Wishbone Ash
Blue Horizon
Produit par Tom Greenwood Andy Powell
1- Take It Back / 2- Deep Blues / 3- Strange How Things Come Back Around / 4- Being One / 5- Way down South / 6- Tally Ho! / 7- Mary Jane / 8- American Century / 9- Blue Horizon / 10- All There Is To Say
Il y a des albums qui, indépendamment de leur qualité intrinsèque, marquent une période de la vie en étant arrivé au bon moment jusqu’à des oreilles attentives. C’est le cas de Blue Horizon de Wishbone Ash, dont j’attendais impatiemment la sortie après avoir découvert par hasard, un samedi ou un dimanche matin, que l’un de mes groupes préférés allait mettre au monde un nouvel opus magnifiquement illustré. J’étais encore dans une phase 100% classic-rock, et je ne m’intéressais presque seulement aux parutions des formations déjà actives lors de l’âge d’or du genre. Puis Albumrock est venu quelques années plus tard me sauver d’une boomer-isation chronique des goûts musicaux, mais c’est une autre histoire… Bref, l’album arrive dans les bacs à un moment important de ma vie dont je tairai les détails, mais par ce pur hasard, il en devient un peu l’OST au point de réapparaître, cette fois-ci à dessein, lors d’étapes toutes aussi essentielles.
Enfin l’album, je devrais plutôt dire le titre "Take It Back", qui ouvre Blue Horizon, et qui pour la première fois depuis longtemps, essaye et parvient presque à renouer avec les mannes d’Argus. Après une introduction guerrière et mystérieuse, le jeu de guitare, subtil et mélodique, met en place des harmonies magnifiquement travaillées, et la dynamique épique, quasi progressive, gagne encore en intensité lors du solo. Il s’agit sûrement de la meilleure composition du groupe au XIXème siècle. Le violon de Pat McManus apporte également une véritable plus-value au titre et le musicien, déjà présent sur Elegant Stealth (2011), intervient tout aussi brillamment sur "All There Is to Say", fresque rock celtique aux mélodies de guitare médiévales qui sont autant d’échos à Argus, comme un lointain souvenir d’une époque révolue.
Car du reste, Blue Horizon s’inscrit pleinement dans la discographie récente du combo, avec son lot de titres blues-rock assez classiques ("Deep Blues", "Mary Jane"), un peu funky ("Strange How Things Come Back Around", mou de genou et très ennuyant), de classic-rock sans grande originalité ("Tally Ho!" dont les bonnes interventions de guitare sont ternies par un manque d’entrain, "Being One", un peu prog’ dans sa phase instrumentale), avec une tournure pop plus ou moins réussie (assez élégante sur "Way Down South", qui dispose de belles harmonies aux guitares).
La fin de l’album se veut plus progressive avec des pièces plus étendues ou/et alambiquées. La longue introduction d’"American Century", puis ses développements instrumentaux, rehaussent un titre qui bascule ensuite dans des couplets et des refrains plus simples, et le lumineux "Blue Horizon" poursuit ses divagations sans quitter le blues-rock grâce à des variations intéressantes. Enfin, le celtique "All There Is to Say", mentionné plus haut, vient conclure l’épopée de la plus belle des façons.
Si l’on met de côté la dimension affective qui me lie à cet album et les titres situés aux deux extrémités, il faut bien reconnaître que Blue Horizon ne renouvèle rien et poursuit la dynamique créative du combo en place depuis le début des années 2000. Malgré tout, quelques très belles pièces lui permettent de se placer dans le haut du panier de la période, et c’est déjà bien.
À écouter : "Take It Back", "All There Is to Say", "Blue Horizon"