↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Voyager


Colours in the Sun


(01/11/2019 - Season of Mist - Metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Voyager

1- Colours / 2- Severomance / 3- Brightstar / 4- Saccharine Dream / 5- Entropy / 6- Reconnected / 7- Now or Never / 8- Sign of the Times / 9- Water over the Bridge / 10- Runaway
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (2 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 3.5/5 pour cet album
"Twelve points go to Australia…"
Franck, le 03/05/2023
( mots)

L’histoire du rock regorge de groupes qui ont su exposer toure l’étendue de leur talent dès le premier opus (à l’aide d’une identité forte et d’un concept plus ou moins novateur). D’autres au contraire (Uriah Heep, Thin Lizzy, Machine Head et même Red Hot Chili Peppers), ont eu besoin de plus de temps pour trouver le bon crédo ; le temps d’atteindre une forme d’harmonie à travers leur musique, d’être en phase avec leurs convictions artistiques tout en trouvant la juste émotion, celle capable de créer un lien indéfectible avec le public. Au vu de sa carrière, une formation comme Voyager se rangerait plutôt dans cette deuxième catégorie. Si les cinq premiers opus du groupe (parus entre 2003 et 2014) méritent clairement le détour, il ne fait aucun doute que la bande menée par Danny Estrin a su atteindre ce fameux pallier qualitatif avec Ghost Mile (2017) : un album de haut vol (la chronique par ici) bénéficiant d’une formule aussi singulière qu’addictive, parvenant à faire cohabiter les attributs fédérateurs d’une pop mainstream et l’explosivité inhérente d’un djent metal technique et aventureux. Aussi convaincant soit-il, ce subtil équilibre ne semblait tenir qu’à un fil, risquant à tout moment de chavirer dans l’excès voire dans le mauvais goût (un risque inévitable quand le cœur balance entre plusieurs registres parfois situés aux antipodes). Autant dire que cette crainte s’est présentée au moment d’appréhender la dernière création en date des Australiens : un titre gentiment crédule et une pochette bariolée (que n’aurait certainement pas renié Coldplay), mais aussi une introduction édulcorée - à grand renforts de synthés - qui aura vite fait de plonger dans l’embarra une partie des mélomanes. Serait-ce l’heure du dérapage pour Voyager ? Les australiens auraient-ils poussé leur concept au-delà des limites de l’acceptable ? Non, rassurez-vous ! Pas encore. 


Débutant sur une sorte de synthpop à la rythmique linéaire dissimulant un couplet à l’esthétique djent, le titre inaugural "Colours" s’apprécie d’abord de manière inavouée, tel un plaisir coupable. Peu à peu le ton se durcit, laissant exploser quelques riffs saccadés particulièrement ravageurs, et développer une trame mélodique bien plus complexe qu’il n’y parait. Le grand écart stylistique est saisissant et a finalement pour effet de dissiper nos doutes. Dès lors, Les différents titres se succèdent à un rythme effréné, exerçant progressivement leur emprise sur l’auditeur. On retrouve le chant suave si reconnaissable de Danny Estrin, véritable repère de stabilité et de justesse au milieu de breaks survoltés et autres virevoltes rythmiques improbables. Sans pour autant chercher l’effet tapageur ou la complexité gratuite, le groupe exploite astucieusement ses racines progressives, proposant quelques structures mélodiques à tiroirs à l’image de l’excellent "Severomance". Dans un registre encore plus décomplexé, on notera l’imprévisible - mais pourtant très cohérent - "Saccharine Dream" qui alterne entre des phases typiquement djent (guitare cristalline en suspension, riffs de guitare complexes et rythmiques lourdes et déstructurées) et des structures binaires à la mélodie lumineuse. 


Si Colours in the Sun se montre moins radical dans son approche que son prédécesseur, il n’en demeure pas moins un opus particulièrement riche et varié. Le quintette originaire de Perth s’illustre d’ailleurs à travers des morceaux chargés en sonorités 80’s ("Brightstar") et en influences new wave. Là où l’exercice peut parfois sembler un brin opportuniste (Affinity de Haken), voire excessif (Celexa Dreams de Kyros), cette plongée dans le passé sonne comme une évidence avec Voyager. Le groupe est clairement dans son élément et se fait plaisir à l’image d’un solo enflammé de keystar sur "Runaway" (un instrument devenu indissociable du groupe et de son imagerie). Au rang des belles surprises, on notera également la participation d’Einar Solberg (l’inimitable chanteur de Leprous) sur le refrain d’"Entropy", pour un morceau alliant puissance et groove, et aboutissant sur un génialissime un break mâtiné de funk.


Le summun du brassage stylistique est atteint avec "Reconnected" (un morceau à jumeler avec le tout aussi improbable "Disconnected" issu de l’album précédent) : cinq minutes de composition débridée qui ne dépareilleraient pas au sein du répertoire déjanté de Devin Townsend. Alors que le notes de piano enjouées rendent coup pour coup aux différentes bourrasques rythmiques, le morceau prend une tournure inattendue à l’occasion d’une transition faite de « letting go » et de « letting go – oh, oh » scandés avec entrain. Une mélodie qui ne ferait certainement pas tâche du côté de l’Eurovision… Il faut croire que la rencontre était inévitable (l’art de la transition, vous connaissez ?) car Danny Estrin et ses acolytes représenteront l’Australie lors de la 67ème édition du fameux concours qui se tiendra à Liverpool du 9 au 13 mai ! Une participation qui peut prêter à sourire, mais qui s’avère finalement en adéquation avec les valeurs partagées par le groupe. Si le titre choisi pour l’occasion ("Promise") se montre très calibré et ne présente pas forcément le groupe sous son meilleur profil, il est clair que le metal prog de Voyager pourra compter sur notre soutien (le mien, du moins) pour la suite. 


Que vous connaissiez Voyager de longue date, ou que vous découvriez le groupe par l’intermédiaire de l’Eurovision, prenez le temps d’apprécier ce septième opus pour ce qu’il est : un album haut en couleur, véhiculant une musique optimiste et lumineuse à la croisée des chemins du metal et de la pop. Outre son accessibilité relative et son réel potentiel addictif, il s’agit de toute évidence d’un album qui marque un certain accomplissement pour un groupe qui n’a eu de cesse d’aller de l’avant et de peaufiner son univers musical. 


 


A écouter : "Severomance", "Saccharine Dream", "Entropy", "Runaway"

Si vous aimez Colours in the Sun, vous aimerez ...
Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !