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Roger Waters : Is There Anybody Out There ?


Jules, le 29/11/2023

Waters et la politique ou quand l'engagé devient polémiste... (Brain Damage)

Voici venu le moment du chapitre le plus délicat à rédiger... Il s'agit de la facette la plus controversée de l'ex-bassiste de Pink Floyd et, pour autant, celle qui devient de plus en plus visible avec les années au détriment souvent de ce qui doit (ou devrait) compter avant tout : la musique. Mais il semble que Roger Waters ait décidé lui-même de mêler les deux depuis au moins deux décennies. Je tiens à préciser que l'ensemble de ce qui suit n'engage que le rédacteur de ces lignes. Ainsi, pour ma part, il n'y a pas lieu de "distinguer l'homme de l'artiste" comme on peut l'entendre souvent. D'autant moins lorsqu'il s'agit de Roger Waters qui est l'exemple parfait que l'homme, ses pensées et ses combats ont forgé l'artiste qu'il est aujourd'hui. Il n'est pas non plus question de dire ce qu'il faut penser, mais comprendre ce qu'il pense et, surtout, comprendre pourquoi l'image de Waters est passée d'un génie mégalo à celle (à tort ou à raison, nous le verrons) de triste sire complotiste, belliqueux et antisémite. 

Les sources de l'indignation


Comme nous l'avons fait pour l'ensemble des sujets abordés dans ce dossier, la généalogie est fondamentale pour tenter de lever le voile sur ces questions et comprendre un tant soit peu les scandales dont la presse musicale nous abreuve depuis quelques temps. A ce sujet, le terme de généalogie ne peut être mieux choisi qu'en ce cas présent. Il permet de revenir aux sources de l'indignation, aux sources des combats de Roger Waters qui, contrairement à ce que l'on peut lire, ne date pas des derniers concerts de l'ex bassiste.


N'oublions pas que Roger Waters est orphelin de père. Eric Fletcher Waters, soldat anglais, a été tué lors de la bataille d'Anzio en 1944 laissant ses deux enfants sans père. Roger Waters n'a jamais caché ce traumatisme, bien au contraire. Dès l'album A Saucerful Of Secrets, il écrit la chanson "Corporal Clegg", morceau ironique et cynique décrivant l'oubli dans lequel est tombé le vétéran Clegg à l'issue de la guerre malgré son engagement pour la patrie. 


De plus, nous nous souvenons bien évidemment de l'album The Wall dans lequel Pink, héros de l'histoire, a également perdu son père au combat, affirmant encore l'aspect autobiographique de l'opéra-rock le plus célèbre du monde. C'est ainsi qu'"Another Brick In The Wall Pt.1", "Vera" et "Bring The Boys Back Home" constitueront des pamphlets contre la guerre et ses conséquences désastreuses. Plus encore, The Final Cut, dernier album du Floyd avec la présence de Waters sera clairement dédié au père de ce dernier, de même que le morceau déchirant qui porte son nom ("The Fletcher Memorial Home").


C'est indiscutable, la source principale de l'indignation de Roger Waters et l'évènement initial de tous ses combats est à mon sens ce traumatisme. Cette blessure irréparable aura donné l'occasion à Roger Waters de nous livrer des œuvres absolument magistrales comme celles citées plus haut et également d'autres comme les morceaux qui figurent sur ses albums solo. De cette blessure naîtra le combat qui aurait du rester le sien probablement jusqu'à la fin de ses jours : le combat pour la paix et contre tout forme de guerre. Ce point est essentiel, Roger Waters a toujours dénoncé toutes les formes de combats armés quels qu'ils soient, mettant en perspective sa propre blessure, et dressant le spectre de la Seconde Guerre mondiale dont il a été une des victimes collatérales. C'est ainsi que le "Post-War Dream" est né dès 1983. 


Cette pensée initiale s'est également invitée dans les tournées de Roger Waters. Durant ces spectacles hors-normes, les morceaux de Pink Floyd et les morceaux solo étaient adaptés de sorte à coïncider avec le combat pour la paix de Roger Waters. Cette volonté de l'ex-leader du Floyd a été particulièrement remarquée au cours de la tournée The Wall Live entre 2010 et 2013 qui était un véritable show politique. Les deux tournées suivantes le seront encore plus. Il introduira d'ailleurs chaque concert de sa tournée This Is Not A Drill par une annonce : "Si vous aimez Pink Floyd mais que vous ne supportez pas les pensées politiques de Roger Waters, allez vous faire foutre au bar immédiatement."


La personne de Roger Waters et sa pensée politique sont donc définitivement indissociables l'une de l'autre. Cet engagement initial est tout à son honneur et aurait pu faire de lui, je le crois, un prix Nobel de la paix.


Ceci aurait pu être envisageable s'il n'avait pas dévié de cette ligne claire qu'était celle d'un artiste engagé pour la paix, contre toute forme de guerre, s'inscrivant en ce sens comme une sorte de non-aligné. Cependant, Roger Waters dérivera au fur et à mesure des années et l'on remarquera chez lui une escalade discutable dans ses propos et une indignation sélective qui ont mené, in fine, à une radicalisation de sa pensée. 

Entre théories du complot, géopolitique approximative et antiaméricanisme absolu


Au-delà de ses prises de positions à l'encontre des conflits armés à travers le monde, Roger Waters a évolué en même temps que sa musique sur d'autres thèmes. Si l'on devait résumer avec les yeux d'aujourd'hui le combat de Waters, il va bien au-delà d'un simple combat pour la paix. 


En effet, ce combat semble s'être transformé au fil des ans en un antiaméricanisme féroce et, parfois, primaire. Roger Waters, vivant aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies, a désigné Washington et la puissance des Etats-Unis comme son ennemi personnel. Il tend même à l'ériger en ennemi public numéro 1. Un exemple intéressant est peut-être la transformation du sens des paroles de "Pigs (Three Different Ones)", figurant sur Animals. En effet, à la fin de ce morceau qui critique les hommes et femmes de pouvoir, Waters écrit ces paroles : "Hey you Whtehouse, charade you are !" Initialement, ces mots étaient destinés à Mary Whitehouse, militante puritaine britannique qui s'est notamment distinguée en faisant condamner pour blasphème un magazine défendant le droit des personnes homosexuelles. Roger Waters transformera le sens de cette phrase lors de sa tournée Us + Them de 2018 en s'attaquant à la Maison Blanche, occupée par Donald Trump. 


De fait, ses concerts sont sa meilleure vitrine. Sachant que les stades seront remplis grâce aux morceaux légendaires du Floyd qui attirent toujours des millions de personnes à travers le monde, Waters fait de la scène une tribune politique. Ses trois dernières tournées illustrent un crescendo évident en ce sens. Tous les sujets sont abordés avec une rage incommensurable. Pour y avoir assisté, la tournée Us + Them semble être la plus politique de toutes. Outre les violentes attaques menées (à juste titre) contre Donald Trump devenu président, Waters s'amuse à se servir du répertoire floydien comme essence de son propre moteur idéologique. Il poursuivra, dans une moindre mesure, sur la tournée suivante. 


Ainsi, nous verrons des enfants vêtus de tenues orange, rappelant celles des détenus américains, et de t-shirts avec l'inscription "Resist" sur le morceau "Another Brick In The Wall Pt. 2". Nous verrons aussi les images des hommes et femmes politiques du monde (dont Marine Le Pen) que Waters conchie sur le morceau "Pigs (Three Different Ones)". 


Sa carrière post-Floyd sera jalonnée d'attaques en tout genre, de combats variés et de diatribes hostiles. Il faut reconnaître que certains de ses combats sont plus défendables que d'autres, comme lorsqu'il défile à Londres et fait décoller un nouveau cochon volant au-dessus de la Battersea Power Station flanqué du slogan "FREE JULIAN ASSANGE". Waters s'est toujours rangé derrière le journaliste de WikiLeaks pourchassé par les Etats-Unis pour avoir révélé des crimes de guerre commis par la première puissance du monde. En ce sens, Waters s'inscrit en faux face au procès fait au lanceur d'alerte et entend ainsi défendre la liberté d'expression, et plus encore, le devoir de dénoncer les exactions commises par les Etats-Unis. 


Par ailleurs, au-delà des actions politiques américaines, Waters semble rejeter tout ce qui provient de l'autre côté de l'Atlantique. C'est ainsi qu'au cours d'une conférence de presse, il insultera copieusement Mark Zuckerberg, patron de Facebook qui avait sollicité les droits d' "Another Brick In The Wall Pt. 2" pour une publicité. Waters lira cette demande à haute voix et jura que jamais sa musque ne servirait à faire une telle publicité. En ce sens, il semble pouvoir rallier à sa cause plusieurs personnes car il s'agit ici d'opinions.


Nous pourrions simplement raconter chacun de ces épisodes et y apporter un avis. Mais la question n'est pas vraiment celle-ci. Elle est plutôt de comprendre pourquoi. Pourquoi cet homme habité par des intentions pacifiques est tombé dans des travers l'amenant à propager des théories complotistes et à réécrire l'histoire géopolitique ? Malheureusement, le monde actuel est un terrain fertile pour le bassiste qui ne manque pas d'occasions pour s'engouffrer dans des théories dangereuses et devenir, à son corps défendant (?), belligérant lui-même. 


Car Waters ne peut pas se cacher derrière son génie artistique éternellement. Il ne fait plus dans l'opinion depuis longtemps, mais cultive la désinformation. A ce jour, et c'est bien difficile de l'écrire, Roger Waters est un homme dangereux. Comme l'ensemble des personnes qui nourrissent la peur ou entretiennent les crises. Je n'utiliserai pas l'argument suivant : "Waters est un musicien et, en tant que tel, il doit rester à sa place." Non. Waters est un citoyen du monde et, comme tout un chacun, a le droit de s'exprimer et ses opinions doivent être jugées comme celles de n'importe quel autre.


Ainsi, lorsque j'affirme que Roger Waters est un complice dissimulé des atrocités commises en Ukraine par la Russie, non pas en les expliquant mais en les justifiant, je le fais comme je jugerai Jean-Pierre au café du commerce. Car évidemment, il est nécessaire de revenir sur ce jour où, au nom de la Russie (je le répète, AU NOM DE LA RUSSIE), Roger Waters s'est exprimé le 8 février 2023 au Conseil de sécurité de l'ONU. Je refuse d'écouter les personnes qui me diront de lire son discours entre les lignes et qui justifient ainsi, tout comme Waters, les massacres commis. Non. Roger Waters est intervenu comme caution médiatique du régime russe en se dressant contre l'expansion de l'OTAN qui, à son sens, justifie l'invasion de l'Ukraine. 


Pour rapporter l'ensemble des faits et ainsi faire plaisir aux défenseurs ardus de Roger Waters qui perdent parfois tout sens moral au détriment d'un objectivité bienvenue, le bassiste a effectivement condamné fermement l'invasion russe dans "les termes les plus forts" en estimant que celle-ci était bien illégale. Sauf que, derrière cette condamnation se trouvait un "mais." Nous savons ce que signifie les "Je ne suis pas raciste/homophobe/xénophobe/etc. mais..." Et après cette conjonction, Waters de s'engouffrer dans la (fausse) propagande russe et reprendre les thèses pro-Poutine qui ont conduit à cette invasion. 


Ce triste spectacle est en réalité une forme de jusqu'au boutisme au sujet de sa haine envers les Etats-Unis. Il voit en effet en Joe Biden un criminel de guerre qui profite de la guerre en Ukraine. Rappelons aussi qu'avant le 22 février 2022, Waters ne croyait pas à une invasion considérant qu'il s'agissait de "bullshit" et que la propagande américaine allait contre la Russie.


Plus encore, il ira jusqu'à écrire à Olena Zelenska, épouse du président ukrainien, pour lui dire, tenez-vous bien, de convaincre son mari de se rendre et de stopper les combats. Après s'être étonnés de l'idée douteuse d'avoir écrit à l'épouse du leader ukrainien, il est évident que Waters rejette la responsabilité du conflit sur le pays agressé en se montrant d'une indulgence à peine dissimulée à l'égard du régime de Poutine. C'est ce que nous appellerons l'indignation sélective ou, plus grave, la démonstration que Waters est devenu un homme dangereux. 


Pour la forme, rappelons également qu'il a publiquement estimé que le massacre à la bombe chimique de Douma était "une mise en scène des Casques Blancs", que Taïwan était depuis toujours partie intégrante de la Chine et qu'il est un soutien actif de Nicolas Maduro, président vénézuélien réprimant ses opposants politiques à coup de mandats d'arrêt.


Où est donc passé le grand musicien qui dénonçait l'invasion des Malouines ? Celui qui écrivait, il y a peu, un magnifique morceau sur le sort des milliers de réfugiés venus en Europe ? Celui qui se servit de sa propre expérience pour prôner la paix, et juste la paix ? Que fait cet homme au banc de la Russie à tenter d'expliquer que l'Ukraine et l'Occident ont provoqué les massacres qu'ils subissent ? Vous le voyez le fossé là ? 


Mais plus grave encore sont les accusations dont il fait l'objet depuis quelques temps et qui se sont intensifiées au cours des deux dernières années. Roger Waters serait antisémite. Cette question mérite à elle seule un paragraphe entier.

L'émergence progressive d'un antisémitisme supposé


Le 1er mars 2023, Les Inrocks publient un article : "Le concert de Roger Waters à Francfort annulé en raison de ses positions sur Israël." A la lecture de l'article, nous apprenons que le conseil municipal de Francfort a décidé d'annuler le concert prévu le 28 mai suivant dans la salle Festhalle qui servit en 1938 de camp de rétention où des personnes juives transitaient avant leur déportation. A l'appui de cette décision, de multiples déclarations et actions de Roger Waters au sujet de la religion juive et, surtout de l'Etat d'Israël, qui ne passent pas pour la mairie de Francfort qui va jusqu'à qualifier le bassiste d' "un des antisémites les plus connus au monde."


Pour aborder ce sujet extrêmement délicat, d'autant plus compte tenu de la situation géopolitique actuelle, il est nécessaire de procéder par étapes et de faire preuve d'honnêteté intellectuelle. Parmi les griefs faits à Waters, les images de lui durant ses concerts interprétant "In The Flesh", vêtu d'un uniforme rappelant celui des Waffen SS durant la Seconde Guerre mondiale et une scénographie faisant un écho direct aux réunions du parti nazi. Aussi, il est fait mention du célèbre cochon gonflable arborant une étoile de David et volant au-dessus de la tête des spectateurs durant les shows.


Que les choses soient dites. A lire la presse qui a relayé ces informations, je n'ai pu m'empêcher de constater une certaine mauvaise foi qui donnait l'impression aux lecteurs que Roger Waters glorifiait le parti hitlérien en sortant complètement cette scénographie de son contexte artistique. Je le dis très clairement : la polémique concernant ces concerts n'a pas lieu d'être et relève plus du ridicule qu'autre chose. Pourquoi ? Les fans le savent, évidemment. Et tout journaliste travaillant un minimum devrait également le savoir.


Pour la simple et bonne raison que cette scénographie date de 1980 et s'inscrit seulement dans le scénario de l'opéra-rock The Wall ! Reprocher ceci à Roger Waters reviendrait à reprocher à Charlie Chaplin d'avoir réalisé The Great Dictator. Cette scénographie a été pensée et mise en place pour dénoncer le régime nazi, toutes les formes de totalitarisme et l'aliénation mentale qui en est la source. De plus, ceci a été créé à l'époque où Pink Floyd était encore un groupe. Les trois autres membres doivent-ils être taxés d'antisémites ? Evidemment non. 


Quant au cochon gonflable, il serait de bon ton de rappeler que la croix chrétienne et le croissant musulman figuraient également sur ledit cochon. Celui-ci avait pour objet, si quelqu'un avait encore un doute, de dénoncer toutes les religions et les dérives dogmatiques qu'elles peuvent entraîner. Waters réagira à cette polémique en troquant l'uniforme contre une camisole de force. A y réfléchir, il est vrai que c'est plus adapté. 


Ceci étant dit, il serait tout aussi malhonnête de dire que la polémique autour de l'antisémitisme supposé de Roger Waters serait infondée. Plusieurs prises de positions de l'artiste ont mis de l'eau dans le moulin de ses détracteurs, souvent à juste raison. Dire que Roger Waters est antisémite serait très certainement aller loin d'emblée, et pénalement répréhensible. Ce qui est incontestable est que Waters est anti-Israël. La question, à laquelle nous ne répondrons pas, est alors de savoir si nier la légitimité d'Israël et de ses habitants est une définition de l'antisémitisme. Nous laissons chacun juge.


Conspuer Israël, il s'agit là du dernier combat de Roger Waters, le moins glorieux, il faut bien le dire. Roger Waters s'est en effet rapproché depuis 2013 du mouvement "BDS - Boycott, Désinvestissement & Sanctions" qui appelle, comme son nom l'indique, au boycott et à la diabolisation d'Israël en raison de la politique menée par cet Etat à l'égard de la Palestine. Roger Waters est un fervent défenseur de cette organisation décriée et refuse ainsi de se produire en Israël.


Si cela s'arrêtait à un simple soutien à une organisation internationale et au refus de jouer en Israël, le débat n'aurait pas pris de telles proportions. Au lieu d'en rester là, le Waters provocateur et polémiste pointe à nouveau le bout de son nez en multipliant des déclarations dérangeantes. Il ne s'agit plus d'exprimer ses opinions ni de défendre les droits humains. Waters soutient les thèses conspirationnistes, comparant notamment le régime de Tel-Aviv au IIIe Reich estimant qu'il "n'aurait pas aimé jouer à Berlin durant la Seconde Guerre mondiale." La comparaison était osée, Waters l'a faite.


Mais il ne s'arrête pas là dans l'ignominie, il va bien bien plus loin en qualifiant Israël de "projet suprémaciste, colonialiste exploitant un système d'apartheid", la politique israélienne de "génocide" et va jusqu'à servir les thèses complotistes des juifs dominants le monde. Pour ce faire, il dira de Sheldon Adelson, homme d'affaires de confession juive qu'il décrit comme un "marionnettiste tirant les ficelles de Donald Trump, Mike Pompeo et l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël pour prendre toute la Palestine historique et le Royaume de Jordanie et les donner au peuple élu pour former un Grand Israël." Gerbant. Là encore, à travers sa croisade anti-israélienne, Waters s'attaque aux Etats-Unis, mêlant tout et n'importe quoi pour tenter d'être audible. Il n'en est que plus ridicule. 


Plus récemment, enfin, sur l'invasion d'Israël par le Hamas le 7 octobre dernier, Roger Waters semblait apte à condamner les exactions commises par le groupe terroriste armé dans une première vidéo. Mais c'était bien mal connaître ce triste sire. Dans une vidéo publiée un peu plus tard, Waters, comme il l'a fait pour l'Ukraine, justifie les massacres qui ont été commis tout en niant paradoxalement leur véracité, estimant que ceci a été monté de toutes pièces par Israël. "L’armée israélienne n’a-t-elle pas entendu les détonations lorsqu’ils ont fait exploser tout ce qu’ils avaient à faire exploser pour traverser la frontière ? Il y a quelque chose de très louche là-dedans. [...] Nous ne savons pas ce qu’ils ont fait. [...] Était-il justifié pour eux de résister à l’occupation ? Ouais. Ils sont absolument légalement et moralement tenus de résister à l’occupation depuis 1967. [...] Tout a été présenté sans proportions par les Israéliens qui ont inventé des histoires de décapitations de bébés." Encore gerbant.


Rapporter les propos de Waters à ce sujet n'a pas pour objet de défendre l'un ou l'autre des camps, israélien ou palestinien. Cela a pour but de mettre la lumière sur les pensées d'un homme dont les déclarations amènent à nier les évidences, à mépriser les victimes de terrorisme, à diffuser de fausses informations et, pire, de soutenir par son discours la position d'un groupe terroriste dont le but est la disparition de l'Etat d'Israël. Position que semble partager Roger Waters qui estimait, croyant se défendre habilement, que "dire que l'Etat d'Israël n'a pas le droit d'exister n'est pas antisémite."


Polly Samson et David Gilmour ne sont pas les seuls qui ont levé leurs boucliers contre les positions douteuses de l'ex-Floyd. Ce dernier perdra certains de ses sponsors de tournée comme American Express par exemple. Mais le pavé dans la marre le plus violent est probablement le documentaire nommé The Dark Side Of Roger Waters réalisé par le groupe de pression britannique Campaign Against Antisemitism. 


Ce documentaire est accablant pour Roger Waters car il fait intervenir d'anciens collaborateurs dont l'un n'est autre que Bob Ezrin, cop-producteur de The Wall. Ezrin, ainsi que Norbert Stachel, saxophoniste accompagnant Waters en tournée, sont tous deux de confession juive. Et ils racontent. Ils racontent les moments dont ils ont été témoins et au cours desquels Roger Waters aurait manifesté clairement des pensées et propos antisémites. 


Les propos qui sont rapportés sont à vomir. Ils n'engagent évidement que ceux qui témoignent, présomption d'innocence oblige. S'ils sont vrais, en revanche, le fait que Roger Waters est antisémite ne ferait plus aucun doute. Il s'agit de véritables propos de comptoir, dégueulasses au possible et que rien ne peut justifier. Cela est d'autant plus édifiant que, contrairement à son combat contre Israël, il est question ici de propos tenus en privé, généralement plus éclairants sur la personnalité d'un homme que des déclarations publiques. Il ne sert pas vraiment d'en rajouter en les rapportant ici. Allez plutôt consulter ce documentaire qui en dit déjà beaucoup. 


 


Bien entendu, Roger Waters a eu l'occasion de se justifier sur ses différents propos et prises de positions politiques. Ou plutôt de les réfuter, arguant sans cesse que chacun de ses actes et le combat de sa vie n'ont qu'un but : la paix dans le monde et la dénonciation de toute forme de totalitarisme. Force est de constater que ces prétendues intentions ne sont plus vraies. Elles l'ont été, oui, et sincèrement. Il fut un temps où Roger Waters pouvait rassembler les citoyens du monde autour de thèmes prétendument réservés à la gauche pour faire valoir les droits humains et la paix. Ce temps a existé et, fort heureusement, l'Histoire nous en laisse quelques traces à travers de sublimes morceaux écrits par celui qui reste un génie. Cependant, ce temps est définitivement révolu, je le crains. Triste crépuscule pour une idole...

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