Sanhedrin

Quelle meilleure occasion que l’approche de Pâques pour évoquer Sanhedrin, trio Heavy newyorkais au nom faisant référence à ce qui était à la fois le tribunal et l’assemblée israélites, une institution qui aurait condamné Jésus (bientôt Christ) sur le chemin de sa crucifixion (si tant est que celui-ci ait bien existé). Cependant, la seule "Passion" revendiquée par le groupe est celle de l’esthétique Heavy Metal traditionnelle dont il prolonge la geste depuis trois albums réussis, en se démarquant par le chant féminin de la bassiste Erica Stoltz.

Quatrième opus, Heat Lightning ne bénéficie pas d’une pochette aussi engageante que l’étaient celles de ses prédécesseurs : le registre sombre d’un sabbat forestier n’est ni original ni particulièrement remarquable. Mais ne nous y arrêtons pas trop longtemps, l’essentiel est ailleurs, dans les riffs et les mélodies dessinées par les notes et les instruments – bref, parlons musique.

Visiblement inspirée par Judas Priest, l’entrée en matière est plus que satisfaisante : les notes hurlantes et le chorus épique de "Blind Wolf" sont suivis des arpèges d’"Heat Lightning" qui évoquent "Prisoner of Your Eyes", avant d’adopter des traits de composition plus modernes en maintenant l’aspect rugueux dû à leur instrumentation rudimentaire.

Comme souvent en matière de Heavy revival, la surprise est rarement au rendez-vous et le niveau d’enthousiasme dépend beaucoup de la qualité de l’écriture des riffs et des mélodies : c’est pourquoi nous retiendrons davantage le mid-tempo "Let's Spill Some Blood", le Savatag-ien agressif "High Threshold for Pain" ou l’épique "King of Tides" que le légèrement Maiden-ien "The Fight of Your Life" ou que les speederies "Franklin County Line" (malgré un bon refrain) et "Above the Law" (et ses chœurs bourrins). La fin d’album s’avère propice à une conclusion sous la forme d’une suite Heay-Doom, "When the Will Becomes the Chain", dont le pont mystérieux introduit un solo classieux aux plans traditionnels. De manière générale, les attentes formelles quant à ce que doit proposer un album de Heavy sont parfaitement respectées du fait de musiciens accomplis, mais est-ce suffisant pour marquer son époque ?

Sanhedrin estime qu’Heat Lightning est la meilleure production mise au monde par le groupe depuis le début de sa carrière. Il nous semble prudent de considérer ces propos comme participant à la promotion de l’opus qui, bien que solide, ne se distingue pas particulièrement au sein de leur discographie.

À écouter : "Blind Wolf", "Heat Lightning", "When the Will Becomes the Chain"