Noir Désir
En public
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1- Si rien ne bouge / 2- Septembre en attendant / 3- One trip one noise / 4- A l'envers à l'endroit / 5- Les écorchés / 6- Le grand incendie / 7- Le fleuve / 8- La chaleur / 9- Des armes / 10- Ernestine / 11- Tostaky / 12- Lazy / 1- Pyromane / 2- A l'arrière des taxis / 3- Lolita nie en bloc / 4- L'homme pressé / 5- Des visages des figures / 6- Bouquet de nerfs / 7- Le vent nous portera / 8- 21st century schizoid man / 9- Ces gens là / 10- Comme elle vient / 11- A ton étoile / 12- Ce n'est pas moi qui clame
Ce mois-ci, le groupe Noir Désir sort un double album live issu de la tournée Des visages des figures de 2002. Si en général, les enregistrements live n'attirent pas l'attention du public, ce n'est absolument pas le cas pour le groupe bordelais : En public est le premier signe de vie du groupe depuis les évènements de Vilnius, et tout cela suscite beaucoup d'émotion.
Le groupe avait prévu, bien avant l'incident de l'été 2003, de sortir cet album et malgré l'emprisonnement du chanteur Bertrand Cantat, le mixage a bien eu lieu : sur les journaux, ils sont quatre ; cependant aucune apparition télévision ne sera accordée, le groupe refusant toute session à trois, juste quelques interviews radio ont été données.
Un drôle de sentiment nous parcourt quand on met l'album dans la platine, ça faisait tellement longtemps qu'on ne les avait pas entendus, et il suffit des premières notes pour qu'on ait la chair de poule. On y retrouve les grands succès du dernier album Des visages et des figures, les grands classiques comme "L'homme pressé", "One trip one noise", des titres moins connus comme "Septembre en attendant", mais aussi trois morceaux inédits : une superbe reprise de Brel ("Ces gens là"), "21st century Schizoid man" de King Crimson, et "Ce n'est pas moi qui clame", dernier titre de l'album, emprunté au poète hongrois Jozsef Attila. La voix écorchée vive de Bertrand Cantat nous fait frissonner tant on ressent tout son charisme et sa prestance sur scène quand il chante amour, douleur, colère. Côté musical, le son est d'excellente qualité ; quant aux musiciens, le batteur Denis Barthe, le guitariste Teyssot-Gay, le bassiste de Jean-Paul Roy offrent ici une prestation surprenante, entre rock énergique (excellente interprétation pour "Tostaky") et morceaux quasi-acoustiques. Une boule à l'estomac se forme quand on entend la reprise de Léo Ferré "Des armes" ou encore "A ton étoile", toute l'émotion transparaît : "Si tu cherches un abri inaccessible, dis-toi qu'il n'est pas loin, et qu'on y brille, à ton étoile...". Ce live est tout simplement excellent, il saura ravir tous les fans ; toutefois le livret accompagnant le coffret n'a aucun intérêt mais le double dvd de la tournée contient de belles suprises.
Difficile d'évoquer Noir Désir sans le rattacher à la mort de Marie Trintignant : tout le monde a émis un avis sur la tragédie de Vilnius, les journalistes ne se sont pas fait prier pour attaquer Cantat surtout quand la famille Trintignant se déverse dans les magazines people ou quand la mère publie un livre sordide sur le "meurtrier" de sa fille ; quant au groupe, il a encaissé le drame avec une retenue et une discrétion rare. L'amalgame entre la rubrique faits divers et la rubrique musique est facile à faire, mais, comme il est très justement dit sur le site officiel, "au delà de cette tragédie il existe une histoire qui depuis 25 ans, s'est écrite de manière juste et belle. Une histoire de groupe portée par la musique et nourrie de rencontres humaines, artistiques et citoyennes", mais certains semblent avoir du mal à se le rappeler. Aussi, arrêtons de dire que c'est un scandale que ce live sorte : la mort de Marie Trintignant, aussi terrifiante qu'elle puisse être, n'a aucun rapport avec la sortie de cet album. Pas besoin donc de polémiquer plus longtemps, aux dernières nouvelles, Cantat paie pour son erreur.
En public est le travail acharné d'un groupe mutilé, mais qui est toujours debout : Noir Désir, ce n'est pas fini pour autant, et quoiqu'il ait pu se passer, il reste un des plus grands groupes de rock français. "T'oublies or not t'oublies", nous, on ne les oublie pas ; et c'est en écoutant le live qu'on se rend compte que, tout simplement, ils nous manquent. "En septembre, en attendant la suite..."