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Critique d'album

The Zombies


Odessey and Oracle


(19/04/1968 - CBS - Pop Psychédélique / British in - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Care Of Cell 44 / 2- A Rose For Emily / 3- Maybe After He's Gone / 4- Beechwood Park / 5- Brief Candles / 6- Hung Up On A Dream / 7- Changes / 8- I Want Her She Wants Me / 9- This Will Be Our Year / 10- Butchers Tale (Western Front 1914) / 11- Friends Of Mine / 12- Time Of The Season
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Un trésor pop méconnu qualifié à juste titre de "Pet Sounds" anglais"
Amelie, le 05/02/2011
( mots)

Non, les Zombies ne sont pas un sous Cramps, ni un groupe de black métal. Si ce nom ne vous évoque rien, c'est normal, le groupe est injustement méconnu. Formés en 1961 en Angleterre, les Zombies gagnent en 1964 une sorte de radio crochet qui leur permet d'enregistrer leur premier single, "She's Not There", un petit bijou pop qui caresse les tympans et les fait ronronner de plaisir. Sorti en pleine british invasion, ce titre est propulsé directement en première place des charts américains. Boudés par le Royaume-Uni, le groupe n'en enchaîne pas moins les singles classés dans les top 10 du monde entier comme "Tell Her No", "Leave Me Be" ou "She's coming Home". Grâce à ces titres, réunis dans 2 compilations de singles (The Zombies (version US) et Begin Here (version UK)) sorties en 1965, le groupe survit tant bien que mal. Toutefois, son manque de succès lui fait prendre conscience que les temps changent. Nous sommes en 1967, la guerre du Vietnam scarifie les mentalités et la culture d’une jeunesse déjà transformée par consommation de LSD et autres acides. En Amérique, en France et partout ailleurs, les esprits se libèrent et se révoltent dans l’espoir de créer un monde meilleur. La naïve pop 60’s ne constitue donc pas la bande son adéquate des émeutes et autres manifestations qui secouent le monde entier. Le rock, qui se veut l’incarnation de ces bouleversements, se durcit et s’électrise. Les textes sont de plus engagés, pour ne pas dire enragés. Les Beatles arrêtent le live, se laissent pousser la moustache et les cheveux et prônent la paix (sauf entre eux). Les Stones chantent "Street Fightin’Man". L’heure est venue aux Doors, Hendrix, Velvet Underground, Bowie, Pink Floyd et bientôt Led Zeppelin de régner sur les charts et de changer le cours de l’histoire du Rock.

Et les Zombies dans tout ça ? Lassés de leur manque de succès à domicile, ils sont bien conscients de ne pas faire partie de la déferlante musicale qui s’apprête à dévaster les paisibles plages de sable fin érigées par la pop. Le groupe ne tente même pas de surfer sur la vague et préfère s’enfermer aux studios Abbey Road pour figer sur microsillon les 14 titres d’Odessey And Oracle, en guise de testament. Succédant aux sessions des Beatles pour Sgt Pepper et des Pink Floyd pour The Piper At The Gates Of Dawn, les Zombies sont les premiers artistes non EMI à avoir pu enregistrer dans ce lieu mythique. L’album achevé, le groupe se sépare et chaque membre se consacre à sa carrière solo, ou à sa carrière tout court. Colin Blunstone redevient assureur, Rod Argent fonde le groupe Argent…  Il en faut pourtant plus pour décourager le producteur Al Kooper. Lui qui a œuvré comme clavier sur "Highway 61 Revisited" de Bob Dylan et participé à des centaines d’enregistrements dont, entre autres, ceux des Rolling Stones, Jimi Hendrix, Cream, The Who ou encore B.B King, fait des pieds et des mains pour qu’Odessey & Oracle puisse sortir aux Etats-Unis. Il y parvient en 1969. Et tant mieux ! Car malgré l’émergence d’un nouveau son et d’une nouvelle scène, le single "Time Of The Season" s'est hissé jusqu'en en 5ème place des charts américains. Ce qui n’empêchera pas le groupe de mettre 24 ans avant de se reformer.

Odessey And Oracle, dont l’orthographe du titre est erronée suite à une erreur du graphiste sur la pochette, est un chef d’œuvre ignoré pourtant classé à la 80ième place du top 500 des meilleurs albums de tous les temps du magazine Rolling Stones, juste derrière Harvest de Neil Young et devant Axis: Bold As Love de Hendrix ou encore The Wall des Pink Floyd, le Live at Folsom de Cash, Hunky Dory de Bowie ou encore Raw Power des Stooges. La pochette, très flower power, dans un pur mauvais goût hippie, ne représente en rien le son de l’album. De "pop-psyché", retenez surtout "pop". Bien loin d’être la résultante d’un trip sous acide, Odessey and Oracle est un album de pop et l'un des meilleurs qui soient. Pas de mégalomanie instrumentale, pas de sonorités orientales. La musique est facile d'accès et n'a absolument rien à envier aux autres invaders ayant connu un destin plus favorable.

Les doigts de Rod Argent égrènent quelques notes au clavecin et la voix claire et lumineuse de Colin Blunstone fait son entrée en nous souhaitant "Good Morning to you I hope you’re feeling better baby". Le titre "Care Of Cell 44" ouvre l’album dans un pur instant de grâce. Dans un chant choral parfait qui n'est pas sans rappeler Pet Sound, les Zombies nous lisent la lettre d’un homme impatient de retrouver sa petite amie enfermée en prison. Ce titre fit un flop à sa sortie single. Pourtant, la rythmique enlevée et le refrain jouissif pourraient réchauffer n’importe quel esprit déprimé. Quelques accords de piano, des arpèges vocaux, un refrain à deux voix. Le nostalgique "A Rose For Emily" casse un peu la dynamique du premier morceau, avec toutefois une classe qui n’a rien à envier aux compositions de Paul Mc Cartney. Le tableau s’assombrit encore. Avec "Maybe After He’s Gone", le groupe signe une composition bien plus sombre qu’à son habitude. La chanson raconte l’histoire d’un homme qui attend impatiemment que son rival quitte sa bien-aimée pour la récupérer. Titre prophétique, que l’on peut interpréter aujourd’hui comme l’attente de temps plus favorables pour que la musique des Zombies soit enfin reconnue et appréciée. Avec cet album, le groupe a souhaité expérimenter de nouvelles sonorités à moindre coût. Par exemple, pour l’intro du titre "Beechwood Park", la guitare est passée au travers d’une cabine Leslie. En résulte un titre lancinant au tempo relativement lent par rapport aux autres compositions du groupe.

Mais le groupe excelle surtout lorsqu’il se consacre à ses fondamentaux, à savoir des mélodies enlevées et positives. "Brief Candles", inspiré d’un recueil de nouvelles d’Aldous Huxley apporte un semblant de lumière avec une alternance entre des couplets récités sur un piano minimaliste et un refrain plus grandiloquent. Vient ensuite "Hung Up On A Dream", où tout l’art du groupe est mis en avant. Avec légèreté, le groupe signe une composition de haut vol, plus ambitieuse qu’à l’accoutumée, avec une structure évolutive assez complexe. Le titre traite justement des changements qui planent dans l’air: “And from that nameless changing crowd, a sweet vibration seemed to fill the air, I stood astounded staring hard at men with flowers resting in their hair...” Ovni en plein milieu de l’album, le titre "Changes" vaut surtout parce qu’il immortalise une expérience étrange vécue par le groupe pendant l’enregistrement. Alors que les Zombies s’essayaient à quelques harmonies vocales en pleine nuit, deux personnes sont venues embarquer le grand piano. Le groupe a continué à chanter, ce qui constitue la prise finale de ce titre. Après ce break “I want her she wants me”, avec son tempo élevé, ses harmonies vocales et ses paroles simplistes sert d’introduction à l’une des pièces maîtresses de l’album. “This Will Be Our Year” est un morceau de génie. Soutenue par un piano et une batterie jazzy, la mélodie vocale imparable, se permet même une série de montées de demi ton souvent fatales au bon goût d’un morceau. Avec Colin Blunstone, cela se passe tellement bien que l’on aimerait que les 2 minutes et quelques d’escaliers sonores se poursuivent indéfiniment. Le morceau se veut un peu dans la veine du tube “Happy Together” des Turtles, mais le plante littéralement au poteau pour ce qui est question des mélodies et du son. On notera l’optimisme ironique d’un groupe qui se sait à quelques jours de sa mort et qui scande pourtant "Now we're there and we've only just begun. This will be our year, took a long time to come”.

En prenant pour porte parole un homme durant la première guerre mondiale dans "Butcher’s tale", les Zombies prouvent que d’une, ils n’étaient pas déconnectés de ce qu’il se passait dans le monde (la première guerre mondiale servant de miroir aux évènements se passant au Vietnam) et de deux qu’ils ne sont pas sans intérêt pour les expérimentations sonores, avant de faire exactement l'inverse avec le titre "Friends Of Mine", plutôt de l’accabit d’un "She’s Not There" avec un piano rythmé et une compo ravissante traitant du bonheur de voir ses amis heureux et amoureux (ne souriez pas, c'est de la pop 60's, c'est à dire "Love Me Do", "Wouldn't It Be Nice" et autres "O-Bla-Di, O-Bla-Da"...). Enfin pour ceux qui ne seraient pas convaincus après ces 13 pépites, le coup final est asséné avec "Time Of The Season", qui pourrait bien être LE titre emblématique du "Summer Of Love". Une balade sexy au solo de clavier magistral. Un joyau de la soul blanche, un hymne indémodable sur lequel des générations entières n'ont pas fini de s'extasier.

Au final, Odessey And Oracle est le témoignage d’une époque définitivement révolue, une machine à remonter le temps jusque dans les 60’s insouciantes. Une pause délicate entre les bombes et les émeutes. Face à la surenchère de décharges électroniques, les Zombies offrent aux oreilles de l’auditeur contemporain un repos bien mérité, un cocon dans lequel se lover tendrement, à l'abris de toute pensée désagréable. Ajoutez à tout cela une production impeccable qui n'a pas à rougir face à celle des albums actuels. Les Zombies, lâchés dans les studios Abbey Road comme des gamins dans une confiserie, ont profité des possibilités extraordinaires d’un studio en pleine mutation. Ils font partie des premiers groupes à utiliser le Mellotron (un des premiers synthétiseurs), pouvant restituer le son d’un orchestre symphonique à moindre coût. Les voix sont ainsi posées tout en délicatesse sur une instrumentalisation riche, avec des rythmiques imparables et une simplicité et une efficacité pop qui n'a rien à envier aux best sellers du genre. Mélangez le tout, vous obtenez ainsi un chef d'oeuvre intemporel de l'histoire du rock, qui à défaut de se vendre par caisses, traverse les époques sans perdre une ride, ni sa crédibilité. Bien qu’on en parle souvent comme étant la musique du diable, le rock a aussi son paradis. Ironie du sort ses anges en sont les Zombies.

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