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Critique d'album

Alice in Chains


The Devil Put Dinosaurs Here


(28/05/2013 - Capitol - Grunge - Genre : Rock)
Produit par Nick Raskulinecz, Alice in Chains

1- Hollow / 2- Pretty Done / 3- Stone / 4- Voices / 5- The Devil Put Dinosaurs Here / 6- Lab Monkey / 7- Low Ceiling / 8- Breath on a Window / 9- Scalpel / 10- Phantom Limb / 11- Hung on a Hook / 12- Choke
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Alice Staley est morte, vive Alice Cantrell."
Nicolas, le 27/06/2013
( mots)

Il n’est pas vain d’affirmer qu’Alice In Chains a réalisé le come-back le plus fracassant de la dernière décennie. Alors que nombreux sont ceux qui ne donnaient pas chers de la peau des artilleurs de Seattle après le décès de Layne Stayley, Jerry Cantrell a démontré, avec l’étonnamment bon Black Gives Way To Blue, qu’il faudrait encore compter avec lui pour les années à venir. Restait à savoir si l’essai studio avec William DuVall allait se prolonger de façon pérenne, et ce cinquième album studio nous apporte une fort belle réponse affirmative.


Que les choses soient claires : personne ne remplacera jamais Layne Staley, sa hargne, sa noirceur morbide, son détachement écoeuré ni son désespoir face à la drogue et à la mort. Une personnalité comme celle-là ne peut être oblitérée, elle se doit d’être convenablement pleurée et consciencieusement respectée. C’est en cela que Cantrell s’est montré d’une grande retenue en ajournant tout retour en studio avec ou sans l’intéressé. On n’osera vous rappeler les sept années d’inactivité presque totale ayant accompagné la déchéance humaine du défunt chanteur, puis de nouveau les sept années de deuil, d’humilité et de respect des membres survivants avant de remettre la machine en route. Au final, Black Gives Way To Blue impressionnait par sa fidélité à l’oeuvre des 90’s tout en mettant en avant un nouveau visage, moins tourmenté et dépressif, et en imposant la personnalité de DuVall, non comme successeur à Staley, mais en tant qu’adjuvant crédible à un chanteur-guitariste qui assumait à lui seul la conduite de l’esquif. La pire erreur qu’aurait pu commettre Cantrell aurait été de remplacer l’héroïnomane de Kirkland poste pour poste : au lieu de cela, reprenant à son compte à la fois le songwriting et le lead vocal et pérennisant ainsi l’héritage de l’Alice enchaînée, il laissait DuVall exprimer une palette émotive presque opposée à celle de l’ancien frontman, plus aérienne et lumineuse, transformant le chant bicéphale de l’hydre de Seattle en une troublante oraison funèbre chargée d’évacuer le pathos accumulé au cours de la quinzaine d’années écoulée. Ainsi, alors que l’album au myocarde blafard regorgeait de nostalgie mélancolique, il ouvrait également la voie à un vision différente, monocéphalique, aussi grave qu’optimiste et, par certains côtés, presque aussi enthousiasmante. Album de transition, Black Gives Way To Blue, nimbé de morceaux puissants et vénéneux (ah la vache, ce “Check My Brain”, quel coup de massue !), négociait au mieux le virage post Stayley et préparait un avenir que The Devil Put Dinosaurs Here se voit aujourd’hui concrétiser de façon définitive.


On ne le dira jamais assez : en 2013, Alice In Chains est l’un des groupes, si ce n’est LE groupe, qui sonne de la façon la plus impressionnante. Rarement a-t-on fait preuve d’une aussi bonne maîtrise de la distorsion que Lord Cantrell, l’un des héritiers les plus évidents et les plus doués de Tony Iommi et de son Black Sabbath, prince de la pesanteur et expert en riffs dégueulasses regorgeant de demi-tons anxiogènes. Ceux qui ont vu le quatuor de Seattle en live peuvent en témoigner : AIC est une pure tuerie sonore, et ce cinquième album, co-produit avec l’excellent Nick Razkulinecz, ne fait qu’enfoncer le clou. On vous met au défi de trouver cette année un disque aussi gargantuesque, aussi orgasmique, aussi assourdissant que The Devil Put Dinosaurs Here, d’ailleurs même le 13 de l’ancien Sab’ peut s’incliner devant une telle maestria auditive. Bref, avant même de lire la suite, vous l’avez compris : si vous aimez le gros son, vous ne devez pas, vous ne pouvez pas passer à côté du disque au squelette de tricératops écarlate. Ça, c’est dit.


Mais le son ne fait pas tout, bien sûr, et ce cinquième disque brille de bien d’autres éclats. Maintenant que la question Staley est sensée être réglée, Jerry Cantrell va de l’avant et commence à ouvrir son songwriting à de nouvelles couleurs. Si l’entame du disque demeure classique pour du Alice In Chains nouvelle mouture avec la triplette "Hollow" - "Pretty Done" - "Stone", pesante, musculeuse, rigoureusement canonique, si "Voices" reste une power balade efficace, les lignes commencent à bouger avec le morceau titre qui nous catapulte en plein trip sensoriel. C’est la première fois que Cantrell s’essaye au psychédélisme, et pour un peu, en fermant les yeux, on se croirait en pleine préhistoire, ballotté entre des cordes orientales gavées de pavot et des rugissements majestueux de brachiosaures. Trip animalier, encore, avec la wah-wah miauleuse de "Lab Monkey" qui vient agrémenter un morceau glauque englué dans des couleurs cradingues. C’est après cette plongée extra-sensorielle que le groupe s’essaye à un peu plus de lumière : des parties en majeur dominantes ("Low Ceiling") ou de la power pop goguenarde ("Breath On A Window") qui se laisse gagner par un fade-out irrésistible dans ses derniers retranchements. C’est toujours un régal de se plonger dans les méandres stuporeux de la guitare de Cantrell et dans ses solos d’une musicalité rare, plus encore quand l’individu tente de varier les plaisirs (la balade "Scalpel" au style très sudiste) ou parvient à cacher presque à la fin du disque l’un de ses riffs les plus percutants ("Phantom Limb", dense comme du béton armé). DuVall n’a plus que rarement la main au micro, mais quand il repasse en première ligne, il assure plus que fortement ("Hung On A Hook", entre couplets retenus et refrains baveux), et la collusion entre les deux frontmans nous offre toujours ces vachardes de mélodies harmonisées qui font mouche comme au premier jour ("Choke").


On ne niera pas que les grandes heures d’ Alice In Chains sont probablement achevées, mais ainsi en est-il de tous les groupes grunges qui ont réservé leurs manifestes les plus éclatants aux 90’s triomphantes. Ceci dit, quand on compare la moyenne des productions discographiques des jeunes acteurs contemporains aux derniers émoluments des vieux briscards de Seattle, on aurait vite tendance à se laisser aller au passéisme. On a beau disséquer The Devil Put Dinosaurs Here, on n’y trouve à peu près rien à redire : si le disque manque peut-être de singles aussi percutants que "Check My Brain", il ne faiblit aucunement dans ses derniers retranchements comme a pu le faire avant lui Black Gives Way To Blue. Soumis à l’épreuve des écoutes répétées, ce cinquième album se révèle d’une solidité à toute épreuve, d’une percussion sonore jouissive et d’une pertinence mélodique redoutable. A ce niveau là, et même si les Dirt et autres Facelift ne seront sans doute plus jamais égalés et encore moins surpassés, on est tout prêt à suivre Jerry Cantrell encore longtemps.


 


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Commentaires
Krashno, le 26/04/2020 à 12:15
Très bonne chronique pour un très bon groupe... Devil est un album qui s'apprivoise avec le temps, il n'a effectivement pas LE single marquant qui accroche tout de suite l'auditeur, mais il fait honneur à la très belle discographie d Alice In Chains. Et le meilleur reste à venir avec Rainer Fog (superbe hommage à la scène de Seattle), où aucun doute ne peut être formulé quant au choix de Duvall au chant. Il livre une performance au sommet comme le reste du groupe.