
Mythos
Mythos
Produit par
1- Brazil / 2- June / 3- Sunless Sea / 4- November / 5- Planinata / 6- La Cathedral / 7- The Odyssey / 8- Angels Weep / 9- The Nile / 10- Motif / 11- Sirens / 12- Prelude / 13- Introspection / 14- Evolution / 15- Premonition / 16- Paradox


A l’échelle de l’Allemagne, la géographie du Krautrock est évidemment occidentale, avec des pôles urbains tels que Cologne, Munich ou Düsseldorf. Pointe avancée du bloc de l’ouest dans l’Europe des démocraties populaires, enclave bercée aux musiques anglo-saxonnes au milieu d’une RDA plutôt hostile aux musiques populaires électriques (malgré les productions Amiga), Berlin est principalement connue pour son apport au Krautrock à travers Tangerine Dream et Klaus Schultze, fondateurs d’un dérivé électronique qui s’émancipa petit-à-petit du rock et qu’on connait sous le nom de Berlin School. Mais la "Ville Grise" a également vu naître des seconds couteaux plus représentatif du genre, des groupes à l’image de Mythos, fondé en 1969 et présenté au grand public avec un premier opus en 1972.
Celui-ci est presque un concentré de ce que la scène proposait à l’époque. Mythos s’empare du côté folk avec "Mythoett", très tullien par son d’inspiration classique, ses lignes de flûte élaborées et sa ligne de basse baroque, et dérive dans les rivages d’Agitation Free par son inspiration orientale sur le bien nommé "Oriental Journey", jouant sur les percussions et les sonorités qu’on prête à la région, pour en venir à un propos bien plus planant. Honnêtement, à l’écoute de ces deux premiers morceaux, on se dit que le groupe mériterait une reconnaissance au moins égale à ses contemporains tant le résultat s’avère probant, et finalement bien plus accessible par son travail mélodique.
Même dans ses phases plus expérimentales, comme "Hero’s Death" qui commence sur une introduction bruitiste, la composition est pleine d’aspérités auxquelles s’accrocher : ici les riffs Heavy du passage proto-stoner, ou plus loin les interventions instrumentales sur la seconde partie planante qui sont peut-être improvisées mais toujours sensibles aux mélodies ou au respect d’une ambiance agréable.
La longue suite divisée en deux parties qui trône sur la seconde face, "Encyclopedia Terra", est plus fidèle aux sons de Berlin, avec des minutes assez planantes et répétitives, cosmiques et expérimentales parfois (la fin de la première partie notamment), mais toujours très rock (la guitare électrique offre de belles interventions), jusqu’à l’inclinaison clairement progressive symphonique dans sa seconde partie. On ne négligera pas la conclusion narrée avec des innovations instrumentales assez enivrantes.
Mythos fait partie des groupes obscurs de la scène Krautrock, jouissant d’un prestige bien moindre que nombre de ses contemporains à l’aura plus resplendissante. Pourtant, sa musique aux influences multiples, du folk au rock progressif symphonique en passant par le hard-rock, le space-rock et les expérimentations germaniques, est véritablement splendide, si bien que l’album peut aussi bien être conseillé aux amateurs de Krautrock avides de découvertes qu’à ceux qui ont du mal avec cette scène expérimentale. Mythique.
A écouter : "Mythoett", "Hero’s Death", "Encyclopedia Terra part 2"