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Critique d'album

Modest Mouse


We Were Dead Before The Ship Even Sank


(20/03/2007 - Sony BMG - Indie américain - Genre : Rock)
Produit par

1- March into the Sea / 2- Dashboard / 3- Fire It Up / 4- Florida / 5- Parting of the Sensory / 6- Missed the Boat / 7- We've Got Everything / 8- Fly Trapped in a Jar / 9- Education / 10- Little Motel / 11- Steam Engenius / 12- Spitting Venom / 13- People as Places as People / 14- Invisible
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Bordélique mais jubilatoire : bienvenue dans la ménagerie Modest Mouse"
Nicolas, le 20/08/2007
( mots)

Cela fait bien 4 ans qu'on avait plus entendu parler de Johnny Marr, après l'expérience mitigée du projet The Healers dont il était le chanteur et guitariste principal. Lassé de ses semi échecs successifs depuis l'arrêt de The Smiths , il a décidé de traverser l'atlantique pour s'associer à un groupe indie américain de Issaquah (Washington), Modest Mouse. Modest Mouse ? Jamais entendu parler. Et pour cause : aucun de leurs albums n'a été jusqu'à présent commercialisé chez nous. We Were Dead Before The Ship Even Sank (litt : "Nous étions morts avant même que le bateau ne coule") est donc leur première réalisation à nous parvenir officiellement, et il est probable que la notoriété de Johnny Marr en Angleterre soit pour beaucoup dans cette première tentative de conquête du marché européen. Qu'en est-il donc de cet album ? Pour faire simple, même si je n'ai pas de référentiel par rapport aux précédentes réalisations du groupe, je pourrais le qualifier de la sorte : déroutant, bordélique... mais diablement enthousiasmant.

Déroutant, car l'album n'est pas facile d'accès, ou plutôt pas si facile d'accès. D'un côté la sonorité de l'album est excellente et accrocheuse, notamment le jeu de guitare est véritablement enthousiasmant (j'y reviendrai), créant ainsi un plaisir auditif immédiat, mais d'un autre côté les mélodies sont plutôt difficiles à appréhender. La principale raison de ce paradoxe repose sur la personnalité extravagante d'Isaac Brock, le leader du groupe. Son jeu vocal est varié et déstabilisant : il chante (bien sûr), il crie, il vocifère, il hurle, il susurre, il aboie, il pleure... et il est vrai que le rire dément avec lequel il nous accueille sur "March into the See" a de quoi désopiler. C'est aussi ce qui rend les mélodies si difficiles à cerner à la première écoute. Ajoutons à cela de nombreux titres atypiques, comme "Parting of the Sensory" qui commence par une balade légère et acoustique pour finir par une sarabande tzigane endiablée accompagnée de guitare sèche, de violoncelle et de... barrissements d'éléphants, et il devient aisé de comprendre que l'univers de Modest Mouse a de quoi décontenancer.

Bordélique, car les titres se suivent... et ne se ressemblent pas. Si "March into the See" nous accueille par une sorte de valse braillarde, "Dashboard" au contraire nous propose un rythme pop et funky efficace faisant de ce titre un très honorable single. Et ça continue : "Fire It Up" déroule ses guitares aériennes tranquillement, pour s'enchaîner sur un "Florida" explosif à la rythmique sèche et balancée. Chaque titre prend ainsi un malin plaisir à trancher complètement par rapport au(x) précédent(s). Les instruments ne sont pas en reste : accordéon diatonique, violoncelle, trompettes, triangle ; guitares changeant de sonorité à l'envie, explorant quasiment tout ce qu'on peut obtenir de guitares électriques, à l'exception des couleurs saturées ; sans compter la voix polymorphe de Brock : les univers sonores se télescopent d'un titre à l'autre. Et ils se télescopent encore plus au sein d'un même titre, l'exemple le plus flagrant étant l'énorme "Spitting Venom" qui culmine à plus de 8 minutes de bonheur ininterrompu, déclinant le thème principal sur 4 à 5 arrangements totalement opposés. Et que dire de "Fly Trapped in a Jar", qui commence langoureusement pour bifurquer subitement en plein milieu vers une pop-rock grasse et gueularde. Plus encore, dans "Little Motel", le vice est poussé jusqu'à transformer une magnifique envolée lyrique de guitare en un patchwork dissonant avant de retrouver l'harmonie sur le refrain final. Même "Dashboard", pourtant premier single de l'album (donc théoriquement chanson la plus accessible), alterne refrains et couplets sans jamais répéter de façon identique les structures mélodiques, ce qui le rend finalement difficile à fredonner à moins d'un gros effort de mémorisation. Après 14 titres et plus de 63 minutes de musique, on ne sait plus où donner de la tête face à cet immense foutoir.

Et pourtant, passées les quelques écoutes nécessaires pour digérer tout cet univers, quelle jubilation ! Il faut dire que les gaillards assurent sacrément, chacun à leur poste. On peut penser un temps que Brock ne sait que hurler, mais ce serait oublier la subtilité de son jeu et l'extraordinaire performance vocale et rythmique du bonhomme, notamment sur la partie "rapide" de "Fly Trapped in a Jar". Quant aux guitares... que dire ? On a presque fini par oublier le génie qu'est Johnny Marr à force de le voir compromis dans des projets sans envergure. Ici, il trouve enfin tout loisir de développer son jeu léger et rapide, avec une évidente réussite : il n'y a qu'à écouter son solo sur "People as Places as People" pour en pleurer de bonheur. Et comme Brock lui-même n'est pas manchot en la matière, le résultat est tout bonnement somptueux. Dommage que la basse soit tant en retrait... Pour ce qui est du rendu global, difficile de trouver des influences fermes à ce groupe qui se complait dans l'éclectisme. Bizarrement, les rapprochements récents les plus évidents seraient à chercher du côté de The Strokes (surtout sur "Florida") ou de Franz Ferdinand (surtout sur "Invisible"). Je dis bizarrement, car quand on sait que Modest Mouse a été fondé en 1993, il est facile de deviner quel groupe a influencé les autres... ce qui a de quoi faire tourner la tête et donner une furieuse envie de se plonger dans leur discographie passée. Moi, en tous cas, je suis un néo-converti. Et il m'est avis qu'on a pas fini d'entendre parler de Modest Mouse de par chez nous.

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