Lightning Dust
Fantasy
Produit par
1- Diamond / 2- Reckless And Wild / 3- Mirror / 4- Moon / 5- Fire Me Up / 6- Loaded Gun / 7- In The City Tonight / 8- Fire, Flesh And Bone / 9- Agatha / 10- Never Again
Pas grand chose à se mettre sous la dent cette année du côté de Vancouver : Black Mountain a nettement accusé le coup du semi-désaveu représenté par Wilderness Heart, se contentant de sortir discrètement une B.O. encourageante l’an passé (Year Zero), et Pink Mountaintops semble actuellement en pause après le fructueux Outside Love. La voie était donc dégagée pour qu’Amber Webber se remette en selle avec le batteur de la montagne noire au sein de leur side-project commun, le trop peu connu Lightning Dust. Déjà auteur de deux très bons disques pop alliant sonorités vintages et voix féminine possédée, le duo revient en force avec un troisième album conciliant une base 70’s solide et, fait nouveaux, des éléments d’une complète modernité. Et c’est encore une fois une réussite.
Amber Webber était la grande perdante de Wilderness Heart : la sorcière lumineuse d’In The Future se voyait reléguée à de vulgaires backing vocals et n’imprimait plus sa patte à des compositions voulues plus concises et directes. Si la vapeur fut en grande partie inversée sur les inédits de Year Zero, on ne saurait trop conseiller à Stephen Mac Beam de réhabiliter convenablement sa partenaire à l’avenir. Fantasy, une fois de plus, impressionne par la personnalité hors norme de la timide canadienne, laissant sa voix transporter au firmament des chansons tantôt spectrales, tantôt vivaces, et faisant cette fois-ci preuve d’une retenue dans les vibratos qui lui va plutôt mieux qu’avant. Autant le registre de Black Mountain laisse la chanteuse déployer allègrement ses sortilèges mystiques, autant Lightning Dust lui permet d’explorer un registre différent, plus émotif mais aussi plus contemporain. C’est d’autant plus vrai lorsque l’arsenal rythmique lorgne vers les nightclubs enfumés ("Loaded Gun", synthétique et obnubilant) ou que celui-ci explore la tristesse urbaine de paysages dévoilés au gré d’une aube scintillante ("Mirror"), tandis que parfois l’électro se fait plus discrète et accompagne un voyage tranquille et optimiste ("Fire Me Up"). Le travail réalisé par Webber et Joshua Wells, batteur émérite qui sait ici se retrancher derrière ses boîtes à rythme, apparaît comme leur oeuvre la plus travaillée et la plus aboutie, même si certains regretteront le Lightning Dust old school qui restait coincé dans les années 70.
Qu’ils soient néanmoins rassurés : le duo ne se renie pas totalement. Les deux grands intérêts de Fantasy sont son éclectisme et son ouverture d’esprit : les arrangements, finalement, ne sont qu’accessoires et ne font que servir au mieux des compositions captivantes, parfois mieux mises en valeur autour d’une simple guitare acoustique ("Moon") ou d’un piano pudique ("Agatha", bouleversant) tandis qu’ailleurs, à l’inverse, ce sont les claviers modernes qui prévalent ("In The City Tonight"). Ces arrangements se révèlent parfois d’une beauté envoûtante, mention spéciale au superbe "Fire, Flesh & Bone" qui se voit sublimer par des synthétiseurs magiques. Si on pourra regretter quelques morceaux un rien en dessous du reste ("Never Again", trop étouffé par endroits, ou encore "Reckless and Wild", aux couplets peut-être trop naïfs), on ne saurait trop vous conseiller de vous pencher sur ce troisième disque studio du couple canadien, à l’artwork futuriste magnifique qui prolonge avec bonheur celui d’In The Future, une belle réussite de Lightning Dust et probablement son meilleur album (de peu) à ce jour, en attendant avec impatience de sombrer de nouveaux face aux assauts onirico-guerriers de Black Mountain.