
Bad Company
Straight Shooter
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1- Good Lovin' Gone Bad / 2- Feel Like Makin' Love / 3- Weep No More / 4- Shooting Star / 5- Deal With the Preacher / 6- Wild Fire Woman / 7- Anna / 8- Call on Me


En 1974, Swan Song Records avait apporté son soutien à un combo capable de faire de l’ombre à Led Zeppelin eux-mêmes, un supergroupe qui ne disait pas son nom et qui était en partie issu des très populaires Free : Bad Company. L’horizon semblait dégagé pour ces étoiles montantes du rock, mais elles se confrontèrent vite à un problème de taille : leur premier album, Bad Company était un opus parfait, sur lequel il était difficile de rebondir sans décevoir. Et tout aussi excellent que soit Straight Shooter, il l’est à peine moins que Bad Company, et surtout, il s'avère beaucoup moins surprenant que celui-là pour parvenir à l’égaler.
Années 1970 obligent, Bad Company compte rapidement capitaliser sur son succès et entre en studio sans anicroche : dès 1975, les dés sont jetés, comme le suggère la pochette iconique signée Hipgnosis. Le groupe fait donc reposer son destin sur une recette approuvée et sur plusieurs tubes, notamment "Shooting Star", hymne au club des 27, et l’incroyable "Feel Like Makin' Love". Ces deux morceaux sont des ballades heavy (ou power ballad) fondées sur un contraste entre un développement apaisé et des ruptures saturées : la première est plus folk bien que parsemée de traits de guitare mordants (notamment lors des refrains), la seconde joue ce contraste de façon encore plus marquée. C’est imparable, d’autant plus que Paul Rodgers et Mick Ralphs réalisent un travail encore plus abouti que sur Bad Company. Côté saturé, on pourrait y ajouter "Deal with the Preacher", un titre hard-rock musclé aux sonorités américaines, qui dispose également d’un pont plus calme.
Le principal défaut de Straight Shooter est bien connu : la volonté de trop s’inscrire dans le sillon de son prédécesseur. Ainsi, le sudiste "Wild Fire Woman" n’étonne guère malgré son refrain hymnique, et "Good Lovin' Gone Bad" évoque beaucoup trop "Can’t Get Enough" pour devenir mémorable. C’est un moindre défaut bien entendu, mais par conséquent, l’album souffre mal la comparaison avec son grand frère. En outre, certains titres manquent un peu leur cible : "Call on Me", une ballade dominée par les claviers, toute aussi agréable que générique, "Anna", qui est très convenu et repose surtout sur le chant emphatique de Rodgers, et "Weep No More", ringard jusque dans ses orchestrations.
Ces quelques bémols sont bien dérisoires, car Straight Shooter est un vrai grand opus : le dernier du groupe hélas, qui perdra ensuite, petit à petit et album après album, son inspiration au point de devenir anecdotique puis insipide.
À écouter : "Feel Like Makin' Love", "Shooting Star", "Deal with the Preacher", "Wild Fire Woman"