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Critique d'album

Guns N' Roses


Chinese Democracy


(22/11/2008 - Geffen - Hard rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par Axl Rose, Caram Costanzo

1- Chinese Democracy / 2- Shackler's Revenge / 3- Better / 4- Street of Dreams / 5- If the World / 6- There Was a Time / 7- Catcher in the Rye / 8- Scraped / 9- Riad N' the Bedouins / 10- Sorry / 11- I.R.S. / 12- Madagascar / 13- This Is Love / 14- Prostitute
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Vous ne révez pas. Ce Chinese Democracy n'était pas qu'une illusion."
Jerome, le 08/12/2008
( mots)

L'arlésienne selon Axl Rose. Si souvent annoncée, autant de fois repoussée, au point que plus personne n'y croyait réellement. Rappelez-vous il n'y a encore pas si longtemps. 6 mars 2007, la toile s'était une nouvelle fois enflammée, les boutiques de vente en ligne s'étaient empressées d'ajouter l'hypothétique objet dans leurs catalogues, des hordes de fans avaient fait le planton devant leur disquaire préféré pour... Rien. Que dalle. Nada. Tel le but ultime d'une quête de longue haleine, ce Chinese Democracy se devait de mettre notre patience à rude épreuve. Pourtant la quasi-totalité des titres sont déjà connus, ont déjà été entendus, quelque part, en live, en streaming, sous forme de MP3 crados et grésillant. Certains, au bord de la folie, jureraient même avoir aperçu le disque dans le bac d'une enseigne vaporeuse une nuit de pleine lune. Mais rien n'y fait. 25 août 2008 ? Encore une fausse piste. Dr Pepper offrant une canette de son célèbre soda écœurant à chaque américain si Axl sort de son terrier avant la fin de l'année ? Nous, on jette l'éponge. Et pourtant, il aura fallu attendre jusqu'au 22 novembre 2008 (ou le 23, suivant ou on se trouve sur le globe), se pincer les deux joues, rebooter trois fois son PC et passer quelques coups de fil pour ne pas croire à une hallucination collective. Il est bien là, sous nos yeux ébahis et au fond de nos oreilles. Chinese Democracy, sixième album studio des Guns N' Roses. Ou quand la légende rattrape l'histoire.

Que s'est-il donc passé pendant ces quinze longues années de vide musical pour les Gunners ? La sortie de The Spaghetti Incident?, dernier album studio du groupe, datant de 1993. Il y a bien eu un live (Live Era : '87 - '93 - 1999) et un best of (Greatest Hits - 2004) pour faire patienter les fans, mais rien de véritablement concret. Si ce n'est la tournée mondiale de 2006-2007. Et encore. Mais revenons quelques années en arrière en 1995-1996. Les Guns N' Roses, jusqu'alors à l'apogée de leur carrière, connaissent un certain déclin musical après avoir mis le monde à leur pied avec la sortie de Use Your Illusion I & II. Certains membres en profitent alors pour s'essayer à quelques projets parallèles : Slash's Snakepit pour le guitariste à frisettes, ou en solo comme pour Duff McKagan avec Believe In Me. De son côté, Axl préfère s'approprier le nom des Guns N' Roses sans véritablement en parler aux autres. Tel un patriarche régnant sans partage. Et ce qui devait arriver arriva. Chacun claquant la porte à tour de rôle, excepté Dizzy Reed, préférant rester dans le sillage de son mentor. On arrive tranquillement en 1997 et les premières rumeurs sur un prochain album des Guns - "Axl" - N'Roses commencent à pointer le bout de leur nez. Et c'est à partir de là que les choses s'emballent. D'après les écrits, quatre ou six producteurs différents auraient pris part à l'album, mais également deux chefs d'orchestre et plus d'une dizaine de musiciens différents dont de nombreux artistes de renommée (Dave Navarro, Brian May ou encore Moby). De nombreux studios furent mis à disposition permanente de l'artiste. En 2005, le Times estimait le montant du "disque le plus cher jamais enregistré" à quelque chose comme 20 millions de dollars (dont 7 seraient sortis directement des poches d'Axl Rose). Et plus de 60 titres mis en boîte plus tard, dont 14 retenus pour le tracklist final de l'album, le résultat est là. Sans appel. Un disque à la dimension du bonhomme.

En 1999, Brian May affirmait qu'Axl Rose était l'un des derniers génies du monde de la musique. Et laissez jouer un génie pendant plus d'une dizaine d'année en studio avec comme quête du Graal la réalisation du meilleur album rock de tous les temps, et ce qui doit arriver arrivera forcément. Oui, ce Chinese Democracy est dantesque, impressionnant et mégalo au possible. Un putain d'album comme on en fait plus. Vous pourrez l'écouter dix, quinze, cinquante fois et vous arriverez toujours à être surpris. La production version mammouth est d'une richesse incroyable et surclasse bon nombre des albums sortis ces dix ou quinze dernières années. Et les trois quarts des titres présents ne connaissent pas l'ombre d'une faille. Et en même temps, non. Ce disque ne peut pas s'inscrire comme une suite logique de l'histoire des Guns. Car se serait avant tout oublier que le groupe est bel et bien mort et enterré le jour ou Slash, Izzy Stradlin, Duff McKagan et Matt Sorum ont quitté le navire. Ce serait oublier que l'essence même du groupe était justement le mélange de ces personnalités et non le privilège du chanteur. Mais la force d'Axl est justement de ne pas avoir voulu faire renaître les fantômes du passé, de ne pas faire de ce Chinese Democracy un vulgaire pastiche de ce que le groupe aurait pu être si il avait survécu au vingtième siècle. Non, pour mener à bien son projet, pour réussir à donner corps à son obsession, Axl Rose s'est entouré des meilleurs. Robin Finck, Richard Fortus, Buckethead ou encore Ron Thal ont tous, à un moment donné ou un autre, joué les artilleurs d'élite, entremêlé leurs cordes de guitares, superposé leurs parties sous la coupelle de Maître Rose pour réussir l'impossible.

Après une intro sombre et oppressante, l'album s'ouvre sur le titre éponyme "Chinese Democracy" suivit de près par "Shackler's Revenge". Deux titres rageurs, mordants, aux ambiances épiques et aux sonorités titanesques. L'électricité envahi les enceintes, ça joue vite. Et fort. Les multitudes de couches de guitares se lancent dans des envolées chevaleresques et corrosives, se renvoyant note pour note, alors qu'Axl joue avec sa voix comme aux premiers jours. Certes, le type a un peu vieilli et ses cordes nasillardes manquent parfois un peu de hargne, mais son timbre reconnaissable entre mille fait de nouveau mouche. Et comme il reste le seul maître à bord, les parties instrumentales sont forcément axées autour de ses parties vocales, histoire de mieux les mettre en valeur. Mais quand le résultat atteint le niveau d'un "Better", sans conteste un des sommets de cet album, qui pourrait lui en tenir rigueur ? Même si il en fait des tonnes, comme sur la superbe ballade "Street Of Dreams" semblant s'être échappée du tracklist d'un Use Your Illusion, même si tout est surproduit, frôlant parfois de peu l'écoeurement comme le sinueux et surprenant "If The World", l'ensemble est d'une efficacité redoutable et réussit à tenir l'auditeur en haleine d'un bout à l'autre. A l'opposé d'un Appetite For Destruction ou les titres étaient enregistrés de manière quasi-live, ici tout est travaillé, peaufiné dans ses moindres recoins. Un vrai travail d'orfèvre. Certes, certains diront que l'ensemble perd en spontanéité, que l'urgence et le petit côté "on vient, on retourne votre piaule et on se casse" s'est dissout dans des montagnes numériques. Mais à bien y regarder, il reste quand même quelques petits moments de bon gros rock bien revêche tels "Scraped", "Riad N' The Bedouins" ou encore la diatribe "I.R.S.". Et quelle meilleure réponse à tout ceux qui clamaient qu'Axl Rose n'était qu'un songwritter au rabais qui allait droit dans le mur que ces "This Is Love" et "Prostitute", chargés de clôturer l'album.

Au final, pour réussir à apprécier ce disque à sa juste valeur, il faut avant tout ne pas se laisser berner par la pochette. Oui, ce disque est estampillé "Guns N' Roses". Oui, son géniteur possède un ego surdimensionné le poussant à croire qu'il peut très bien se passer de ses anciens compagnons de route. Et dans un sens, il a raison. L'artiste a suffisamment de talent pour avancer en solitaire, son seul défaut étant finalement de se croire capable de porter l'histoire à lui tout seul. Les fans du groupe dans sa version première vont hurler à la supercherie, traîner Axl Rose dans la boue et résumer ce disque en un tas de fiente puante. Seulement il n'en est rien. Suffit juste de prendre ce disque comme il vient, en laissant de côté les querelles intestinales qui, au fond, n'y changeront pas grand chose. Chinese Democracy n'est peut être pas le plus grand album de rock de tous les temps, mais son auteur n'a cependant pas à rougir de son petit bébé.

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