Kadavar
For the Dead travel Fast
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1- The End / 2- The Devil's Master / 3- Evil Forces / 4- Children of the Night / 5- Dancing with the Dead / 6- Poison / 7- Demons in my Mind / 8- Saturnales / 9- Long Forgotten Song
Kadavar fait partie de ces groupes du revival rock portés aux nues, qui, quand d’autres puisent chez Led Zeppelin, ressortent les musiques psychédéliques et heavy de la fin des 60’s, déterrent la lourdeur de Black Sabbath, et le chant d’Ian Anderson. Leur premier album n’était-il pas un peu surévalué par la critique ? Sûrement. Néanmoins, à travers cinq opus maintenant, le trio allemand propose une musique qui, sans être originale, renoue avec des sons et des ambiances que certains pensaient surannés et qui ne demandaient en fait que d’être redéployés au regard du succès du combo. Cela passe également par une imagerie et un style vestimentaire accordés à l’univers proposé. Le groupe est attachant mais a tendance à offrir une musique un peu monolithique, agréable mais manquant de variété et souvent, peu mélodieuse (dans le sens où la recherche mélodique est secondaire, et rappelant que ce jugement est global, n’oubliant pas que de nombreux titres se détachent comme "The Old Man", entre autres).
Peut-être que la force de ce For the Dead Travel Fast se trouve dans cette petite évolution sensible dès l’excellent "The Devil’s Master", succédant à l’étrange introduction "The End". Le riff est imparable, lourd mais tranchant, le solo simple mais efficace, l’ambiance se tient tout du long malgré les variations, l’enthousiasme s’installe vite. Une remarque peut être faite à propos du chant, très marqué par les effets (on perd le côté Anderson) et presque en retrait par rapport aux instruments, lui donnant un rôle non pas subalterne mais limité au registre mélodique et instrumental. Ce choix n’est pas gênant.
"Evil Forces" nous ramène vers un riff presque Metal - que la montée dans les aiguës de Lupus confirme - montrant une palette élargie qui garde une place à l’occulte (les rires diaboliques à la fin) et au style doom. Cette caractéristique est très audible sur l’ésotérique "Demon’s in my Mind", ou dans la douceur éthérée de "Saturnales".
L’effort d’écriture s’illustre parfaitement avec "Long Forgotten Song", titre relativement long qui, par rapport à "Purple Sage" par exemple, est bien plus abouti au niveau du chant, des différents thèmes (passages doom et incisifs en contraste avec des arpèges plaqués plus calmes, solo voluptueux), des mélodies. On n’a vraiment pas l‘impression que le titre traîne en longueur, part dans des improvisations parfois bancales, favorise la transe et la monotonie au sacrifice du groove.
L’album est satisfaisant de bout en bout avec des titres plus classiques comme "Children of the Night" qui parvient à mêler relents sabbathiens et musique hippie (à la Santa Esmeralda pour les mélodies du chant), ce qui paraît de prime abord improbable, mais qui fonctionne très bien. L’accrocheur "Dancing with the Dead" est dans la lignée avec son accord plaqué fuzzy qui rappelle Blues Pills. Enfin "Poison" est peut-être le plus anecdotique de l’album, sans pour autant être dispensable, surtout pour sa conclusion absolument imparable.
Kadavar ne va donc pas disparaître des radars des amateurs de rock à l’ancienne, avec un album qui se classe dans le haut de leur discographie. Quant à leur actualité scénique, ils tournent en novembre avec les excellents musiciens suédois d’Hallas. Ils seront à Villeurbanne, Nantes, Paris, Bègles et Strasbourg pour ce qui est de l’Hexagone.