
Journée internationale des droits des femmes 2025
- Introduction
- Edito l'errance
- Représentation féminine dans le rock : être libre d’exister
- Nos chroniques de groupes avec femmes en 2024
Edito l'errance
(Par Mathilde) Par souci de santé post opératoire, je ne pondrai cette année qu'un édito spontané (et c'est déjà pas mal ma star). C'est vrai quoi, on oublie qu'on pousse son corps au quotidien. Et puis on se rend compte de dérèglements, on passe sur le billard, on s'arrête, on constate. On constate l'errance détenue dans le contenu des actualités (politiques notamment), et pour ce qui nous concerne en ce 8 mars, l'errance thérapeutique, judiciaire etc etc... envers ces drôles de petits énergumènes que sont les femmes, qui n'existent (qu'on fait exister) souvent que par rapport au genre masculin.
Le but n'est pas de faire émerger des nouvelles saillies, cet écrit n'enfoncera que des portes ouvertes, ça fait pas de mal, ça aère au moins. Il se contentera de s'insurger pour éviter autant faire se peut les automatismes du style le-diable-est-dans-les-détails-on-vient-toujours-croquer-dans-notre-part-de-gâteau. Quand affairées à nos obligations journalières, il ne nous reste pas assez d'énergie et d'envie pour aller voir la poussière sous le tapis (qu'il faut aspirer, flemme). Flemme je t'aime, femmes je vous aime, mais la question centrale reste: on nous aime comment ? Dans quelles circonstances ? Sous couvert de quel comportement ? A quelles conditions ? Il suffit d'opposer un "non" à une sollicitation habituelle pour que l'interlocuteur (ou interlocutrice, pleine de mauvaises constructions aussi parfois) soit déçu(e), exprime une forme de mécontentement rapide. Et on n'a pas été éduquées à décevoir.
S'il y a déception, c'est qu'il y a attente. Et c'est malheureusement souvent que quand le corps flanche, que le "non" devient ferme (par survie finalement). Cela a été le cas pour la chanteuse du groupe L'Impératrice dont la voix s'est éteinte et qui a quitté le groupe après des années de comportement toxique à l'intérieur du boys band, du boys club, qui le restait malgré le moteur qu'y constituait Flore Benguigui. Elle y était incluse tant qu'elle filait droit, qu'elle filait pas (qu'elle "fillait", oh oui on n'est pas fâchés avec les jeux de mots ici). Avec la montée dernièrement des vagues secondaires à Me Too (avec le Procès Mazan en bonne place), les hommes tremblent, les mascus (ré)émergent. Si les femmes deviennent une menace, c'est bien qu'il y a un renversement (un ré équilibrage en vrai) de pouvoir qui s'opère, et c'est bien que les hommes ont quelque chose à y perdre. C'est quand on est privé d'un avantage qu'on en mesure l'importance et qu'on ne veut surtout pas lâcher prise.
Mais ce qui vient après "vous les femmes", c'est "vous le charme" normalement ? Attendez il faudrait genre vraiment écouter les femmes ? Mais elles sont pas montées en série, nourries au même grain ? Et donc pourquoi on prendrait en compte leurs cas particuliers ? Comment ça elles doivent prendre une place, de la place ? Mais oui, pauvres hères (on adore aussi les expressions vieillottes) peut-être bien que la légitimité féminine existe, et même qu'elle devrait permettre aux femmes de s'épanouir et de rayonner. Comment atteindre en tant que musicienne, ses objectifs sans se sacrifier (sa famille par exemple), sans flinguer ses chances de réussir auprès de son équipe d'hommes pour la plupart ? Combien de dames ont lâché l'affaire dans leur parcours musical ? Peu d'artistes femmes sont visibles sur la scène rock, moi même j'en écoute très peu, je ne vais pas faire "genre" (gaudriole). Mes collègues viendront en renfort pour mettre en lumière les artistes féminines de l'année passée.
La charge pyscho-émotive qui frappe au moment de s'indépendantiser... A force d'être construite relativement aux hommes, qui décide d'être la femme ? Que veut elle incarner ? Quel positionnement choisit-elle, dans un monde où elle en a eu peu, de choix ? Bien sûr qu'une révolution fait couler de la colère, a ses heurts, ses ratés et ses violences, et que les femmes en ont gros. Partagées qu'on est entre le fait de rester en convalescence (pas le time d'aller satisfaire) et de résister (pas l'énergie). Oui, ça fatigue de porter un utérus (de l'enlever aussi). Partons sur un mix: une "con résistance", résister au con mais aussi résister ensemble ("cum" racine étymologique de "con/com" qui veut dire "avec", pour les options latin). Ici à Albumrock, on s'embarrasse pas de ligne éditoriale figée et conforme, ni de diffusion de commentaires haineux. Pour, vous lectrices et lecteurs, je conclus (façon de parler) avec ce bon vieux Juju Kitschlesias : "Avec des milliers de roses, on vous entoure, on vous aime, et sans le dire, on vous le prouve".