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Baden Baden
78 EP
Produit par
1- 78 / 2- Anyone / 3- Tout Est Bien / 4- Alice / 5- The Book / 6- TV
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
Avec un nom pareil on aurait pu s'attendre à ne pas rigoler des masses. Imaginez un peu, un groupe de folk français affublé d'un nom de ville allemande ! Aux dernières nouvelles, les groupes non germaniques aux noms allemands ont rarement fait dans la grosse marade (Bauhaus, Einstürzende Neubauten). Cela dit, d'après les membres du groupe il n'y aurait aucune signification particulière cachée derrière ce patronyme choisi uniquement parce qu'il sonnait bien.
La chose la plus importante à dire à propos de 78 c'est qu'il s'agit d'un recueil de chansons. Mais si, vous savez bien, ces trucs basés sur des mélodies qu'on peut fredonner sous la douche ou apprécier seul(e) dans sa chambre à n'importe quel moment de la journée. En cela Baden Baden évite l'écueil dévastateur de nombre de groupes ou artistes classés “folk” apparus après l'an 2000, à savoir faire reposer les morceaux sur une voix rocailleuse et zéro mélodies. Tout cela ne va cependant pas sans ratés, l'air d'"Alice” semble ainsi échappé d'un disque d'Indochine (non, ce n'est pas une bonne chose).
Baden Baden échappe également au marasme “folk indie” par ses choix dans l'instrumentation. Le morceau “78” ouvre l'EP sur une mélodie entêtante suivie d'une montée en puissance avec xylophone, synthés, guitares et batterie post-rock (si tant est que ce terme signifie quelque chose). “Tout Est Bien” marque l'apparition de la langue française, dont l'usage assez mal maîtrisé par ailleurs est contrebalancé par des arrangements mêlant guitare et glockenspiel, ce qui n'est pas sans rappeler le Crèvecœur de Daniel Darc. “The Book” a le beau rôle de la balade crépusculaire soutenue par un harmonica (essayez-la avec une fille, sur un malentendu ça peut marcher). “TV” conclut l'EP, débute comme une ritournelle facilement mémorisable qui déraille sur un pont musical surprenant pour amener à un refrain en crescendo s'achevant sur un chant presque crié et noyé sous la saturation.
Un seul morceau réellement faible sur l'ensemble (“Alice”), une esquisse (“Anyone”) et quatre réussites avec ce qu'il faut de “mélancolie joyeuse” (dixit Baden Baden), on en connaît qui tueraient pour atteindre un tel résultat (même si ce ne sont pas forcément les plus futés).