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Critique d'album

Incubus


Make Yourself


(06/10/1999 - Immortal - Funk métal - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Privilege / 2- Nowhere Fast / 3- Consequense / 4- The Warmth / 5- When It Comes / 6- Stellar / 7- Make Yourself / 8- Drive / 9- Clean / 10- Battlestar Scralatchtica / 11- I Miss You / 12- Pardon Me / 13- Out From Under
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Pas complètement réussi, ni totalement raté, Make Yourself se retrouve un peu coincé entre la fusion des débuts et le rock alternatif à venir"
Maxime L, le 22/05/2023
( mots)

On avait laissé Incubus en 1997 avec un S.C.I.E.N.C.E qui était par convention et facilité, associé à la mouvance néo-metal, mais qui se revendiquait davantage, stylistiquement parlant, d’une fusion funk-metal dans la lignée des patrons du genre, Faith No More.


2 ans plus tard, la formation affirme un peu plus sa personnalité, avec un troisième album constituant une première étape vers une évolution musicale très nette, mais néanmoins décriée par bon nombre de fans de la première heure, à sa sortie en 1999. Entre temps, les Californiens ont sillonné les routes américaines et internationales (via des tournées avec Black Sabbath, ainsi que la participation au fameux “Family Values Tour”), emmagasinant ainsi une expérience non négligeable, et feront preuve d’une maturité nouvelle, perceptible dès le visuel de Make Yourself. Une pochette sobre, certes très ancrée dans son époque, mais en tous points bien plus réussie que celle de S.C.I.E.N.C.E, qui fleurait bon la potacherie adolescente.


Les idées changent, certains hommes également. Dj Lyfe et ses scratches un peu patauds plient bagages, remplacés par Chris Kilmore, et Jim Wirt, producteur de S.C.I.E.N.C.E sera renvoyé des sessions d’enregistrement au bout d’une dizaine de jours, le groupe voulant emprunter un chemin radicalement différent. Ces changements sont ils pour autant suffisant pour gommer les gros défauts de S.C.I.E.N.C.E et franchir le fameux cap du troisième album ? Oui et non. Indéniablement, le groupe est meilleur, plus carré, plus compact et on décèle sur Make Yourself une homogénéité que son prédécesseur n’avait pas totalement. Les compositions, si elles ne sont pas toutes parfaites, semblent plus solides, et on perçoit au travers de certaines, la volonté des Américains de s’acoquiner avec un rock alternatif très calibré, un peu à l’image de ce qu’ont pu offrir les Red Hot Chili Peppers avec Californication, sorti 4 mois plus tôt.


Les gros riffs de guitares sont toujours de mise, que ce soit sur “Privilege” qui ouvre le disque (faisant office de parfaite transition depuis S.C.I.E.N.C.E), sur le morceau éponyme, véritable concentré de puissance et d’énergie, ou sur le dernier titre, “Out From Under” (qui aurait gagné à être placé plus tôt sur la tracklist). Mais l’ensemble semble bien étriqué : les 13 pistes de l’album étant engoncées dans 48 petites minutes. Il est regrettable que certains titres un peu faiblards ("Nowhere Fast", "When It Comes" ou "Battlestar Scralachtica", que je sauve pour le jeu de mots) n’aient pas été écartés au profit de chansons qui ne demandaient qu’à être développées. Car oui, il y a de sacrés bons morceaux dans Make Yourself, qui ne sont d’ailleurs pas forcément les plus énervés.


“The Warmth” déjà, tire son épingle du jeu de par son groove implacable (impérial Jose Pasillas de nouveau) mais aussi par la subtilité des samples de Kilmore. L’ambiance chaloupée de la chanson est à rapprocher de l’excellente “Stellar”, mise sur orbite via les lignes de guitares tissées par un impeccable Mike Einziger. Et c’est évidemment tout sauf un hasard si ces deux chansons ont fait l’objet d’un traitement tout particulier au niveau du son, de la part du producteur en charge du mix : Scott Litt, l’architecte sonore de R.E.M durant leur apogée commerciale et créative.


Mais Make Yourself pâtit hélas d’erreurs un peu maladroites, qu’on avait déjà pointé sur S.C.I.E.N.C.E. Si nous vantions précédemment les mérites de DJ Kilmore, il a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre la nuance d’un Franck Delgado, son homologue des Deftones ; plusieurs compos étant encore, gâchées par l’abondance de scratches, ”Privilege”, “Consequence”, “Clean”, “Battlestar Scralatchtica” ou “Pardon Me” où l’on jurerait entendre des “coutchi-coutchi wah”.


Des fautes de goût que même les Red Hot Chili Peppers ont su éviter. Mais Brandon Boyd est fort heureusement un bien meilleur chanteur qu’Antony Kiedis, et il fait encore étalage ici de tout son talent. Seulement voilà. En plus d’être extrêmement talentueux, le chanteur est aussi incroyablement beau, à plus forte raison depuis l’abandon de l'infâme combo moustache-dreadlocks. Et entre les nouvelles accointances mainstream du groupe, et le physique de son leader, il n’en faut pas beaucoup plus pour que les mauvaises langues repoussent d’un revers de main Incubus en les résumant à un boys-band à guitares pour midinettes. Un constat un peu hâtif, mais soyons hônnete, un peu corroboré par la pauvreté de certains textes, le convenu “Pardon Me” ou surtout, le très mièvre “I miss You” confondant de nunucherie et de formules adolescentes surexploitées.


Et puis il y a “Drive”. Sans doute le classique d’Incubus (qu’on continue d’entendre ici et là, récemment dans la très bonne série “Beef” sur Netflix), aussi génialement mélodique, qu’amenant des trombes d'eau au moulin des nouveaux détracteurs du groupe. Oui, cette ballade sent le sable chaud à des kilomètres, au point d’y voir sans même avoir besoin de forcer son imagination, des surfeurs domptant les vagues et le vent souffler dans les cheveux de Brandon Boyd. Mais elle est aussi, intrinsèquement, une excellente chanson (dont on vous conseille la version sur le Live At Red Rocks en 2004). “Drive”, pour filer la métaphore avec les Red Hot, c’est un peu leur “Under The Bridge”, où les fix d’héroïne de Kiedis seraient remplacés par des Marshmallows grillés sur une plage de Santa Monica. Une ballade sirupeuse certes mais finalement assez inoffensive.


Make Yourself ouvre une ère nouvelle pour le groupe, plus “pop” dans son approche mais toujours prompt à délivrer quelques vrais morceaux furieusement enlevés au milieu de passages plus anecdotiques. Incubus est alors une sorte de trait d’union hybride entre la fusion déjantée de Faith No More et le rock Californien des Red Hot Chili Peppers ; ce qui est assez savoureux compte tenu de la haine cordiale existant entre Mike Patton et Anthony Kiedis.


Et si Californication a bien mieux vieilli que Make Yourself, les trajectoires des groupes se croisent peut être, à cet instant précis, en 1999.


 


À écouter : "The Warmth", "Stellar", "Drive", "Out From Under".

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