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Critique d'album

Modest Mouse


Strangers to Ourselves


(17/03/2015 - Epic - Indie américain - Genre : Rock)
Produit par Tucker Martine

1- Strangers to Ourselves / 2- Lampshades on Fire / 3- Shit In Your Cut / 4- Pistol (A. Cunanan, Miami, FL. 1996) / 5- Ansel / 6- The Ground Walks, With Time in a Box / 7- Coyotes / 8- Pups to Dust / 9- Sugar Boats / 10- Wicked Campaign / 11- Be Brave / 12- God Is an Indian and You're an Asshole / 13- The Tortoise and the Tourist / 14- The Best Room / 15- Of Course We Know
Note de 2.5/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Une désillusion au moins aussi grande que l'attente de sept ans placée dans ce disque"
Nicolas, le 24/03/2015
( mots)

La note de ce Strangers To Ourselves, attendu de longue date par les amateurs de la souris modeste, peut surprendre. Non pas qu’elle ne soit pas en adéquation avec la qualité de l’album en lui-même, mais parce que de prime abord, Modest Mouse n’est pas un groupe qui appelle la tiédeur. On apprécie souvent beaucoup ou on déteste cordialement les pitreries vocales d’Isaac Brock, on est la plupart du temps convaincu ou révulsé par le style gentiment baré des natifs d’Issaquah, mais de là à en arriver à un “bof” moyennement convaincu, il y a quand-même une sacré mer à traverser. So what ?


Il n’est pas peu dire que l’on désespérait de revoir Modest Mouse sur les étalages de nos disquaires. Sept longues années séparent ce sixième opus de son prédécesseur, le sérieusement allumé We Were Dead Before The Ship Even Sank auquel a participé un certain Johnny Marr, inutile de le rappeler. Un disque qui se laissait joyeusement apprivoiser malgré la folie douce qui l’habitait et qui faisait la part belle à quelques saillies presque FM nous laissant croire, à tort visiblement, que Modest Mouse allait franchir un cap en terme de notoriété. Séparé en bon terme du légendaire guitariste anglais qui, depuis, a intégré tout aussi transitoirement The Cribs - qui eux aussi sortent un nouvel album quasiment la même semaine - avant de vaquer à une carrière solo pépère le chat, l’effectif s’est donc fait plus que discret avant de sortir de son silence il y a quelques mois à peine, non sans s’être préalablement séparé de son bassiste historique, Eric Judy. Aux dernières nouvelles, le petit frère de Strangers to Ourselves - ou la petite soeur : avec ces olibrius, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre - serait quasiment finalisé et aurait été enregistré au cours des mêmes sessions studio. A signaler enfin un mode de promo original puisque, alors que certains s’accordent sur un streaming intégral quelques jours avant le plongeon dans les bacs, les américains ont dévoilé successivement, sur pas loin de deux mois, six morceaux par clip interposé avant la sortie de l’album. Beau record. Mais c’est bien là tout ce qu’on retiendra de ce disque, mis à part la brièveté - toute relative - de son patronyme. On est bien loin de Good News For People Who Love Bad News, tant en terme de consonnes, de voyelles que de qualité.


Même si un album de Modest Mouse s’appréhende toujours sur une certaine durée, on peut néanmoins retirer de ce dernier émolument une sensation mitigée sur un temps plus bref. Et constater le plus gros défaut du disque : son manque de substance. La plupart des morceaux se résument à une unique idée mélodique qui se voit répétée en boucle jusqu’à épuisement des ressources. Peu de refrains, donc, à se mettre sous la dent, même si certains titres n’en ont pas besoin, en témoigne le vigoureux “Lampshades On Fire” qui réunit tout le savoir faire du groupe, gouaille vocale décalée, énergie dans le phrasé, accompagnements lumineux et ritournelle qui fait mouche. Mais dès l’entame du disque et le très redondant morceau titre qui s’étiole entre une courte berceuse et une toute aussi courte remontée de violoncelle, on s’ennuie rapidement avec ce Strangers to Ourselves. C’est peu dire que ça ne s’améliore pas avec un “Shit In Your Cut” mollasson qui ne captive que par sa rutilante ligne de guitare, et la coupe déborde bien vite avec le morceau gag "Pistol (A. Cunanan, Miami, FL. 1996)", sorte de big beat loufoque qui aurait été parfait sur moins d’une minute mais qui énerve passablement sur plus de trois. Et encore on n’atteint pas les sommets de l’ubuesque "The Ground Walks, with Time in a Box" qui dépasse les six tours de trotteuse sans rien avoir à déclarer d’autre que son motif mélodique restreint, certes ripailleur à souhait mais n’offrant qu’une bien maigre pitance une fois remâché jusqu’à la régurgitation.


Ce “Ground Walks” est d’ailleurs assez significatif d’un disque bizarrement foutu. Ca part pourtant bien, il y a plein d’idées de riffs dans les trente premières secondes, le jeu de guitare se la joue très Johnny Marr dans son phrasé et ses effets déglingués, le gimmick mélodique est accrocheur… et tout fiche le camp en moins de deux avec un morceau qui s’enferme dans sa propre redondance sans même réutiliser les idées pré-citées. Manque de discernement, de recul ? Sans doute aurait-il fallu s’accrocher à quelqu’un d’autre que Tucker Martine, plus à l’aise avec la rondeur des The Decemberists, pour mettre le tout en boîte ? Il semblerait en effet qu’Isaac Brock et ses sbires aient usé plus d’un producteur avant de se rabattre sur ce dernier. Toujours est-il qu’on sent, à l’écoute de Strangers to Ourselves, un (très) gros potentiel qui se voit la plupart du temps gâché. La plupart du temps, car par intermittence, et bizarrement à partir de la deuxième moitié de l’album, la machine infernale de Modest Mouse recommence à fonctionner en s’appuyant notamment sur des refrains, des vrais de vrais, histoire de bien appuyer là où le bât blesse. “Coyotte”, notamment, constitue une balade mignonne tout plein qui se gargarise de réverb, tandis que “Wicked Campaign” joue une carte post-punk bougonne qui convainc sans coup férir. On y entend même James Mercer (The Shins) y aller de quelques choeurs qui catapultent le morceau en haute altitude. Autre réussite, “The Tortoise and the Tourist” avec ses cris déchirants, ou “The Best Room” avec son petit côté arty très Franz Ferdinand. On apprécie aussi la gaudriole country “God is an Indian…” en intermède qui, lui, joue la brièveté avec justesse, ou encore le piano qui tente de tempérer les braillements de Brock sur “Be Brave”. Voilà des titres qui, clairement, sauvent le bateau du naufrage (histoire de faire un clin d’oeil appuyé à l’album précédent) et qui envoient des bouées de sauvetage aux bien plus anecdotiques “The Ansel”, cloîtré lui aussi dans ses redites, “Pups to Dust”, gracié là encore par sa ligne de guitare brillante, et “Sugar Boats”, dans la plus pure tradition saltimbanquesque du groupe avec ses guitares pachydermiques joviales, mais pour autant peut-être trop sages.


Belle désillusion donc pour ce cru 2015 qui aurait pu s’appeler “Strangers to Our Music” tellement on peine à reconnaître la pertinence de choix et le recul acéré de la Souris Modeste sur son songwriting. On n’est pas très loin du “tout ça pour ça” ressenti à l’écoute du dernier Shins qui promettait monts et merveilles après un changement de line-up radical. Ici, on s’était dit qu’en sept ans, Isaac Brock and co auraient eu le temps de ciseler leurs pépites, mais c’était sans compter sur une prospection désespérément maigre et artificiellement superfluitée que vient heureusement bonifier une poignée de bonnes chansons. A ce compte, on n’est pas trop pressé d’entendre le petit frère - ou la petite soeur, donc - de ce Strangers to Ourselves qui est bien parti pour décrocher la palme, pour le moment bien méritée, de la déception de l’année.

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