de 1987 à 1989 a été si lucrative et si commentée à travers le monde qu'un concert géant de commémoration ne suffira pas pour que Roger Waters refasse surface comme il l'aurait, sans doute, souhaité. L'heure est donc venue pour retourner à ce qu'il sait finalement faire de mieux, le création d'œuvres conceptuelles en studio.


Après plusieurs mois d'enregistrement dont dix-huit rien que pour le mixage/mastering dans dix studios différents, Waters publie son troisième album studio en 1992 intitulé Amused To Death. Qu'on se le dise, non seulement il s'agît du meilleur album solo de Roger Waters mais, au-delà, il s'agît ni plus ni moins d'un coup de maître. Il est un concentré de tous les apsects du génie de Roger Waters.


Déjà, il s'agît d'un concept album, à écouter d'une seule traite de sorte à s'immerger pleinement dans l'histoire qui nous est proposée : un singe, qui devant une télévision et la télécommande à la main, change de chaîne et découvre le monde d'alors. Roger Waters compile ici toutes les critiques qu'il peut faire sur le monde qu'il déteste à savoir la religion, l'argent, le consumérisme, la guerre (bien sûr), l'actualité politique, etc. La production est à couper le souffle. Il utilisa la technologie Q-sound qui nous transporte réellement dans l'univers de Waters grâce aux bruitages de foule en délire, d'explosions, de voitures, de campagne bucolique, et j'en passe. Notons aussi la place magistrale qu'occupe Jeff Beck à la guitare, démontrant que malgré son caractères dirigiste, Roger sait décidément s'entourer des meilleurs. Cet album est une excellente porte d'entrée dans l'univers watersien.


Sans doute las de se confronter à des salles bien moins remplies qu'il n'en avait l'habitude à l'époque du Floyd et se rappelant sans doute les critiques acerbes de la presse concernant la qualité de ses concerts des années 1980, Waters ne fera pas suivre cet album d'une tournée de promotion. Il lance simplement cet album dans les bacs, lequel album ne fera, comme les autres, pas énormément de bruit... Qu'importe, nous avons la sensation que Waters a enfin dit ce qu'il voulait dire, et que c'est très bien comme ça. Avec le temps, il est important de noter que la plupart des critiques considéreront cet album comme le plus abouti, c'est qui est la pure vérité. 


Il faudra attendre 7 ans avant de voir Roger Waters remonter sur scène, sans album à promouvoir. L'ex-Floyd n'en sortira aucun pendant 25 ans, laissant croire d'ailleurs pendant longtemps qu'Amused To Death serait son dernier travail en studio. Il a désormais d'autres ambitions pour le nouveau millénaire qui arrive. 

Un nouveau millénaire aux tournées planétaires


Côté création de concept et génie créatif, il semble bien qu'à l'aube des années 2000, Roger Waters a donné et n'a plus rien à prouver. Cependant, celui qui a fait partie d'un des groupes les plus reconnus et respectés au monde en terme de qualité de concerts a pris une sacrée claque. Comme évoqué précédemment au cours des années 1980, la presse, en plus de bouder ses albums solo, l'a bien égratigné lorsqu'il s'agissait de critiquer les concerts de promotion. Ajoutez à cela le retour en fanfare de Pink Floyd qui, sans Waters, a bouclé la tournée mondiale la plus lucrative de l'époque avec une mise en scène pharaonique et vous comprendrez que notre Roger soit amer. Mais, le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas vraiment du genre à se laisser faire... 


Il veut remonter sur scène, recréer des shows. Sauf que, cette fois-ci, pas question de se retrouver devant moins de 5 000 spectateurs et de dérouler ses morceaux solo qui, de toute façon, sont méconnus pour la plupart. Après la tournée mondiale The Division Bell de 1994 par Pink Floyd à plus de 110 dates, Waters a bien compris ce qui fonctionnait et a une idée bien arrêtée pour rameuter les foules, lui aussi. Qui a bâti le mythe qui remplit les stades si ce n'est Roger Waters ? Qui est le "génie créateur" de Pink Floyd si ce n'est Roger Waters ? Qui a donc plus de légitimité que lui pour remplir des stades avec des tournées centrées autour du répertoire de Pink Floyd ? C'est ainsi que Waters (doit-on le rappeler, ex-membre de Pink Floyd depuis près de quinze ans), s'en va sur les routes avec In The Flesh Tour à partir de 1999. Une tournée annoncée comme "An evening with Roger Waters, the creative genius of Pink Floyd, performing songs from Dark Side Of The Moon and The Wall to Amused To Death." Alors ça, si ce n'est pas pour attirer la chaland... Le racolage atteint un tel point que l'affiche présentera même les morceaux phares de Pink Floyd qui seront joués. Comme s'il était indiqué : "Si si les gars, venez c'est du Pink Floyd, ça va être bien ! Vous avez vu, on va même jouer ça, ça, et ça !".


Ce ne sont pas moins de 5 tournées qui vont se dérouler entre 1999 et 2023 (la dernière est toujours en cours) à travers le monde. Chaque tournée traversera tous les continents du globe et sera centrée non plus sur la promotion d'un album, car Waters n'en sort plus, mais sur l'œuvre de Pink Floyd. Au cours de ces tournées, seuls 7 ou 8 morceaux solo de Waters (parfois moins) seront joués, sur une trentaine de titres au total. Le marketing, souvent impressionnant, ressuscite la légende de ce qu'a été Pink Floyd à son heure de gloire. Et ça marche. A chaque tournée son thème : 


In The Flesh Tour (1999-2002) : la plus simpliste en termes de mise en scène et celle qui comportera le plus de morceaux solos de Roger Waters ;


The Dark Side Of The Moon Tour (2006-2008) : Waters y interprète, outre les grands indispensables du groupe, la totalité de l'album mythique sur scène avec une mise en scène davantage travaillée, notamment avec l'aide de Mark Fisher, l'architecte de la tournée The Wall Performed Live de 1980-1981 ;


- Roger Waters The Wall Live (2010 - 2013) : certainement la tournée la plus incroyable et la plus époustouflante en terme de mise en scène et d'effets spéciaux sur ces trente dernières années. Tout The Wall (et seulement The Wall) est joué avec la mise en scène de l'époque (notamment la construction du mur en direct) mais version "années 2010" et tous les progrès technologiques qui vont avec. Mark Fisher sera de la partie pour la conception, avant de décéder en 2013. A noter que cette tournée, au nombre record de 219 dates, sera la plus lucrative pour un artiste solo au cours des années 2010 avec un revenu estimé à près de 500 millions de dollars. 


Us + Them Tour (2017 - 2018) : après la sortie de son premier album solo depuis près de 25 ans, Waters revient sur les routes avec un show extrêmement politique, aux effets et à la mise en scène toujours grandioses. Mais il ne s'agit pour autant pas d'une tournée de promotion du nouvel album, le concert étant toujours centré sur Pink Floyd et les morceaux de légendes. 


This Is Not A Drill (2022 - en cours) : initialement prévue pendant la campagne électorale américaine de 2020, très certainement pour hurler son opposition à Donald Trump déjà bien attaqué par au cours de sa précédent tournée, elle commencera à l'été 2022 du fait de l'épidémie de COVID-19. Encore une fois, la mise en scène est innovante (la scène étant placée au milieu du public avec un écran à 360°), mais il s'agît probablement de la tournée la plus sombre et nostalgique.


Un mot sur cette dernière tournée. On comprend assez vite que Waters est au crépuscule de sa vie, voit le passé d'un œil émouvant, mais, d'un autre côté, voit le futur d'un œil extrêmement pessimiste et noir (cf la nouvelle version et le clip de Comfortably Numb 2022). Cela détonne car Waters, malgré son verbe acerbe et son militantisme sévère, a toujours fait en sorte d'entretenir l'espoir. Cela se voyait sur The Dark Side Of The Moon ("Eclispe"), The Wall ("The Trial" et "Outside The Wall"), The Pros And Cons Of Hitch Hiking ("5:06 AM Every Strangers Eyes") ou même Radio KAOS ("The Tide Is Turning (After the Live Aid"). Aujourd'hui, on a l'impression que tout espoir a disparu... Cela n'enlève rien à l'immense qualité de ce show que Roger Waters a qualifié, non sans humour, de "sa première tournée d'adieu." Menteur, menteur. Il avait déjà dit cela en 2010 lors du lancement de sa tournée The Wall Live qui devait être la dernière avant sa retraite. Mais bon, on connait tous cette technique...


Ces tournées ont tous un point commun, spécifiquement à partir de Roger Waters The Wall Tour : Waters se sert de Pink Floyd et de ses plus grands succès pour les adapter à l'époque contemporaine qu'il déteste et pour délivrer les messages politiques qui reflètent sa propre pensée. On peut souligner l'habileté, voire la virtuosité de cette démarche par instants. Par exemple, lors de la tournée Us + Them, le morceau "Pigs (Three Differents Ones") deviendra une diatribe féroce à l'encontre de Donald Trump. On est alors frappés de constater à quel point les paroles s'adaptent parfaitement au monde d'aujourd'hui, 40 ans après leur écriture... Mais on peut également désapprouver cette démarche. Celle, en quelque sorte, de réécrire l'histoire de ces morceaux passés en tentant insidieusement de nous faire croire que tout était déjà pensé, que nous n'avions pas compris le sens initial de ces chefs d'oeuvre et, in fine, que Waters est le visionnaire, voire le Messie de notre temps. Chacun se fera son propre avis. 


Ce qui est indéniable, c'est que cette énergie frénétique à créer de nouvelles tournées nous résume bel et bien à qui nous avons affaire. Nous avons affaire à un génial créateur de concepts qui aujourd'hui prennent la forme de shows remarquables, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Aussi, nous avons toujours affaire à un mégalomane égocentrique écrivant la légende pour sa postérité de sa propre plume. Et, enfin, nous avons affaire à un empire commercial bien rodé pour faire recette car, en plus de rameuter les fans de Pink Floyd en semant le trouble sur les affiches publicitaires, chaque tournée fera l'objet d'une captation vidéo et d'une sortie audio. Nous avons donc affaire à Roger Waters, lui qui criait en 1987 à propos de ses anciens comparses de Pink Floyd en pleine tournée de promotion, "Ces enculés ne font ça que pour le fric !". Tel est pris celui qui voulait prendre...


 


Si la carrière solo de Waters a eu du mal à démarrer malgré ses cris d'orfraie pour faire comprendre au monde que lui seul était Pink Floyd, il a finalement su trouver le chemin pour traverser les décennies 80, 90 et 2000 avec un bilan musclai nuancé, mais globalement positif. Ceci exposé, l'image du mégalomane, du tyran et de l'égocentrique qu'il a lui-même créé lui collent toujours à la peau. Et, si l'on peut saluer vivement ces dernières tournées internationales époustouflantes, il semble indiscutable que lui, n'a pas changé... Ou plutôt si : l'ex-membre de Pink Floyd boudé de tous et hurlant sa colère seul dans son coin s'est changé en une poule aux oeufs d'or recyclant les gloires du passé pour hurler (toujours) sa colère dans des stades bondés. 

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