Linkin Park
A Thousand Suns
Produit par Rick Rubin, Mike Shinoda
1- The Requiem / 2- The Radiance / 3- Burning in the Skies / 4- Empty Spaces / 5- When They Come for Me / 6- Robot Boy / 7- Jornada Del Muerto / 8- Waiting for the End / 9- Blackout / 10- Wretches and Kings / 11- Wisdom, Justice and Love / 12- Iridescent / 13- Fallout / 14- The Catalyst / 15- The Messenger
Même si un petit bug d'affichage oblige les rédacteurs d'albumrock à mettre une note de 0,5 au minimum pour chaque album, ne vous y trompez pas : la vraie notation d'A Thousand Suns est ZERO guitares. Et dire qu'on pensait que Shinoda and co ne pouvaient pas faire pire que Minutes To Midnight... ceci est également à même de nous éclairer sur l'incartade power pop de Chester Bennington avec Dead By Sunrise, un projet honnête dans lequel se retrouvaient des chansons "dont l'esprit ne collait pas avec celui de Linkin Park". Tout s'explique.
Car A Thousand Suns est un album d'une médiocrité confondante. Inutile de signaler que Linkin Park n'est désormais plus un groupe de metal, ni même de neo metal. Ce quatrième opus studio ose franchir un pas fatal vers une "musique" tout bonnement décapitée, déconnectée de ses racines, amputée de ses guitares, expurgée de son énergie. Tout le sel de LP, cette alliance entre murs de six cordes massifs, chant au cordeau et rap haletant, s'est désintégrée en une espèce de magma électro informe, une sorte d'alter-mondialisme stéréo flottant mollement entre Justin Timberlake et Le Roi Lion sur fond de message politique écœurant de naïveté (la guerre c'est pas bô), un nanard musical qui enchaîne sans discontinuer les pires poncifs de l'industrie musicale, engendrant un produit ultra-marketé qui pousse le mainstream dans ses retranchements les plus extrêmes.
Rien, absolument rien ne mérite d'être sauvé sur cette galette : "Burning In The Skies" semble échappé d'un mauvais disque de Beyonce, "When They Come From me" sidère par la nullité abyssale de son refrain, "Robot Boy" ennuie par son caractère hautement répétitif, "Waiting For The End" oscille entre Hakuna Matata et Alizée, "Wretches And Kings" s'érige comme le plus mauvais rap depuis au moins dix ans, "Indescent" fait encore pire que 30 Seconds To Mars sur le terrain de l'emphase troupière (c'est dire), et "The Catalyst" empile les couches d'électro au petit bonheur la chance jusqu'à friser le ridicule. Même la seule chanson écoutable du set, "Blackout", étonnante prouesse vocale d'un Chester Bennington hurleur comme au premier jour, se retrouve embourbée dans la guimauve en moins de trois minutes. Hallucinant. Quand on pense que Rick Rubin a osé trainer dans ce four...
Ceci dit, on aurait pu condescendre à octroyer au moins une demi-guitare à cette bouse atomique, rien que pour l'énergie dépensée à produire un tel vide. Sauf que les Linkin Park ont commis deux crimes impardonnables : le premier est de s'être confit d'orgueil au point de qualifier cette "œuvre" de concept album "ambitieux musicalement et explorant de nouveaux terrains" (c'est dit texto par Bennington, on n'invente rien), et le second est d'avoir tenté de noyer le buzz négatif dans l'oeuf en ne laissant filtrer leur album sur aucune plate forme d'écoute, que ce soit MySpace, Deezer ou encore Spotify. Ainsi, cette vulgaire pantalonnade s'est transformée en arnaque planétaire à très grande échelle afin que le groupe puisse amasser un maximum de fric avant que la vérité sur cet album ne soit révélée. Avec ça, pas étonnant que le dernier concert de LP à Bercy n'ait pas fait le plein. Carton rouge.