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Critique d'album

The Pineapple Thief


What We Have Sown


(24/10/2007 - Kscope - New Prog - Genre : Rock)
Produit par

1- All You Need to Know / 2- Well, I Think That's What You Said? / 3- Take Me With You / 4- West Winds / 5- Deep Blue World / 6- What Have We Sown?
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L’album le plus sous-coté de Bruce Soord"
Franck, le 23/03/2023
( mots)

Il y a toujours des laissés-pour-compte au sein d’une discographie ; des albums incompris ou tout simplement tombés au mauvais moment, éclipsés par un évènement ou par une œuvre jugée supérieure (à tort ou à raison). What We Have Sown s’assimile facilement à cette catégorie. Plusieurs éléments de contexte peuvent en effet expliquer le relatif désintérêt porté (encore aujourd’hui) au sixième opus - officiel - de The Pineapple Thief. Particulièrement prolifique durant les années 2000, Bruce Soord a su poser les bases d’un édifice musical singulier regorgeant de trésors méconnus. Des années fastes durant lesquelles les efforts et la détermination sans faille de l’artiste britannique semblent enfin porter leurs fruits... grâce un certain Steven Wilson. En 2007, le leader de Porcupine Tree cherche à relancer la division Kscope* au sein du label Snapper Music dans le but de promouvoir les acteurs émergeants de la scène progressive contemporaine. Le voleur d’ananas se pose alors comme un candidat idéal et s’amuse à jouer les têtes d’affiches au sein d’un label qui n’a pas fini de faire parler de lui dans le domaine des musiques progressives. Avant d’initier ce qui deviendra une fructueuse collaboration (marquée par la sortie remarquée de Tightly Unwound en 2008), Bruce Soord se lance dans un ultime enregistrement dédié à Cyclops Records, le label qui l’accompagnait depuis 1995 et le tout premier album de Vulgar Unicorn**. Enregistré en 8 semaines seulement et disposant d’une promotion que l’on imagine plus que modeste (si ce n’est inexistante), What We Have Sown est clairement resté dans l’ombre de son successeur sorti quelques mois plus tard.


Ce qui n’était à la base qu’une compilation de faces-B issues de chutes studios de Little Man (2006) et de 10 Stories Down (2005), a finalement pris plus d’ampleur que prévu... Rien d’étonnant venant de quelqu’un d’aussi méticuleux que Bruce Soord. Si l’artiste anglais nous avait déjà habitué à des disques "bonus" plus ou moins dispensables (8 Days et 8 Days Later), What We Have Sown se montre quant à lui tout à fait délectable et s’avère même être une des créations les plus aventureuses au sein du large répertoire de The Pineapple Thief ; un caractère nettement plus expérimental qui peut également expliquer une mise à l’écart involontaire de l’objet en question. 


Comme pour mieux brouiller les pistes sur ses intentions, l’album débute sur une approche plutôt classique avec un "All You Need to Know" aussi clivant qu’instantané. On retrouve toute la patte mélodique du voleur d’ananas, avec cette mélancolie lumineuse couplée à une dimension onirique aux infinies réminiscences. Fidèle à lui-même, Bruce Soord nous propose un solo de guitare inspiré et un refrain à la mélodie prégnante et itérative, qui pourra captiver autant qu’exaspérer… Du Pineapple Thief pur jus ! Très vite, nous sentons que le groupe*** cherche à nous embarquer vers d’autres rivages à l’image des sonorités orientalisantes de "Well, I Think that’s What You Said ?" rythmées par la respiration saccadée de Soord. Relayé au second plan, le chant se complait dans une répétition minimaliste de quelques mots (ceux du titre du morceau en l’occurrence), laissant le champ libre à une section instrumentale qui s’étoffe peu à peu avec la partition virevoltante de violon de Richard Hunt. Le morceau prend finalement une tournure nettement plus virulente sur son dernier acte, l’occasion pour les amateurs du groupe de faire le parallèle avec les futures (et brèves) incursions des Anglais vers le metal.


Prônant une certaine liberté artistique, What We Have Sown séduit également par le caractère "hors norme" de certaines de ses compositions. Aux rangs de celles-ci on citera l’instrumental "West Wings" : un morceau qui s’immisce peu à peu dans le subconscient à l’aide d’une progression lente et radicale, flirtant avec l’ambient sur sa première partie avant de conclure sur une ambiance nettement plus inquiétante à l’aura quasi chamanique. Pour être clair, on n’avait pas vu The Pineapple Thief aussi décomplexé depuis son album inaugural (Abducted at Birth, 1999) ! Cette fois-ci, Soord veille à la cohérence d’ensemble (point qui faisant grand défaut à l’album précité) et parvient à éviter l’effet mixtape fourre-tout grâce à un véritable travail sur les transitions et sur les différentes textures sonores. On apprécie ainsi la délicatesse et la simplicité d’un titre comme "Deep Blue Word" avant d’aborder la pièce maitresse de l’album. Ceux qui avaient pu regretter que la bande délaisse peu à peu ses racines progressives - au profit d’un rock aux fortes connotations radioheadiennes - en auront pour leur argent avec les 27 minutes de l’éponyme "What We Have Sown". Véritable cabinet des curiosités de Bruce Soord, ce morceau - le plus long à date de The Pineapple Thief - s’amuse à combiner plusieurs ambiances et portions mélodiques (un procédé qui rappellera le magnifique "Remember Us" issu de l’album Variations on a Dream) : structures itératives à la frontière des musiques électroniques, ambiances spectrales, sonorités distordues et lancinantes desquelles émergent des passages d’une grande sensibilité... Le groupe anglais offre un magnifique cadeau à ses fans de la première heure.


Bien plus qu’une simple compilation, What We Have Sown constitue une parfaite conclusion au premier âge de The Pineapple Thief initié en 1999 :  une section discographique d’une richesse insoupçonnée qui n’attend plus qu’à être (re)découverte. La réédition Kscope (2012) de ce sixième opus propose par ailleurs de prolonger l’expérience grâce à deux titres supplémentaires ("You Sign Out" et "Before it Costs Us").


Notre rétrospective des premiers albums de The Pineapple Thief (période 1999 - 2007) se termine ainsi. Si vous avez eu l'occasion de découvrir le groupe par l’intermédiaire de nos chroniques, nous ne pourrons que vous inviter à enchainer avec la suite de la discographie des Anglais : un répertoire qui présente des hauts et des bas, mais qui se révèle toujours attachant et sincère.


 


* Le label Kscope a d'abord connu une première mouture en 1999 avant d'être mis sur pause pendant plusieurs années.


** Avant d’œuvrer sur Pineapple Thief, Bruce Soord était le guitariste de Vulgar Unicorn, un groupe de rock progressif expérimental fondé avec son ami Neil Randall. Plusieurs albums issus de cette collaboration ont pu voir le jour entre 1995 et 2004, d'abord sous le patronyme Vulgar Unicorn, puis Divadroid International ou encore Persona Non Grata.


*** Le groupe est composé à l’époque de Bruce Soord (chant, guitare), Jon Sykes (basse), Keith Harrison (batterie), Steve Kitch (claviers) et Wayne Higgins (guitare).


 


 

Commentaires
FranckAR, le 30/03/2023 à 09:35
@Quentin. Merci pour ton message. Oui effectivement, cet album (qui reste l’opus le plus méconnu du groupe) ne semble pas être estimé à sa juste valeur par Soord. Seul le titre « All you Need to know » a eu le droit de figurer sur le Best-of du groupe... Sur ce, j’ai pris bcp de plaisir à écrire sur ces albums et j’espère que cela aura donné envie à d’autres de découvrir The Pineapple Thief!
Quentin, le 26/03/2023 à 21:12
Merci Franck pour cette revisite d'un album un peu oublié par le groupe lui-même, qui n'est jamais revenu dessus, que ce soit en concert ou dans son récent toilettage d'anciens morceaux sous l'égide de Gavin Harrison. Dommage car ce disque regorge de qualités et réussit ses incursions progressives ("What Have We Sown") et Post-Rock ("West Winds"). Tous les disques du voleur d'ananas sont désormais chroniqués sur Albumrock et d'une fort belle manière ! Chapeau bas encore une fois pour ce tour de force !