Wishbone Ash
Strange Affair
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1- Strange Affair / 2- Wings of Desire / 3- Renegade / 4- Dream Train / 5- Some Conversation / 6- Say You Will / 7- Rollin' / 8- You / 9- Hard Times / 10- Standing In The Rain
Strange Affair est loin d’être un album qui a marqué l’histoire du rock – aucun doute là-dessus – mais il est également en mal de reconnaissance dans la discographie du groupe l’ayant composé, Wishbone Ash. Tout du moins artistiquement parlant, puisqu’il est un jalon important pour la formation qui perd par la suite deux membres fondateurs, Ted Turner (guitare et chant) et Martin Turner (basse, chant). Paradoxalement, Strange Affair pouvait susciter des espoirs quant à l’avenir du combo, puisqu’Andy Powell reprend du poil de la bête en participant davantage dans l’exécution et dans la composition. La suite de l’histoire en a voulu autrement, et ce dernier sera désormais seul aux manettes.
Quoiqu’il ne soit pas dans la même veine que Locked In (1976), l’album ne peut qu’y faire penser par sa qualité d’ensemble : il comporte quelques très bons morceaux encadrant un océan de titres beaucoup moins convaincants et laisse donc circonspect l’auditeur au-delà de quelques moments d’anthologie.
Parmi les belles découvertes, "Wings of Desire" s’avère incontournable (bon, auditeur français oblige, on pensera à "Femme libérée" à l’écoute du riff). Titre à la mélodie immédiatement séduisante, il arbore la subtilité guitaristique caractéristique du groupe. En fin d’album, "Standing in the Rain" et son hard-rock mélodique puisé chez l’huitre bleue est vraiment agréable, on notera également les différents plans de guitare d’une grande inventivité. En outre, "Strange Affair", même s’il sonne très 1980’s et daté, demeure recommandable dans son alliance entre guitare saturée et acoustique (et pour le double chorus vraiment réussi).
Néanmoins, on ne fait pas d’album avec trois titres, et le reste de l’opus laisse souvent sur la faim. Le blues sautillant "Renegade" est convenu sans être honteux, "Dream Train" est assez quelconque dans un registre mainstream dans l’air du temps, "You" propose de belles harmonies de guitare et s’inscrit dans un registre théâtral Cooper/Bowie (au choix) mais peine à convaincre, "Hard Times" se lance dans un hard-rock efficace mais réchauffé … Tout cela évoque un côté remplissage qui est toutefois bien moins blâmable que les mièvreries de "Some Conversation" (un des pires titres de l’histoire du groupe …) ou de "Say You Will" (… à moins que ce ne soit celui-ci …) sans parler de l’innommable "Rollin’" aux synthés furieusement ridicules. Là, Wishbone Ash est tombé bien bas, si bien qu’on est tenté de vous conseiller d’écouter les trois morceaux présentés au paragraphe précédent, de prendre votre pied et de passer votre chemin.
Strange Affair est donc loin d’être un album recommandable, même s’il serait une erreur de négliger les pépites égarées qu’il comporte. Comme un chant du cygne en somme … Dans les années qui suivent sa sortie, le groupe se désagrège et sera silencieux jusqu’en 1996, date à laquelle Andy Powell devient le capitaine d’un navire qui connaîtra bien des errements (notamment la période électronique) avant de relever la tête au début du XXIème siècle.
A écouter : "Wings of Desire", "Standing in the Rain"