Motörhead
Hammered
Produit par
1- Walk a Crooked Mile / 2- Down The Line / 3- Brave New World / 4- Voices From The War / 5- Mine All Mine / 6- Shut Your Mouth / 7- Kill The World / 8- Dr. Love / 9- No Remorse / 10- Red Raw / 11- Serial Killer / 12- The Game (Bonus Track) / 13- Overnight Sensation (Bonus Track)
La stabilisation de Motörhead sous la forme d’un trio et surtout l’entrée dans le XXIème siècle apportent au groupe son rythme de croisière : de façon presqu’automatique, la bande sort un album tous les deux ans (il y aura une exception avec les trois ans qui séparent The Wörld Is Yours en 2010 et Aftershock en 2013), prétexte à tourner à travers le monde et à allonger leur discographie déjà pléthorique. Mais régularité dans la productivité ne signifie pas régularité dans la qualité des albums, et la baisse d’inspiration se fait sentir sur We Are Motörhead (2000) puis Hammered (2002), si bien qu’on se demande si ces deux opus ne servent pas avant tout à signifier que le snaggletooth chante toujours et à justifier la reprise des hostilités sur scène.
Toujours agréables pour une oreille distraite, les compositions ont un arrière-goût de recyclage et de remplissage, ce que le chroniqueur attentif est obligé de constater. On se situe souvent entre du Motörhead déjà entendu ("Voices from the War", "Red Raw" et "Brave New World" dont la seule originalité se trouve sur le pré-refrain), et des riffs de hard-rock assez éculés, qu’on pense à "Mine All Mine" qui revisite Kiss de façon un peu trop flagrante en le mêlant à du hard-rock’n’roll typique du groupe, ou au plus réussi "Shut Your Mouth", avec ses claviers discrets mais bienvenus. D’autres titres manquent réellement d’intérêt, en particulier sur la dernière partie de l’album - le minimaliste "Kill the World", "Dr. Love", et la conclusion récitée comme un poème horrifique "Serial Killer".
On prendra davantage de plaisir avec "Down the Line", un hard revival mi-moderne mi-classique, ou grâce à la lourdeur incisive de "No Remorse", qui évoque, en moins pertinent, le très Heavy "The Game" proposé comme bonus sur la version étendue de l’album, un hymne pour catcheur qui aurait mérité sa place sur Hammered. On notera que "No Remorse" rejoue la carte du pont éthéré sur le solo, un gimmick décidemment du goût du groupe sur cet opus, qui s’avère assez surprenant tout en densifiant un peu le propos. Enfin, l’introductif "Walk a Crooked Mile", un titre hard-rock intitulé comme un morceau de Gallagher, possède de vraies qualités (il est assez entraînant, la mélodie du refrain est accrocheuse, l’ambiance pesante sur le solo est bien menée), mais aussi des faiblesses au niveau du chant de Lemmy et des chœurs sur le refrain, si bien que je n’arrive toujours pas à avoir d’avis définitif à son sujet.
Beaucoup de remplissage pour un album qui sert lui-même, en grande partie, à accomplir un remplissage discographique, Hammered est à l’image de son prédécesseur, bien qu’il en diffère un peu esthétiquement parlant (car moins bourrin) : on prendra du plaisir à l’écouter puisque Motörhead parvient toujours à manier son style identifiable, mais on y reviendra rarement.
À écouter : "Down the Line", "No Remorse"