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Critique d'album

Pearl Jam


Ten


(01/08/1991 - - Grunge - Genre : Rock)
Produit par

1- Once / 2- Even Flow / 3- Alive / 4- Why Go / 5- Black / 6- Jeremy / 7- Oceans / 8- Porch / 9- Garden / 10- Deep / 11- Release
Note de 4.5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Quelques mois avant Nevermind, Pearl Jam propulse le grunge au Panthéon du rock"
Nicolas, le 03/05/2011
( mots)

Marrant de voir comme certaines idées ont la vie dure. Un exemple ? Demandez à n'importe qui dans la rue quel est l'album le plus vendu de la scène grunge aux Etats Unis. Ni une ni deux, tout le monde va répondre comme un seul homme, je vous le donne en mille, Nervermind de Nirvana. Question a priori facile, on voit d'ailleurs mal où pourrait se trouver le piège. Or c'est faux, et la vraie réponse va sembler bien étonnante à un public français friand de rock n' roll mais pas forcément sur la même longueur d'onde que les ricains, lequels ont toujours eu leurs petites manies bien à eux. Car la vraie réponse, c'est Ten, de Pearl Jam. Treize millions contre dix. L'arithmétique a ceci de terrible qu'elle ne peut souffrir d'aucune contestation. Même si, à l'international, l'album n'a jamais vraiment décollé, tandis que son ennemi héréditaire tripla sa mise américaine dans le reste du monde et entraina la planète dans un tourbillon frénétique que seul le suicide de Cobain réussit à enrayer.

Profitons d'ailleurs de l'occasion offerte par cette chronique pour tordre le cou à une autre idée reçue. La légende voudrait en effet nous faire croire que Kurt Cobain et Eddie Vedder se détestaient. Or, une fois de plus, c'est faux. Enfin, à moitié. S'il est exact que le Christ Grunge a publiquement insulté Pearl Jam en traitant le groupe de carriériste et d'opportuniste, lui reprochant d'avoir volé l'étiquette grunge pour asseoir son propre succès, il est également tout aussi exact de dire que Cobain avait malgré tout beaucoup de respect pour Vedder, que ce soit sur le plan musical ou sur le plan humain. Peu avant son suicide, il avait d'ailleurs fait amende honorable et avait de lui-même brisé la glace entre les deux hommes. Refermons la parenthèse.

Sacré machin que le grunge. Difficile à cerner. Si tout le monde s'entend à peu près sur l'origine géographique (Seattle), la forme (un son lourd) et le fond (des textes suitant le mal-être et l'anxiété), on peine ensuite à trouver des points de ralliement entre les groupes qui se réclament d'un mouvement trop confidentiel et éphémère pour avoir pu se forger une identité immuable. Quoi de commun, par exemple, entre Kurt Cobain et Eddie Vedder ? Entre Layne Staley et Chris Cornell ? A peu près rien, et c'est bien là le problème. Nous autres, pauvres petits français, avons eu le malheur de n'apercevoir le grunge qu'à travers le prisme déformant de Nevermind, imaginant alors inconsciemment que ce qui nous arriverait après en serait plus ou moins inspiré. Or, pour tous ceux qui se sont abreuvés de l'univers Nirvana, la prise de contact (ultérieure, cela va sans dire) avec Pearl Jam laisse comme un arrière goût de déception. Mais faut-il vraiment continuer à considérer que ces deux groupes, tout comme Alice In Chains et Soundgarden, méritent d'être réduits à d'iniques comparaisons ? Contentons-nous de cette simple vérité : le rock de Nirvana et celui de Pearl Jam n'ont absolument rien en commun, donc arrêtons de chercher à savoir si l'un est meilleur que l'autre. Non mais.

Avec du recul, la (re)découverte de Ten, à l'heure actuelle, demeure encore un véritable choc. Premier album d'un combo déjà très expérimenté (Stone Gossard et Mike McCready sont à l'époque loin d'être des débutants), cet assemblage de titres gavés de hard rock seventies et transportés par la voix hallucinante de Vedder se révèle être une tuerie méthodique d'une redoutable efficacité. Ici, pas de folie incontrôlée, pas de fuite en avant ni d'approximation. De fait, le rock de Pearl Jam n'a absolument rien à voir avec le punk, contrairement aux autres groupes grunges. Chaque riff est pensé, maîtrisé et impeccablement exécuté, chaque effet de voix est travaillé à l'extrême, chaque chanson est conçue comme un hit potentiel. Techniquement, on frôle la perfection tant les solis de McCready (et de Gossard) tutoient les sommets guitaristiques de par leur nombre, leur variété et leur qualité d'exécution. Car oui, il y a du solo dans le rock de Pearl Jam, mais aussi du riff heavy et bluesy à profusion, faisant de ce groupe le véritable héritier 90's des Led Zeppelin et autres Aerosmith. Et puis il y a Eddie Vedder, l'un des chanteurs, si ce n'est le chanteur le plus prodigieux du rock heavy encore en activité (puisque Chris Cornell a érigé lui-même sa propre pierre tombale en se compromettant irrémédiablement dans cet album abject appelé Scream). Une voix unique, chaude comme le soleil de San Diego (où il a passé sa jeunesse), dure et rocailleuse, puissante et fragile, rageuse et émouvante. Unique, qu'on vous dit. Ajoutez à cela des textes autobiographiques laissant entrevoir les fêlures de Vedder et un mal être véritable (et non pas feint comme Cobain a pu le laisser croire), et vous obtenez un disque générationnel incontournable doublé du meilleur album de Pearl Jam, tout simplement.

Dès le premier titre, c'est le coup de massue. "Once" nous saute à la gorge avec ses guitares de compétition qui débordent de mini-solis et de riffs secs comme des triques. Force brute et feeling flamboyant n'ont jamais autant fait bon ménage. La dessus, Vedder n'a plus qu'à déposer son timbre éraillé en le faisant groover avec une facilité désarmante. Ca balance sec, et ce n'est que le début. Tout l'album enchaîne des mid-tempos surpuissants et des power ballades à reprendre à tue-tête en concert. Qui n'a jamais scandé le célèbre "Ah-ah, oh-oh, I'm Still Alive, Yeahiyeaheah" ? Qui n'a jamais tenté de reproduire le riff introductif percutant de "Why Go" (riff par ailleurs honteusement plagié par Metallica sur leur récent "The End Of The Line"), qui ne s'est jamais extasié sur son solo démentiel ou sur la hargne vocale finale du timide barbu prêt à mordre comme un chien enragé ? Qui ne s'est jamais un jour senti dans la peau du jeune homme en souffrance de "Jeremy" ("Tryyyy to forget me !!") ? Et ce flow vocal impressionnant sur "Porch" : qui est encore capable de reproduire un tel niveau de nos jours ? Et puis il y a ces slows magnétiques, ce "Black" qui prend aux tripes et aux couilles, ce "Oceans" qui puise sa force dans un étonnant dépouillement, ce "Garden" plus conventionnel mais non moins émouvant. Y a-t-il vraiment quelque chose à ajouter ?

Bref, à l'aube des années 2010, il est désormais plus que temps de se repencher sur l'un des grands disques de l'avant-dernière décennie, et l'une des pierres angulaires du grunge. A ranger aux côtés de Nevermind, mais prière de ne pas confronter les deux albums entre eux, hmmmm ?

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