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Critique d'album

Motörhead


Overkill


(01/03/1979 - Bronze Records - Heavy rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Overkill / 2- Stay Clean / 3- (I Won't) Pay Your Price / 4- I'll Be Your Sister / 5- Capricorn / 6- No Class / 7- Damage Case / 8- Tear Ya Down / 9- Metropolis / 10- Limb from Limb
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le chainon manquant"
François, le 22/03/2023
( mots)

A la veille de l’émergence de la NWOBHM et en queue de comète de la révolte punk, Motörhead fit figure de groupe de transition entre deux époques, tout en apparaissant comme une expression fougueuse et intemporelle du rock. Le rejet d’On Parole par United Artists, puis le premier album qui reprenait en grande partie les titres issus de ce faux-départ, avaient affiché l’ambition du combo qui demeurait pour autant velléitaire. En 1979, Overkill fait figure de véritable manifeste, un chef-d’œuvre qui incarne Motörhead au sommet de son inspiration, et s’il apparait pour certains comme le brouillon de l’excellent Ace of Spades, il est en réalité le véritable acte révolutionnaire du groupe. Dans l’histoire du rock, Overkill est une pièce maîtresse, un jalon, un moment de redéfinition.


Sans être acteur du mouvement punk, Motörhead a toujours eu le respect des séides de ce courant musical pourtant sectaires. Cela tient en partie à l’attitude du trio évidemment, mais il y a aussi une raison musicale : l’intégrité et le côté pur rock’n’roll, sans fioriture, ne pouvait que séduire la réaction esthétique des punks. Ainsi, "Tear Ya Down" aurait pu être un motif d’intégration à ce mouvement, et la simplicité du riff de "Stay Clean" associée son solo de basse rudimentaire mais ô combien satisfaisant, pouvait parler aux punks les plus intransigeants. En outre, le sautillant et rebelle "(I Won’t) Pay Your Price" était un écho à cet esprit frondeur.


Malgré tout, Motörhead propose une musique moins caricaturale ou minimaliste que les punks. C’est pourquoi d’un autre côté, le trio fut, avec Judas Priest, le chainon indispensable au passage de la génération hard-rock des 1970’s à la NWOBHM des 1980’s. Là encore, il y a des liens humains, puisque Lemmy fut un chaperon généreux pour de nombreux groupes (Saxon, Girlschool …), mais également esthétiques quand Motörhead radicalise l’abord du rock très saturé. La vélocité et la rudesse d’"Overkill", quintessence de l’approche motörheadienne du rock, surprend par son solo rapide et sa batterie mitraillant l’auditoire. "I’ll Be Your Sister" est un bon témoignage de l’efficacité du combo, et l’obscur "Capricorn" montre un univers parfois plus complexe, peut-être nourri des restes d’Hawkwind. Il y a enfin la pochette, avec son effigie centrale (un snaggletooth lumineux et cosmique), dont l’aspect préfigure celui des années à venir au sein de la NWOBHM.


Enfin, Motörhead s’affirme comme un conservatoire de l’esprit rock des origines, avec des racines enfuies dans les 1950’s, dans le blues et le rock’n’roll, associées à la tradition du hard-rock britannique. Qu’est-ce que "Limb from Limb" sinon un blues-rock rocailleux mais lancinant qui se transforme en rock’n’roll ? Comment qualifier l’inspiration puisée chez ZZ Top sur le brumeux "Metropolis", ou l’hommage rendu à "Tush" sur "No Class" ? Derrière sa tournure saccadée et Heavy, "Damage Case" est en réalité une subversion métallique du rock’n’roll : écoutez le rythme et la mélodie du chant de Lemmy, notamment sur le refrain, on se croirait au tournant des 1950’s américaines.


Le hard-rock’n’roll simple mais brillant (quand le groupe est inspiré) de Motörhead, assez immédiatement jouissif et addictif, rend parfois la tâche difficile pour le chroniqueur : que dire d’un album exceptionnel qui accumule les excellents titres mais qui, stylistiquement, est assez canonique ? Le remettre dans son contexte esthétique permet au moins d’évaluer la portée d’Overkill : c’est ici que les choses commencent pour Motörhead, et que l’histoire s’écrit avec un grand H.


 À écouter : "Overkill", "Capricorn", "Stay Clean", "Damage Case", "(I Won’t) Pay Your Price"

Commentaires
DanielAR, le 23/03/2023 à 12:37
D'accord avec Magnu ! Ca reste également mon album préféré du groupe. Et l'attaque à la double grosse caisse a effectivement collé une sacrée claque à tous les petits rockers et toutes les petites rockeuses. Certain.e.s ne sont pas encore tout à fait rétabli.e.s...
Magnu, le 22/03/2023 à 21:41
C'est pour moi le meilleur Motörhead, peut-être car j'ai eu la chance de le découvrir à sa sortie : Cette pochette, cette claque avec cette intro à la double grosse caisse... Toujours même effet 44 ans après (uniquement dans cette version studio). ...Et Capricorn, si proche de Hawkwind que j'ai du coup découvert ensuite. Et cette production parfaite de Jimmy Miller, il faut la souligner ( Il a quand même produits les meilleurs Stones et ça se ressent quelque part sur ce disque) Chef d’œuvre du rock.
Sebastien, le 22/03/2023 à 19:22
Je concède que la première vague punk était par essence réactionnaire (le fameux "no Elvis, Beatles or The Rolling Stones in 1977" des Clash). Mais l'époque demandait cette spontanéité et cette rupture après les excès de certains groupes de prog comme ELP voire même Pink Floyd. Les géants du hard rock britannique étaient par ailleurs en baisse de régime. En tant qu'amateur du punk rock de cette période, je suis tout de même un peu chagriné quand, parfois, on réduit cette scène à un rock simpliste et faussement rebelle. D'autant que le punk a eu une influence considérable sur la suite du rock : le hardcore bien sûr mais aussi le post-punk, la nwobhm, le thash metal, le rock alternatif des années 80 puis le grunge. À noter qu'en plus de Motörhead, Thin Lizzy a eu quelques liens avec les punks, Phil Lynott ayant joué un temps avec Steve Jones et Paul Cook des Sex Pistols.
FrancoisAR, le 22/03/2023 à 17:40
Salut @sebastien merci pour ton commentaire et tes critiques toujours constructives. J’avoue être toujours un peu moqueur avec le punk mais il me semble que le mouvement, dans sa première mouture, a vraiment eu une attitude sectaire sur le plan musical liée à la réaction qu’il portait. Et qu’il est donc significatif que le public ait adoubé Motorhead à l’époque.
Sebastien, le 22/03/2023 à 12:30
Chronique intéressante qui remet bien en perspective le lien que Motörhead a fait entre la vague punk rock et la nwobhm. (Lemmy a même un temps été bassiste pour les Damned et a composé un titre hommage aux Ramones.) Je trouve d'ailleurs que les premiers albums du groupe sont un parfait compromis entre metal et punk. J'aime beaucoup Overkill, qui envoie une énergie rock rarement égalée. Le ton anti-punk légèrement caricatural (sûrement lié au biais prog du site) de l'article m'a tout de même un peu déçu.