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Critique d'album

Guns N' Roses


Appetite for Destruction


(21/07/1987 - Geffen - Hard rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par Mike Clink

1- Welcome to the Jungle / 2- It's So Easy / 3- Nightrain / 4- Out ta Get Me / 5- Mr. Brownstone / 6- Paradise City / 7- My Michelle / 8- Think About You / 9- Sweet Child o' Mine / 10- You're Crazy / 11- Anything Goes / 12- Rocket Queen
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Coup d'essai, coup de maître pour l'un des chefs d'oeuvres du hard rock !"
Nicolas, le 08/12/2008
( mots)

Peu de groupes sont capables de prétendre à l'excellence dès leur premier essai. Mais les Guns N' Roses, eux, le peuvent, et avec quel brio. D’ailleurs, les chiffres parlent d'eux-mêmes : Appetite For Destruction s'est écoulé à plus de 28 millions de copies, ce qui en fait la plus grosse vente de tous les temps pour un premier album (ou la deuxième, selon des sources divergentes). Il a également été certifié 18 fois disque de platine aux Etats-Unis. Un succès impressionnant et amplement mérité, tant cette galette figure parmi les incontournables du hard rock. A l'heure de la sortie de Chinese Democracy (le disque que plus personne n'espérait), retour obligatoire sur les débuts tonitruants d'Axl, Slash et les autres...

A l'époque de l'enregistrement de cet album, les Guns n'étaient déjà plus de parfaits inconnus. Cela faisait belle lurette qu'Axl Rose et ses potes menaient une vie dans le plus pur style rock n' roll, entre concerts dantesques, dope, sexe, alcool et nuits interminables d'excès en tous genres. Reclus dans un immeuble désaffecté, les cinq pieds nickelés du hard vivaient au jour le jour dans une totale précarité, prenant au pied de la lettre le style de vie vanté dans leurs chansons. Constamment fauchés, ils passaient la plupart de leurs journées à inventer des combines pour se dégotter un peu d'oseille, et la plupart de leurs nuits à tout claquer dans des orgies interminables. Il leur arrivait même fréquemment de coucher avec des grouppies uniquement pour pouvoir leur emprunter de l'argent. Mais n'oublions pas qu'avant d'être des épicuriens nihilistes, les Guns étaient des rockeurs. De purs fauves abreuvés de rock heavy et de blues, imprégnées par les Aerosmith, New York Dolls, AC/DC et autres Led Zeppelin, mais avec en plus un petit côté fuck 'em all qui n'allait pas sans rappeler les Ramones et autres Pistols. Rien d'étonnant donc à ce que Geffen se soit jeté sur la bête en balançant 75.000 $ d’avance, bille en tête, à Rose. Mais le plus dur restait encore à accomplir : parvenir à restituer en studio toute l'énergie dégagée par ces véritables bêtes de scène en live.

Pour faire patienter les fans jusqu'à la sortie du disque, Geffen leur livre en pâture un court EP live de 4 titres intitulé Live ?!*@ Like A Suicide (aujourd'hui absolument introuvable). Une fois la plèbe calmée, l'enregistrement parvient à débuter dans une relative sérénité. Relative, évidemment, quand on connaît le mode de vie et les travers des Guns. C'est à Mike Klink qu'incombe la lourde tâche de produire le disque et donc de canaliser les cinq joyeux chevelus, et sa première décision est sans appel : pas de dope pendant l'enregistrement. Qu'à cela ne tienne : les seringues sont illico remplacées par des bouteilles... et l'enregistrement patauge bien vite dans la médiocrité, malgré le relatif sérieux de la bande. Le producteur, soucieux de ce piètre résultat mais conscient des capacités phénoménales de ses nouveaux poulains, se laisse entraîner dans leurs jams alcoolisés nocturnes et est immédiatement saisi par l'alchimie qui se dégage de leur jeu d'ensemble. Il prend alors une décision assez unique : enregistrer chaque chanson en une seule prise globale, sans segmenter les séances musicien par musicien. Ainsi, chaque journée de travail se répète sur le même modèle : le groupe joue ensemble l'intégralité de l'album à deux reprises, et Klink enregistre le deuxième passage. C’est ce qui donne à Appetite For Destruction cet aspect de gigantesque set improvisé, joué totalement à l’instinct et doté d’une énergie constamment maximale.

A sa sortie en 1987, le disque est pourtant loin de connaître le succès escompté. La faute, en grande partie, au dessin original de la pochette. Une peinture de Robert Williams intitulée “Appetite For Destruction (qui est bien sûr à l’origine du nom de l’album), imposée par Axl Rose, représentant l’attaque d’un monstre denté de couteaux sur un robot fornicateur s’apprêtant à violer une jeune vendeuse blonde étendue lascivement sur la chaussée, jambes écartées et culotte roulée, visiblement dans un état de défonce avancée. Geffen se prend de plein fouet les foudres des associations religieuses américaines, et a toutes les peines du monde à exposer l’album sur les présentoirs à disque habituels. Finalement, après de nombreuses supplications de sa maison de disque, Axl Rose accepte de retirer l’artwork tendancieux et de le remplacer par un dessin reproduisant l’un de ses tatouages, une croix bardées de 5 têtes de mort pour autant de membres du groupe. La peinture horrifico-lubrique reste néanmoins visible dans le livret de l’actuelle version de l’album. Peine perdue, les ventes ne décollent toujours pas. Cette fois-ci, ce sont les médias qui refusent de relayer le premier single, “Welcome To The Jungle. La réputation du groupe, ses addictions, ses textes sulfureux et son goût pour la provocation continuent à choquer la puritaine Amérique, au point que les Guns se retrouvent interdits d’antenne durant presque un an. Comme souvent, le déclic tient quasiment de la légende. David Geffen en personne se décide à appeler MTV pour les conjurer de passer le clip au moins une fois. La chaîne finit par s’exécuter, et le single des Guns se voit diffuser… un Dimanche à 4 heures du matin. Mais contre toute attente, le standard de MTV se retrouve assailli de demandes pour rediffuser le clip. En quelques semaines, les Guns N’ Roses se retrouvent à la fois en rotation lourde sur MTV et en tête des ventes du Billboard. On connaît la suite de l’histoire.

“You know where you are ? You’re in the jungle, baby ! You’re gonna diiiiiiie !”. Dès que les premières notes de “Welcome To The Jungle sont lâchées, la messe est dite. Le single qui ouvre désormais tous les concerts des Guns est un parfait condensé de leur essence. Une voix énorme, d’une tessiture peu commune (Axl est facilement capable de chanter sur 4 octaves différents, et “It’s So Easy est tellement grave qu’elle semble être entonnée par quelqu’un d’autre), d’un timbre éraillé et gouailleur proprement inimitable, d’une verve et d’une expressivité rarement vues auparavant. Un entremêlement de guitares fait de riffs à la fois hilares et saignants, au sein desquels les solos imprévisibles de Slash s’échappent pour onduler autour de l’ossature rythmique, répondant à un Izzy Stradlin dopé au blues. Une basse volumineuse qui claque et rebondit en cadence au rythme d’une batterie lourde survitaminée, emmenées par la paire d'éthylo-addicts Duff Mc Kagan et Steven Adler. Avec une telle base, enchaîner les tubes devient un jeu d’enfant et les Guns ne se font pas prier. Tous les titres débordent d’une énergie semblant inépuisable, possèdent un refrain aussi remarquable que facile à entonner, et pourtant sont suffisamment dissemblables pour éviter la redondance. Sans compter des moments purement anthologiques : le riff sautillant de “Welcome To The Jungle, les giclées électriques ultra-rapides sur les couplets de “It’s So Easy, les martèlements d’enclume pesants de “Out To Get Me avec un Steven Adler en roue libre, le jam débridé qui conclue le terrible hymne de stade qu’est “Paradise City, le riff anthologique de “Sweet Child O’ Mine, les envolées zeppeliniennes de “You’re Crazy, comment ne pas en oublier ? Plus généralement, l’impressionnante collection de riffs présente dans Appetite For Destruction est un véritable modèle pour tout amateur de hard rock qui se respecte. Chacun d’eux marque au fer rouge sa chanson et se place d’emblée comme un classique, que chacun s’efforcera de reproduire du mieux qu’il peut au fond de sa cave. Quant à Slash, il se place avec ce disque comme l’un des meilleurs guitaristes qui soit. Sa technique parfaitement en place, son côté à la fois chaotique et bluesy, ses accélérations frénétiques qui retombent toujours sur leurs pattes, ses envolées tantôt très courtes, tantôt interminables, en font l’un des guitaristes les plus doués et les plus appréciables de sa génération et de toutes celles à venir.

Le ton de l’album est volontairement provocateur, abordant sans vergogne des thèmes comme la drogue, le sexe, la violence, la vie au jour le jour, mais aussi l’amour déçu. Le tout se pare souvent d’un humour assez jouissif, comme lorsque Axl hurle “I wanna hear you scream ! puis qu’il mime lui-même un orgasme spasmodique dans “Welcome To The Jungle. Plus loin, c’est la tranche de vie d’une de ses ex, accro au sexe et à l’héroïne, qui est décrite avec une férocité jubilatoire dans “My Michelle. L’héroïne est évoquée comme un ami désiré et irremplaçable dans “Mr Brownstone. Puis plus loin, Rose étonne par sa sensibilité presque fleur bleue dans les paroles nostalgiques et tendres de “Sweet Child O’Mine, avant de rebondir sur une ode à la luxure et à la débauche avec le monstrueux et complexe “Rocket Queen qui se charge de clore les hostilités. La légende (encore) veut que les bruits de jouissance féminine entendus au milieu de la chanson ne soient pas simulés, mais bel et bien réels : il s’agirait d’un enregistrement sauvage d’Axl en train de copuler avec une roadie, que Mike Klink aurait effectué en cachette.

Appetite For Destruction est un immense album de hard rock, à ranger aux côtés des II et IV de Led Zeppelin, du Paranoid de Black Sabbath ou encore du Rocks d’ Aerosmith. Si après un tel album, vous ne sombrez pas dans le rock heavy, on ne pourra plus rien faire pour vous. Mais n’oublions pas que derrière ce monument, les Guns N’ Roses nous ont gratifié d’un diptyque remarquable avec les Use Your Illusion… avant de s’auto-détruire, ruinés par une gloire trop fulgurante pour être humainement supportable. Le mythe pourra-t-il être ressuscité grâce à Chinese Democracy ? Nous ne devrions pas tarder à le savoir.

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Commentaires
nikk, le 25/07/2016 à 20:03
Les Guns des épicuriens nihilistes ? Lors d'une rencontre entre Slash et un journaliste allemand ce dernier lui dit, pensant obtenir son approbation - "Dieu est mort, je suis vivant!" Slash lui répond : -"Ouah c'est dur de penser comme ça. Je ne suis pas dans ce genre de trucs..."