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Critique d'album

Green Day


Warning


(03/10/2000 - Reprise Records/Warner Music - Punk Rock - Genre : Ska / Punk)
Produit par Rob Carvallo

1- Warning / 2- Blood, Sex And Booze / 3- Church On Sunday / 4- Fashion Victim / 5- Castaway / 6- Misery / 7- Deadbeat Holiday / 8- Hold On / 9- Jackass / 10- Waiting / 11- Minority / 12- Macy's Day Parade
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le mal-aimé"
Julien, le 07/08/2023
( mots)

Le bug de l'an 2000 aurait il frappé les américains de Green Day au moment de publier leur sixième album studio ? Une question légitime tant l'entrée dans le nouveau millénaire et la parution de Warning coïncident avec des conjonctures totalement défavorables au trio de Berkeley.


Pour les fans de Dookie, les années lycée sont dorénavant derrière eux. Le punk-rock à trois accords est délaissé au profit du rock indé, plus mature, incarné par The Strokes. La génération d'adolescents de l'époque a, quant à elle, trouvé dans le nu-métal son exutoire n'ayant d'yeux et d'oreilles que pour ses nouvelles idoles répondant aux noms de Korn, Limp Bizkit ou Linkin Park.
Le trio emmené par le chanteur Billie Joe Armstrong n'a même pas droit au statut de substitut musical pour ceux que ce style rap-métal aura laissé de côté. Ce rôle revient à un autre trio, celui qui a pris la place de caïd de la cour de récréation de l'école punk-rock : Blink 182.
Blink, rival tout désigné de Green Day pour une partie de la mauvaise presse musicale de cette période. Une animosité présumée à laquelle Armstrong n'a jamais souhaité s'adonner dans le seul but de faire parler de son groupe préférant répondre par un clair et franc : "I don't mind about Blink-182" ("Blink-182 : ça m'est égal"). Si elle n'a jamais été confirmée par son auteur, il apparait évident que son aigreur, envers ce prétendu rival, Green Day l'ait proposée au travers de la plume antipathique du titre "Jackass": "Everybody loves a joke but no one likes a fool and you're always cracking the same old lines again" ("Tout le monde aime plaisanter mais personne n'aime un imbécile et tu fêles toujours les mêmes vieilles lignes").


L'introspection à laquelle s'adonne le groupe, à l'aube de ce nouveau siècle, ne vient pas que d'une prise de conscience des évolutions venue de l'extérieur. Billie Joe, Mike et Tré approchent de la trentaine et regardent dorénavant la société avec un peu plus de hauteur. Si les questions politiques ne sont pas directement éludées dans Warning, celles-ci commencent à germer avec la campagne de George W. Bush qui conduira à sa première élection en octobre de cette année 2000.
Musicalement, le trio californien vise au-delà de ses racines punks originelles. Un album en particulier obsède Armstrong au moment de l'écriture de ce nouvel opus : Bringing It All Back Home de Bob Dylan.
Le natif de Oakland compose et enregistre les premières démos du sixième effort de son groupe au prisme de ce disque moitié blues, moitié acoustique. Le titre éponyme qui fera office d'ouverture de l'album concilie cette aspiration à l'intérieur d'une structure de composition classique du trio américain. "Warning" est bâti autour des trois accords joués à l'acoustique et matraqués d'un bout à l'autre du morceau. En résulte un morceau accrocheur bien aidé par le soutien percutant de la batterie et d'un texte qui dénonce l'hyper sécurisation des sociétés. Le registre dylanien, revendiqué par ses auteurs, sera plus souligné à l'écoute de "Hold On" et sa musicalité country hyper-prononcée grâce à sa rythmique et son harmonica criard.
Cette orientation sonore a conduit Green Day à remettre en question son historique collaboration avec le producteur Rob Carvallo. C'est ainsi que Scott Litt, réputé pour ses travaux avec R.E.M. ou encore In Utero de Nirvana, participe aux premiers jours de l'enregistrement. Ce dernier sera rapidement remercié avant que Carvallo ne reprenne sa place derrière les manettes. De cette mince collaboration avec Litt, on ne trouve qu'un commentaire lapidaire de Armstrong : "It just didn't work out" ("ça ne fonctionnait tout simplement pas").


A l'été 2000, alors que l'enregistrement de Warning est quasi achevé, le trio annonce, à la surprise générale, intégrer le line-up du festival itinérant punk-rock Vans Wrapped Tour duquel Green Day est, de très loin, le nom le plus ronflant.
Symbole du peu de crédit que le groupe accorde à ses nouvelles compositions : aucun titre du nouvel album ne sera joué sur cette tournée. Vingt ans plus tard, Armstrong justifiait ce choix et la participation à ce festival de manière lucide : "back then we were a fans' band". Comprenez par là que Green Day ne jouait plus que pour contenter ses fans les plus fidèles : ceux restés arque boutés au trio malgré les vents contraires qui poussaient les californiens bien loin des courants favorables de l'époque.


L'institution Green Day est pareille à un navire à la dérive et ses trois marins appellent à l'aide en s'époumonant sur les chœurs de "Fashion Victim" avant d'échouer, au sens propre comme au figuré, sur le titre "Castaway" ("Naufragé" en français). Un morceau caricatural composé au gré d'une basse balourde et d'un refrain téléphoné au possible dont le texte ne saurait mieux retranscrire la situation du trio : "I'm on a mission in a destination unknown. An expedition onto a desolation road" ("Je suis en mission vers une destination inconnue". "Une expédition sur la route de la désolation").
Pourtant l'embarcation que forme la sixième production des américains tangue bien moins que ne le laisse croire les apparences. Armstrong partage sa science de la mélodie efficiente marquée des accentuations vénéneuses de son phrasé sur "Fashion Victim" quand le palm-mute de la guitare sur le couplet "Deadbeat Holiday" partage la frénésie des meilleurs morceaux entendus trois ans plus tôt sur Nimrod.
Le disque contient le single plébiscité "Minority" qui, dès sa parution officielle, deviendra un incontournable des shows du groupe. Un morceau symbolique en forme d'hymne au message que Green Day cherche à transmettre à ses auditeurs : la fierté qui conduit à assumer sa personnalité surtout si celle-ci va à l'encontre des normes affichées par la société. Une parabole appuyée par ces lignes : "One light, one mind flashing in the dark blinded by the silence of a thousand broken hearts". ("Une lumière, un principe illuminant l'obscurité aveuglé par le silence de milliers de coeurs brisés"). Un titre charnière dans la carrière du groupe, encadré au sein de l'album par le percutant et accrocheur "Waiting" d'un côté et la balade "Macy's Day Parade" de l'autre. Cette dernière démontre à nouveau tout le talent de son interprète dans ce registre. Le morceau de clôture du disque nourri du mélange de sa musicalité mélancolique et du ton désinvolte du chant aurait mérité de côtoyer les mêmes éloges que ceux reçus par son aïeul "Good Riddance (Time Of Your Life)" présent sur l'effort précédent.
Au milieu des émanations acoustiques et des émulations plus communes de Green Day, Warning joue également quelques cartouches qui portent le sceau de l'innovation. L'exemple le plus flagrant se trouve sur "Misery" dont les airs d'insolation attrapée dans le désert mexicain en font le titre le plus atypique, et non moins intéressant, de toute la discographie des californiens. On trouve enfin dans "Blood, Sex and Booze" les premières inspirations du style garage. Ce registre qui habille si superbement les compositions du trio de Berkeley dans lequel le groupe se replongera régulièrement, et de manière toujours probante, par la suite. Un morceau qui contient cette anecdote savoureuse : afin d'appuyer encore plus le texte sur les violences adressées aux hommes, le batteur Trè Cool convie dans le studio deux dominatrices que l'on entend, en prélude du morceau, mettre une fessée à l'ingénieur du son présent ce jour-là.


A l'occasion du vingtième anniversaire de Warning, Billie Joe Armstrong résumera ce disque à : "a sense of freedom". "Un sentiment de liberté" qui ne trouvera jamais les faveurs des critiques et radios de l'époque et seulement très partiellement celles des inconditionnels du groupe. L'année suivant la sortie de Warning, Green Day publie successivement le Best-Of International Superhits et un recueil de B-Sides (Shenanigans) dans l'indifférence la plus totale.
Comble de ce désintérêt général, Green Day se voit contraint d'intégrer une nouvelle tournée itinérante : le Pop Disaster Tour qui voit le groupe jouer en première partie de … Blink 182. Malgré les critiques qui font prévaloir l'aisance et le talent naturel de Billie Joe, Mike et Trè sur scène en comparaison à Blink, cette relégation semble avoir profondément marqué Green Day qui disparait complètement des radars l'année suivante.


Le ciel de l'anonymat ne marque pourtant pas la fin pour les californiens qui, en 2003, se relancent dans l'écriture d'un nouvel album qui se veut comme un prolongement plus abouti de Warning. Mais ce projet intitulé Cigarettes And Valentines ne verra jamais le jour. En effet, le groupe arrive un matin au studio et découvre que toutes les bandes d'enregistrements ont été dérobées. Green Day fera alors le choix du labeur : celui de repartir d'une feuille blanche. Une décision qui va au-delà du terme "payant" et dont naîtra American Idiot, succès planétaire, qui verra le groupe de Billie Joe Armstrong retrouver la place dont on les avait si injustement fait tomber quatre ans auparavant.  


A écouter: "Blood Sex And Booze" ; "Waiting" ; "Macy's Day Parade"

Commentaires
Unmembre, le 06/12/2019 à 09:00
Incontournable.Je regrette le semi-échec de l'album. Les meilleures chansons de l'album: -Warning et son air blues-punk -Blood,Sex and Booze -Waiting et sa montée en puissance du refrain -Minority qui reste très punk malgré le couplet Je ne mets pas de 5 étoiles à cause de Misery qui est juste minable et Macy's Day Parade,bonne mais sans plus.