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Ranking Albums - Styx
Fantasme absolu de tous les petits rockers, le "ranking" représente une magnifique occasion de faire subir à son entourage l’écoute obligée de tous les albums (enregistrés en studio) de son groupe préféré.
Pour chaque album, je précise l’année, le rang dans la chronologie discographique, le meilleur classement dans les charts américains, le nom des musiciens crédités et ma plage favorite (choix subjectif).
Bienvenue dans l’univers de Styx, le groupe qui va enquiller quatre albums triplement platinés d’affilée, entre 1977 et 1981. Sing For The Day !
Ranking
N°17 : Styx I (1972)
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Dennis DeYoung – John Curulewski – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 207
Sous son artwork illisible, Styx I, partagé entre des assemblages sonores fort peu excitants et des compositions pour le moins inabouties, s’apparente à une ébauche d’album.
A écouter : rien
N°16 : Serpent Is Rising (1973)
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Dennis DeYoung – John Curulewski – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 192
Désastreux et dépourvu d’inspiration créative (à l’exception peut-être de deux titres de James Young), Serpent Is Rising restera une catastrophe industrielle pour Styx. Dennis DeYoung déclarera spontanément qu’il s’agit du pire album de l’histoire de la musique. Dont acte.
A écouter : "Hallelujah Chorus" (Haendel)
N°15 : Styx II (1973)
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Dennis DeYoung – John Curulewski – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 20
Personne n’aurait pu deviner que cet album contenait "le" titre qui, contre toute attente, allait lancer la carrière de Styx deux ans (et deux albums) plus tard. Selon la légende du claviériste, c’est dans son garage que Dennis DeYoung a écrit "Lady", une power ballad assez niaise destinée à sa bien-aimée (qui deviendra son épouse). Comme le reste de l’album, ce titre passe inaperçu avant de devenir tardivement un hit radiophonique inattendu. C’est ce succès a posteriori qui incitera A&M à signer le groupe en 1975.
A écouter : "Lady"
N°14 : Brave New World (1999)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – Todd Zucherman
Charts US : 175
Cet opus aurait dû marquer la réconciliation entre Tommy Shaw et Dennis DeYoung. Ce sera un échec. Non seulement la sauce ne prendra pas (ou plus) mais l’album, extrêmement paresseux et dépourvu de ligne musicale directrice, sera une Bérézina commerciale, se classant à peine plus haut que le catastrophique The Serpent Is Rising. Seul fait tristement notable : John Panozzo, terrassé trois ans plus tôt par une cirrhose, est ici remplacé par (le très bon) Todd Sucherman.
A écouter : "Goodbye Roseland"
N°13 : Kilroy Was Here (1983)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 3
Ridicule de naïveté et d’incompétence narrative, ce concept-album rétro-futuriste va marquer la fin de l’âge d’or de Styx. Après une tournée qui laissera les critiques perplexes, le groupe se verra condamné au silence durant plusieurs années.
A écouter : "Mr. Roboto"
N°12 : Man Of Miracles (1974)
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Dennis DeYoung – John Curulewski – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 154
Malgré de multiples maladresses, Man Of Miracles marque enfin une relative progression musicale, concrétisée par une plage titulaire d’excellente facture. Le groupe a gagné en cohésion mais peine à se trouver une identité musicale, partagé qu’il est entre des personnalités très différentes dont les prétentions artistiques ne se marient pas.
A écouter : "Man Of Miracles"
N°11 : Edge Of The Century (1990)
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Dennis DeYoung – Glen Burtnik – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 63
Album de rupture, Edge Of the Century manque son objectif avoué de renouer avec l’éclat d’antan. Tommy Shaw a claqué la porte parce qu’il n’approuve plus les dérives broadway popisantes de Dennis DeYoung. Il est remplacé par Glen Burtnik, un aimable mercenaire qui a écrit des hits mineurs pour une kyrielle de rockers. Le succès ne sera pas au rendez-vous et A&M décidera de mettre un terme douloureux à sa collaboration avec Styx. Perdu parmi plusieurs compositions assez pénibles de Denis DeYoung, le titre conclusif "Back To Chicago" vaut cependant une écoute attentive pour la sincérité de son propos.
A écouter : "Back to Chicago"
N°10 : Cornerstone (1979)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 2
Troisième des quatre triple-platinés, Cornerstone déçoit les fans européens tout en élevant le statut du groupe dans son pays d’origine. Plutôt que de tenir les promesses de Pieces of Eight, l’album propose une version édulcorée et mollassonne du rock de Styx. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une entreprise délibérée ou d’une erreur de parcours. Le single "Babe" est un petit désastre tout dégoulinant de sucre et de miel. Seul l’excellent "Boat on The River", un single folk-rock signé Tommy Shaw, sauve l’opus du naufrage complet. C’est maigre.
A écouter : "Boat On The River"
N°9 : The Mission (2017)
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Tommy Shaw – James Young – Lawrence Gowan – Ricky Phillips – Todd Zucherman
Charts US : 45
Formellement, The Mission lorgne du côté des seventies. Le résultat est convaincant mais, une fois encore, le caractère conceptuel de l’opus (qui conte une mission désespérée vers la planète Mars, en 2033...) peine à convaincre. La musique est certes roborative mais elle est plombée par les impératifs « narratifs » inhérents à la démarche. Ceci dit, The Mission marque une remarquable progression dans la cohésion du "nouveau" Styx.
A écouter : "Hundred Millions Miles From Home"
N°8 : Cyclorama (2003)
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Tommy Shaw – James Young – Lawrence Gowan – Glen Burtnik – Chuck Panozzo – Todd Zucherman
Charts US : 127
Cyclorama (et son magnifique artwork truffé d’ironie) marque la prise de pouvoir définitive de Tommy Shaw sur Styx. Ceux qui n’imaginaient pas le groupe sans Dennis DeYoung en resteront pour leurs frais. Repéré alors qu’il jouait en première partie de Styx, Lawrence Gowan s’avère être une sacrée recrue tandis que Chuck Panozzo, handicapé par les symptômes du Sida, n’est crédité que pour une participation symbolique. Bien qu’il ait à souffrir d’une longueur excessive, l’album, solaire, inspiré et musclé, est une renaissance inattendue. Pour l’anecdote, il contient, en guise de clin d’œil au passé, une délicieuse (et très brève) réinterprétation de "Fooling Yourself" (issu de Castle Walls) avec un réjouissant featuring de Brian Wilson.
A écouter : "Fields Of the Brave"
N°7 : Big Bang Theory (2005)
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Tommy Shaw – James Young – Lawrence Gowan – Ricky Phillips (Chuck Panozzo) – Todd Zucherman
Charts US : 46
Un album dit "de reprises" est généralement à mettre au crédit d’un groupe qui, en réalité, manque d’inspiration pour créer de la musique nouvelle. Tommy Shaw fait mentir la tradition en entraînant son groupe dans une relecture remarquable de titres très variés qui démontre une impressionnante culture musicale. "I Am The Walrus" (The Beatles) et "Can’t Find My Way Home" (Blind Faith) bénéficient tout particulièrement d’une merveilleuse cure de jouvence. Une réussite.
A écouter : "I’m The Walrus" (The Beatles)
N°6 : Equinox (1975)
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Dennis DeYoung – John Curulewski – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 58
En quittant les locaux étriqués de Wooden-Nickel pour signer chez A&M, Styx gagne en ambition et en excellence musicale. La sortie d’Equinox sera célébrée par une tournée nationale qui verra John Curulewski abandonner la partie sur un coup de tête. L’histoire est en marche parce que son remplaçant, Tommy Shaw, va électriser la carrière du groupe. Pour le meilleur et pour le meilleur...
A écouter : "Born For Adventure
N°5 : Paradise Theatre (1981)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 1
Dernier des quatre triple-platinés (et seul album n°1 de Styx aux USA), Paradise Theatre évoque la vie et la mort d’un théâtre somptueux, haut-lieu d’une culture un peu révolue. L’album est une parabole qui décrit avec subtilité (et un peu de nostalgie) le triomphe puis la chute du modèle capitaliste américain qui s’était rêvé perpétuellement "triomphant". Plus musclé et certainement plus convaincant que Cornerstone, l’opus subira un surprenant autodafé lorsque des ligues chrétiennes extrémistes découvriront qu’un titre évoque le "diable" (alors qu’il s’agit d’une image plutôt naïve pour évoquer l’addiction coupable à la poudre blanche).
A écouter : "Too Much Time On My Hands"
N°4 : Crash Of The Crown (2021)
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Tommy Shaw – James Young – Lawrence Gowan – Ricky Phillips – Todd Zucherman – Will Evankovich
Charts US : 114
Bien plus inspiré (et bien plus inspirant) que The Mission, l’excellent dernier opus en date du Styx de Tommy Shaw, arrive à une époque où cette musique qui triomphait durant la seconde moitié des seventies aux USA n’intéresse définitivement plus personne. Toute nostalgie mise à part, l’album doit être apprécié comme une réjouissante capsule temporelle qui viendrait enrichir la discographie plus que cinquantenaire du groupe de Chicago. Ricky Philips a quitté le navire pour être remplacé par Terry Gowan, le frère de Lawrence. Il y a peu de chance que Styx (qui tourne encore essentiellement aux USA) enregistre un nouvel album studio. Dans cette optique, Crash Of the Crown serait le magnifique point final d’une carrière épique.
A écouter : "Crash Of The Crown"
N°3 : Crystal Ball (1976)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 66
L’antichambre du succès mondial pour le quintet de Chicago. Le très jeune Tommy Shaw (22 ans aux fraises) parvient à synthétiser la violence des riffs de James Young et la délicatesse des claviers de Dennis DeYoung. L’album est sublime et aurait mérité un sort plus enviable que celui – relativement modeste – que le public de son temps lui réservera. Mais la suite sera littéralement pavée d’or et de platine ce qui tendrait à démontrer qu’il n’y a pas que dans les contes de fées que la bonne fortune finit par sourire aux braves.
A écouter : "This Old Man"
N°2 : The Grand Illusion (1977)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 6
Premier des quatre triple-platinés de rang, Castle Walls compte dans ses sillons quelques-uns des plus fameux classiques de Styx ("Castle Walls", "Come Sail Away", "Miss America" et la sublimissime plage titulaire). L’Europe et l’Australie succombent au rock à la fois pompier et musclé du groupe. La chance a tourné et la pièce est tombée cette fois du bon côté...
A écouter : "Castle Walls"
N°1 : Pieces Of Eight (1978)
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Dennis DeYoung – Tommy Shaw – James Young – Chuck Panozzo – John Panozzo
Charts US : 6
Deuxième triple-platiné, Pieces Of Eight marque un moment d’équilibre absolument parfait entre rudesse rock "Blue Collar Man", "Renegade") et préciosité classico-progressive ("I’m OK", "Sing For The Day"). Le pont sur la sublime plage titulaire est un aboutissement qui synthétise tout un mouvement culturel. L’album, composé et enregistré par un groupe en parfaite symbiose évoque tour à tour le pouvoir malsain de l’argent, le seigneur des anneaux, l’addiction au jeu, la condition ouvrière, … L’ensemble est d’une telle richesse qu’avec le recul on pourrait qualifier l’opus d’apothéose définitive de l’histoire du rock pompier américain. Avant ce fabuleux Pieces Of Eight, le style s’était élégamment élevé, année après année. Après Pieces Of Eight, il a (malheureusement pour ses aficionados) commencé à perdre de l’altitude, bousculé de toutes parts par des musiques "nouvelles".
A écouter "Pieces Of Eight"